«Ce n'est plus possible» Des manifestations partout en France contre les violences faites aux femmes

ch

23.11.2024 - 23:44

Elles réclament un «sursaut» et une «loi-cadre intégrale». Comme à Berne, en France, de Paris à Marseille, des milliers de personnes ont défilé samedi pour réclamer un «sursaut» contre les violences faites aux femmes.

Cette mobilisation contre toutes les formes de violences se tient cette année en France dans un contexte particulier, en plein procès d'une cinquantaine d'hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari à Mazan, petite ville du sud de la France.
Cette mobilisation contre toutes les formes de violences se tient cette année en France dans un contexte particulier, en plein procès d'une cinquantaine d'hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari à Mazan, petite ville du sud de la France.
KEYSTONE

«Plus on est, plus on sera visible, c'est l'affaire de tous, pas que des femmes», lance Peggy Plou, élue locale du centre de la France interrogée à Paris au sein d'un cortège de plusieurs milliers de personnes – 80'000 selon les organisateurs, 12'500 selon les autorités.

Ces manifestations colorées de violet ont rassemblé dans toute la France au moins 20'000 personnes selon les chiffres des préfectures, les organisateurs revendiquant 100'000 participants au niveau national.

A Marseille dans le sud de la France, quelque 800 personnes, selon les autorités, dont de nombreux jeunes, se sont rassemblées sur le Vieux-Port pour dénoncer les violences sexistes. «Brisons la loi du silence, la honte change de camp» ou «Non, c'est non», pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants ou posées au sol.

«Ce n'est plus possible»

«Je me sens concerné, on a tous un rôle à jouer, les hommes en particulier», explique Arnaud Garcette, 38 ans, qui travaille dans l'aide au développement. «On est à la source du problème et à la source des solutions aussi», ajoute celui qui est venu en famille, avec ses deux enfants.

«Ma tante a été assassinée par son ex-compagnon il y a 25 ans dans ce qu'on appelait à l'époque un crime passionnel. Ce n'est plus possible!», indique Sophie Régnier Carbonnell, 52 ans, à Toulouse (sud-ouest) où la préfecture a recensé 950 manifestants et l'association NousToustes31 entre trois et quatre fois plus.

Ces manifestations ont eu lieu deux jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, lundi. A Berne, plusieurs milliers de personnes se sont réunies.

Affaire Mazan

Cette mobilisation contre toutes les formes de violences (sexuelles, physiques, psychologiques, économiques...) se tient cette année en France dans un contexte particulier, en plein procès d'une cinquantaine d'hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari à Mazan, petite ville du sud de la France.

Ce procès à l'écho international, où démarre à partir de lundi le réquisitoire prévu pour durer trois jours, «montre que la culture du viol est ancrée dans la société, comme la violence envers les femmes», a souligné Amandine Cormier, de l'organisation Grève féministe, lors d'une conférence de presse mercredi à Paris.

«La violence patriarcale s'exerce partout, dans les maisons, sur les lieux de travail, les lieux d'études, dans la rue, dans les transports, dans les établissements de soins, absolument partout dans la société», a-t-elle ajouté. L'appel à la mobilisation a été signé par plus de 400 organisations et des personnalités, dont la chanteuse Angèle ou encore l'actrice et réalisatrice Judith Godrèche.

Législation «incomplète»

«Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires et en baisse, l'action politique est quasi-inexistante», déplorent les signataires, qui appellent à un «véritable sursaut».

En novembre 2017, quelques mois après son accession à la présidence française, Emmanuel Macron avait déclaré l'égalité entre les femmes et les hommes «grande cause du quinquennat», avec pour «premier pilier» la lutte «pour l'élimination complète des violences faites aux femmes».

Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été mis en place ainsi que des téléphones grave danger et des bracelets anti-rapprochement notamment. Des mesures saluées par les associations de défense des droits des femmes qui les jugent toutefois insuffisantes.

Elles réclament un budget total de 2,6 milliards d'euros par an et une «loi-cadre intégrale» pour remplacer une législation actuelle qu'elles jugent «morcelée et incomplète». Début novembre, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes Salima Saa a promis qu'elle annoncerait «des mesures concrètes et efficaces» pour le 25 novembre.

Ces mesures viseront entre autres à «améliorer les dispositifs» pour aller à la rencontre des victimes notamment en milieu rural et à renforcer «l'accueil et de la prise en charge des victimes, a-t-elle précisé.

ch