Menottes, cage, punitions...Un couple suisse devant la justice pour avoir réduit deux femmes en esclavage
Lea Oetiker
10.9.2024
Un procès glaçant s'ouvre la semaine prochaine à Andelfingen (ZH). Un couple zurichois est accusé d'avoir transformé leur domicile en véritable enfer, en réduisant deux jeunes femmes en esclavage.
10.09.2024, 20:03
10.09.2024, 20:22
Lea Oetiker
Le procès de ce couple zurichois, accusé d'avoir exploité deux jeunes femmes comme «esclaves domestiques», débutera la semaine prochaine. L'accusation affirme que les conditions de vie imposées aux victimes étaient d’une cruauté inhumaine.
Selon l'acte d'accusation, l’homme, âgé de 46 ans et originaire de la région de Winterthur, manifestait des penchants sadiques prononcés. Il ne se contentait pas des jeux de rôles sado-masochistes consentis avec des partenaires BDSM, souhaitant au contraire exercer un contrôle total sur les femmes, les attachant et les enfermant dans une cage contre leur gré.
Six jours sur sept, 24 heures sur 24
L'homme avait attiré, par le biais d'Internet, une jeune Philippine de 22 ans et une Brésilienne de 30 ans chez lui, avec la complicité de sa femme de 32 ans, elle-même Philippine. Il leur avait promis une formation professionnelle, mais l'école mentionnée était en réalité fictive.
La première victime, âgée de 22 ans, a été retenue captive dans la maison de juillet 2018 à avril 2019.
Pendant près de dix mois, la jeune femme a dû travailler sans relâche, six jours sur sept et 24 heures sur 24, pour seulement 800 francs par mois. Durant ses moments de «liberté», l’homme l'enfermait dans une cage sombre de deux mètres carrés, surveillée par caméra, avec une porte en barres de métal et un seau pour toilettes.
Des récompenses et des punitions
Mais ce n'est pas tout : la victime était quotidiennement menottée aux mains et aux pieds, contrainte de porter un collier en cuir relié à des chaînes qui limitaient ses mouvements. L'accusé justifiait ces pratiques en prétendant qu'elles faisaient partie du règlement de l'école.
La jeune femme subissait également des «examens», et en cas d'échec, elle était punie, souvent attachée ou contrainte de porter des gants très serrés. Si elle réussissait, elle était récompensée par des sorties au restaurant ou au zoo. Après dix mois d’enfer, elle a finalement réussi à s’échapper.
Des photos pour la séduire
En 2019, l'homme a de nouveau recruté une jeune femme, cette fois-ci une Brésilienne de 30 ans. Elle avait été attirée en Suisse avec la promesse de cours de langue allemande de haut niveau.
Sous le pseudonyme de «Gustav Wohlenweber», l'accusé envoyait à ses victimes des photos d'une luxueuse maison avec piscine. Toutefois, pour cette nouvelle victime, l'horreur a commencé à la fin de juin et s'est terminée à la mi-juillet 2019, lorsque la police l’a libérée à la suite d'une plainte déposée par la première Philippine.
16'000 francs de dommages et intérêts
Le procès contre ce couple se tiendra les 17 et 18 septembre. Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs d'accusation, notamment séquestration multiple, traite d'êtres humains pour exploitation, falsification de documents, ainsi que diverses infractions au droit du travail et des étrangers.
Le ministère public a requis une peine de 36 mois de prison, dont neuf fermes, pour l'accusé principal. Ayant déjà passé cinq mois en détention provisoire, il ne devrait purger que quatre mois supplémentaires. Une thérapie lui a également été imposée. De plus, le «maître de maison» a versé 16'000 francs de dommages et intérêts aux deux victimes.
L'épouse, qui assurait la surveillance des «esclaves», est elle aussi poursuivie. Elle risque une peine de 10 mois de prison avec sursis pour complicité de séquestration, et sera expulsée du pays pour une durée de cinq ans. Le jugement sera rendu le 18 septembre.