2000 fragments retrouvés Chute de météorite dans le canton de Berne: les recherches se poursuivent

mare, ats

15.9.2024 - 13:16

Il y a 175'000 ans, une météorite s'écrasait au Mont-Sujet, sur les hauteurs du Plateau de Diesse (BE). De nouvelles recherches se sont déroulées la semaine dernière, alors que 2000 fragments de cette météorite, nommée «Twannberg», ont déjà été retrouvés.

C'est la découverte d'une agricultrice du coin, ayant mis la main en 1984 sur un fragment de 16 kilos à la Montagne de Douanne, qui a initié les recherches. Depuis, celles-ci se poursuivent régulièrement, comme la semaine dernière où une quinzaine de chercheurs ont parcouru la zone.

«Ça devient de plus en plus difficile d'en trouver», reconnaît Beda Hofmann, directeur du Département des sciences de la terre au Musée d'histoire naturelle de Berne. «La plupart des météorites qui pouvaient être découvertes facilement ont été trouvées. Mais il y a encore quelques endroits, comme la vallée des Prés-d'Orvin, que l'on a moins sondés et où ça reste très intéressant de chercher», relève-t-il, interrogé par Keystone-ATS.

Les fragments de «Twannberg» couvrent une zone d'environ 6 kilomètres sur 2, dans un endroit très apprécié des promeneurs pour la vue plongeante qu'il offre sur le lac de Bienne et le Seeland.

Selon Beda Hofmann, il n'est toutefois pas certain que la météorite – qui pesait au moins 250 tonnes, mais dont une part importante s'est diluée lors de la chute – se soit abattue précisément sur le Mont-Sujet. Elle a probablement été transportée sur quelques kilomètres par le glacier du Rhône, qui recouvrait une bonne partie du plateau suisse lors de l'avant-dernière glaciation.

A cette époque, le Mont-Sujet surplombait la surface du glacier. «Cela explique le fait que les météorites aient été déposées le long de la montagne», estime le scientifique. Certains fragments ont aussi été retrouvés dans les gorges de Douanne, quelques kilomètres en contrebas.

Une équipe de passionnés

Pour mener les recherches, le Musée d'histoire naturelle de Berne peut compter sur quelques passionnés, qui étaient environ une quinzaine la semaine dernière sur le Mont-Sujet. «C'est un travail que le Musée ne pourrait pas faire à lui seul», note Beda Hofmann.

«Les membres du groupe ont des profils extrêmement variés. Ils sont animés par la passion de chercher et la fascination de trouver quelque chose d'extraterrestre», explique-t-il.

Ce travail requiert patience et persévérance. «Il me faut en moyenne 30 heures de recherche pour trouver une météorite», reconnaît-il. Pour des chercheurs qui exercent en général seuls, ces six jours en groupe s'avèrent très précieux. «Cela permet de se voir, de discuter, mais aussi d'échanger sur la manière de procéder», note-t-il.

Une météorite rare

Si «Twannberg» suscite un important intérêt de la part du monde scientifique, c'est principalement en raison de sa rareté. Cinq météorites de ce type, «fer IIG», ont été recensées dans le monde, et celle du Mont-Sujet est la seule de Suisse, indique Beda Hofmann.

Les météorites offrent par ailleurs une multitude d'informations sur des corps célestes, qui ne seraient accessibles qu'en générant de grands efforts et des coûts considérables.

En 2016, le Musée d'histoire naturelle de Berne a consacré une première exposition à la météorite du Mont-Sujet. Il propose aussi une exposition permanente permettant d'en apprendre davantage sur «Twannberg». Certaines pièces sont également visibles depuis 2018 au Musée d'histoire naturelle de Fribourg.

Pas d'afflux de visiteurs

Fascinantes pour les chercheurs et les passionnés d'espace, les météorites peinent toutefois à vraiment intéresser le grand public. «Il y a toujours un certain intérêt parce que c'est quelque chose de spécial. Mais ça ne passionne pas le grand public au sens large», concède Beda Hofmann.

Secrétaire communal de Plateau de Diesse, Daniel Hanser ne constate pas non plus un afflux de visiteurs dans la région depuis la découverte des fragments de la météorite: «Chaque coup de projecteur braqué sur notre commune concourt sans doute à sa notoriété et, par ricochet, engage vraisemblablement quelques curieux à gagner notre région. Mais prétendre que la découverte des météorites a augmenté la fréquentation touristique du Plateau de Diesse serait un peu péremptoire», estime-t-il.

Une «orpheline» oubliée

«Twannberg» n'est pas la seule météorite à s'être abattue sur le Plateau de Diesse. Une seconde, plus petite et baptisée «Mont-Sujet», a également été découverte en septembre 2016. Elle pèse 66 grammes. Mais ce petit astéroïde n'a pas suscité le même intérêt que «Twannberg».

«Cette météorite étant totalement différente des autres fragments, elle provient forcément d'une autre chute», explique Beda Hofmann, directeur du Département des sciences de la terre au Musée d’histoire naturelle de Berne.

«C'est parce qu'on a énormément fouillé le secteur qu'on l'a trouvée. Donc s'il y avait eu plus de météorites comme celle-ci au Mont-Sujet, on l'aurait remarqué», relève-t-il.

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