Réseaux sociauxSur X, départs et résistance s'organisent: une plateforme «toxique»?
ATS
20.1.2025 - 22:58
Médias, mairies, institutions... A l'image du journal Le Monde, les annonces de départ du réseau social X se multiplient lundi, jour de l'investiture de Donald Trump, pour dénoncer la «toxicité» de la plateforme d'Elon Musk, mais des personnalités affirment aussi y rester pour défendre leurs idées.
Keystone-SDA
20.01.2025, 22:58
21.01.2025, 06:52
ATS
Il rejoint ainsi une kyrielle d'autres médias, français (Ouest France, Sud Ouest, Mediapart, La Voix du Nord et le Nouvel Obs) comme étrangers (les quotidiens britannique The Guardian et espagnol La Vanguardia), qui ont fait le choix d'arrêter le partager de leur contenu sur X.
Pour autant, la plupart de ceux qui partent conservent leur compte pour éviter qu'il ne soit usurpé par d'autres. Mais ils ne vont plus partager de contenu sur la plateforme, ni interagir avec les autres utilisateurs.
L'Académie des Sciences ou encore l'éditeur Gallimard ont également annoncé suspendre lundi leurs activités sur X, rejoignant plus de 80 associations, dont La Ligue des droits de l'Homme et Emmaüs, qui ont dénoncé dès la semaine dernière «l'absence de modération et le paramétrage des algorithmes» qui «favorisent la prolifération des contenus haineux» sur cette plateforme.
Plusieurs villes françaises, comme Paris, Rennes, Bordeaux et Lyon, ont également fait état de leur départ du réseau.
Ne pas «laisser le terrain»
Si plusieurs personnalités politiques comme la députée Sandrine Rousseau et le sénateur Yannick Jadot ont rejoint le mouvement, la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a pris le parti de rester sur X, faute d'un «départ collectif et massif» des personnalités politiques, a-t-elle expliqué.
L'ensemble des députés socialistes et apparentés ont ainsi annoncé ouvrir un compte sur Bluesky, un autre réseau social plébiscité par les détracteurs de X, sans pour autant quitter la plateforme d'Elon Musk.
Les députés LFI souhaitent, eux, y rester pour «la défense de (leurs) idées» et ne pas «laisser le terrain» à d'autres, ont-ils fait savoir dans un communiqué.
Transfert organisé
De son côté, l'eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann a appelé sur Sud radio à «un départ organisé», afin «d'amener le maximum de gens à partir de X», citant le mouvement «HelloQuitteX».
Montée par un collectif français et pilotée par une petite équipe de développeurs coordonnée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), cette application permet aux utilisateurs de transférer leurs abonnés et abonnements de X vers les réseaux Bluesky ou Mastodon, jugés «plus compatibles avec la vie privée et la liberté d'expression» par ses créateurs.
«Ce n'est pas un appel au boycott de X mais à explorer des nouveaux espaces numériques», a assuré lundi à l'AFP David Chavalarias, mathématicien au CNRS à l'origine du concept.
Selon lui, plusieurs milliers de comptes sont passés par «HelloQuitteX» et «plus de 20 millions de connexions» issues de X ont été reconstituées.
«Ca s'accélère et ça s'internationalise», s'est également réjoui l'auteur du livre «Toxic Data: comment les réseaux manipulent des opinions», qui estime que «X est devenu très dangereux pour les individus et pour la démocratie. Ce réseau n'est plus neutre, il est incompatible avec un débat public sain».
Coïncidence avec Trump
Ce n'est pas le premier mouvement de départs que connait l'ancien Twitter: plusieurs vagues de migrations numériques ont déjà eu lieu, notamment après son rachat en 2022 par Elon Musk, puis à l'issue de la réélection de Donald Trump en novembre.
Si la date de son investiture a été choisie, c'est aussi pour marquer le lien entre les deux milliardaires, Trump ayant nommé Musk à la tête d'un ministère de «l'efficacité gouvernementale».
Ces dernières semaines, sur son propre réseau social, Elon Musk s'en est pris à de nombreux dirigeants européens, dont le social-démocrate allemand Olaf Scholz et le travailliste britannique Keir Starmer, et a soutenu ouvertement des partis d'extrême droite, comme l'allemand AfD.
Face aux accusations de propager de fausses informations et de ne pas allouer suffisamment de moyens pour modérer les échanges, Elon Musk défend une vision radicale de la liberté d'expression et rejette toute forme de censure.