Grandsonnaz (VD) Oppositions déposées contre le projet éolien de la Grandsonnaz (VD)

beke, ats

8.12.2021 - 16:13

Le parc éolien de la Grandsonnaz (VD) prévoit la construction de quinze machines d'une hauteur maximale de 150 mètres (photo prétexte).
Le parc éolien de la Grandsonnaz (VD) prévoit la construction de quinze machines d'une hauteur maximale de 150 mètres (photo prétexte).
ATS

Plusieurs organisations de protection de la nature et du paysage ainsi qu'une association locale de citoyens ont fait opposition contre le projet de parc éolien de la Grandsonnaz (VD). Elles jugent son impact «inacceptable» au vu de la production d'énergie attendue.

Les oppositions sont dirigées contre un plan d'affectation valant permis de construire, explique mercredi un communiqué conjoint de Pro Natura Vaud, Paysage Libre Vaud et l'association citoyenne Vol au Vent. Elles font front commun avec Helvetia Nostra, Birdlife Suisse et la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage.

La mise à l'enquête s'est terminée le 6 décembre, dans les quatre communes vaudoises concernées, à savoir Bullet, Fiez, Fontaines-sur-Grandson et Mauborget. Le projet prévoit un parc de 15 machines de 150 mètres de hauteur au maximum, sur les crêtes du Jura vaudois, entre le Chasseron (VD) et le Creux-du-Van (NE). Il est porté par les Services industriels de Genève (SIG) et Ennova, entreprise spécialisée dans l'éolien détenue à 100% par les SIG.

Les organisations considèrent que le parc dégraderait «significativement» le paysage, dans un secteur qui figure à l'inventaire cantonal des monuments naturels et des sites. «La visibilité des éoliennes s'étendrait sur une large portion du plateau ainsi que le Val-de-Travers neuchâtelois», écrivent-elles.

Oiseaux menacés

Elles critiquent en outre l'ampleur de l'intervention prévue, qui comprend la création de 15 kilomètres de routes d'accès et le défrichement définitif de 60'000 m2 de pâturages boisés, en plus de 120'000 m2 de défrichements temporaires. Autre grief majeur: les conséquences sur la faune ailée. Plusieurs espèces d'oiseaux et de chauves-souris apparaissant sur la liste rouge des espèces menacées fréquentent les environs, dont le grand tétras.

Il est aussi reproché aux porteurs de projet de n'avoir pas évalué les impacts cumulés avec deux autres parcs éoliens envisagés à proximité (Provence et Grandevent). Enfin, se basant sur l'Atlas des vents de la Confédération, les adversaires des hélices jugent que le site «ne présente pas des conditions de vent particulièrement intéressantes et ne s'impose donc pas pour un projet éolien».

Sur le site Internet du projet, Ennova annonce une production de 85 à 95 GWh par an, soit l'équivalent de la consommation de 24'000 ménages. Ce chiffre est mis en doute par les opposants. Selon leurs calculs réalisés avec l'aide d'un physicien, ils arrivent à 70 GWh, lit-on dans le document d'opposition. De plus, le facteur de charge (rapport entre énergie effectivement produite et énergie maximale pouvant être produite) est en dessous de la moyenne suisse, pointent-ils.

La coalition, qui avait déjà déposé une pétition contre ce projet en 2018, dit «regretter que l’Etat de Vaud l'ait maintenu dans la planification cantonale éolienne, alors même que son impact paysager et ses incidences sur plusieurs espèces protégées étaient connus de longue date».

Bien que «pleinement conscientes» des enjeux liés à la transition énergétique, les organisations estiment que celle-ci «ne saurait justifier sans conditions des impacts aussi massifs sur le paysage et la faune». Et de rappeler que le Tribunal fédéral a récemment confirmé que la protection d'espèces menacées devait dans certains cas l'emporter sur l'intérêt de la production d'électricité renouvelable, en lien avec le projet éolien de Grenchenberg (SO).

Conciliation demandée

Les oppositions ont été adressées aux quatre communes concernées ainsi qu'à l'Inspection fédérale des installations à courant fort. Les signataires demandent à être entendus dans le cadre d'une séance de conciliation. «Jusqu'ici, c'est un dialogue de sourds», a déclaré à Keystone-ATS Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage Libre Vaud. «Nous ne parlons pas le même langage.»

Contactée, la Direction générale de l'environnement du canton de Vaud a répondu ne pas vouloir faire de commentaires pour l'instant. «La mise à l'enquête publique vient de s'achever. L'ensemble des oppositions déposées va maintenant être traité par les autorités communales concernées. Nous ne sommes à ce stade pas en mesure de préciser le délai prévu par les communes», a indiqué le porte-parole Denis Rychner. L'entreprise Ennova ne pouvait pas être jointe mercredi.

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