Raisons du soulèvementLe Sri Lanka fait face à sa pire crise économique depuis 1948
ATS
9.7.2022 - 20:46
Le Sri Lanka, dont le président a fui samedi son palais pris d'assaut par des manifestants, est secoué par des protestations et de violents affrontements depuis trois mois, sur fond de grave crise économique.
09.07.2022, 20:46
ATS
Cette île d'Asie du Sud de 22 millions d'habitants est confrontée à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948, subissant des pénuries d'essence, d'électricité et une inflation record.
Les attentats islamistes de Pâques 2019, puis la pandémie de Covid-19 ont asséché les réserves de devises étrangères pourvues par les revenus du tourisme et les transferts de fonds de la diaspora.
Nuit de violences
Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, des centaines de manifestants tentent de prendre d'assaut la résidence du président Gotabaya Rajapaksa à Colombo et réclament sa démission.
Le 1er avril, les manifestations s'étendent au pays, le président proclame l'état d'urgence.
Le 2, un couvre-feu de 36 heures est instauré, bravé par des centaines de manifestants. Déploiement de l'armée en soutien des forces de l'ordre.
Démissions en cascade
Le 3, démission du gouvernement à l'exception du Premier ministre Mahinda Rajapaksa, frère aîné du président.
Le 4, levée du couvre-feu. L'opposition rejette l'invitation du président à former un gouvernement d'union nationale. Démission du gouverneur de la Banque centrale.
- Le président perd sa majorité -
Le 5, le président Rajapaksa perd sa majorité au Parlement, la coalition au pouvoir Podujana Party ayant subi une série de défections.
Manifestation record à Colombo
Le 9, des dizaines de milliers de personnes manifestent à Colombo contre le président, à l'appel des réseaux sociaux et des Eglises anglicane et catholique, rejoints par le patronat.
Des milliers de protestataires commencent à camper devant le bureau présidentiel.
Défaut de paiement
Le 12, le pays, à court de devises, fait défaut sur le remboursement de sa dette extérieure de 51 milliards de dollars, déclarant qu'il s'agit de son «dernier recours» pour importer les produits essentiels.
Nouveau gouvernement
Le 18, nouveau gouvernement. Le président écarte deux de ses frères et un neveu, mais conserve son frère aîné comme Premier ministre.
- Premier mort dans les manifestations -
Le 19, la police tue un homme, premier mort depuis le début des protestations.
Le 20, le Fonds monétaire international, avec lequel le Sri Lanka a entamé des discussions pour obtenir une aide de trois à quatre mds de dollars, demande au gouvernement de «restructurer» la colossale dette extérieure avant toute finalisation d'un programme de renflouement.
Grèves générales
Le 28 avril, puis le 6 mai, des grèves générales paralysent le pays.
Le président réimpose l'état d'urgence.
Le 9 mai, le Premier ministre démissionne après de violentes attaques de ses partisans contre les manifestants (9 morts et plus de 225 blessés, selon la police).
Le 10, l'armée exfiltre l'ex-Premier ministre de sa résidence à Colombo, menacée par les manifestants.
L'ONU dénonce l'escalade de la violence et appelle l'armée à «faire preuve de retenue». Le ministère de la Défense donne l'"ordre de tirer à vue».
Le 12, le président nomme Ranil Wickremesinghe nouveau Premier ministre en vue d'un gouvernement d'union.
Couvre-feu levé le 15, à l'occasion d'une importante fête bouddhiste.
Privé d'essence
À court de dollars, le gouvernement s'avoue incapable mi-mai de payer des cargaisons de pétrole russe. La livraison intervient finalement le 28 mai.
Les pénuries d'essence entraînent de longues files d'attente. En six mois, le prix du diesel a grimpé de 230%, celui de l'essence de 137%.
Le 31, annonce de fortes hausses des taxes et impôts.
Le 3 juin, le gouvernement, qui craint une famine, réclame l'aide de l'ONU, qui promet un plan d'urgence.
Des soldats ouvrent le feu
Le 18, des soldats ouvrent pour la première fois le feu pour contenir une émeute (7 blessés).
Le 27, les ventes de carburants sont suspendues pour deux semaines, excepté dans les secteurs essentiels comme la santé.
Fin juin, le PIB enregistre une chute de 1,6% au premier trimestre. L'inflation atteint 54,6% en juin, nouveau record.
Président en fuite
Le 9 juillet, le président Rajapaksa fuit son palais pris d'assaut par des centaines de manifestants. Selon le président du Parlement, il démissionnera «le 13 juillet» pour «assurer une transition pacifique».
Le Premier ministre se dit lui prêt à démissionner pour laisser la place à un gouvernement d'union nationale. Des manifestants prennent d'assaut sa résidence avant de l'incendier.