«Les Trois Mousquetaires: Milady», 2ème volet du blockbuster français signé Martin Bourboulon après «D'Artagnan», sort en salles ce mercredi 13 décembre. Pour l'occasion, blue News a rencontré Vincent Cassel, qui incarne le personnage d'Athos dans le film.
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11.12.2023
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«Les Trois Mousquetaires», c'est un monument de la littérature, il y a eu plus d'une trentaine d'adaptations au cinéma: arriver après tout ça et devoir incarner Athos, ça met une petite pression?
Franchement, non. Moi je ne pense pas à ça. Et puis ça faisait plus de 60 ans que ça n'avait pas été fait par des Français, francophones, en France. Alors que c'est une oeuvre 100% française. Donc il y avait une certaine fierté de reprendre un peu le flambeau de tout ça et d'en faire une version qui ne soit pas américaine.
Ce personnage d'Atos, c'est un personnage qui n'est pas lisse, il a plein de failles, il a des démons aussi. Qu'est-ce que vous avez voulu y insuffler de vous? Comment vous avez travaillé votre jeu?
Secrets, noirceur et coeurs fêlés
Pathé Films
Après le premier volet des «Trois Mousquetaires», axé sur le personnage de D'Artagnan, les héros inspirés du chef-d'oeuvre de Dumas reviennent. Cette fois-ci, c'est l'obscure Milady de Winter qui va être au coeur de l'intrigue. Pour retrouver la belle Constance Bonacieux enlevée sous ses yeux, D'Artagnan va devoir pactiser avec cette diablesse de Milady. À moins qu'il ne s'agisse simplement d'une femme blessée au plus profond de son âme... De leur côté, Athos, Porthos et Aramis rejoignent le front, car le conflit gronde entre la France et l'Angleterre.
Je n'ai pas l'habitude d'insuffler quoi que ce soit de moi dans les personnages, mais disons qu'en les jouant je me sers de ce que je suis en tant que personne. Alors il y a plein de choses qu'on peut voir chez cet homme, plein de remords, plein de choses non résolues. C'est un personnage très excitant à jouer, justement parce qu'il n'est pas lisse et parce qu'il est dramatique.
C'est un personnage aussi dont le cœur est blessé. Ce 2ème volet tourne autour de Milady de Winter. On voit que c'est un peu son talon d'Achille....
Il ne faut pas spoiler quoi que ce soit! Mais il y a une bonne partie de l'intrigue qui se passe là. On a mis en place dans le premier opus une bande de mousquetaires. On a installé l'environnement religieux et politique de l'époque. c'est un peu le film de la résolution, des résolutions en fait. Donc effectivement tout d'un coup il y a beaucoup de choses qui apparaissent et dont le fameux mystère qui hante Athos.
Qui dit mousquetaire dit aussi combat et forcément scènes de combat. J'ai vu que vous aimiez la capoeira, est-ce que ça aide pour ces scènes-là?
J'ai envie de vous dire que tout ce qu'on peut faire physiquement, c'est comme les langues. Plus on apprend de langues, plus on peut en apprendre une nouvelle facilement. Je fais partie des gens qui pensent que si on apprend à faire de la boxe, du kung fu, de la capoeira, du fleuret, du katana, c'est une histoire de mouvements, de maniements, d'objets, de la danse classique, etc...
Donc en fait, tout sert. La capoeira, c'est basé sur l'improvisation. On a les pieds en l'air, la tête en bas. C'est une manière d'apprendre un petit peu de son corps en rythme, en regardant, en s'adaptant à ce qui se passe en face de soi. C'est de toute façon quelque chose qui est très bénéfique, que je conseillerais à tous les jeunes.
Vincent Cassel: «On ne peut pas tirer la gueule toute la journée!»
En marge de la sortie en salle du blockbuster français «Les Trois Mousquetaires: Milady», blue News a rencontré Vincent Cassel, qui incarne le personnage d'Athos dans le film.
11.12.2023
Et vous avez pris aussi des cours d'escrime?
Oui absolument, moi je faisais même de l'escrime quand j'étais enfant à l'école, je faisais de l'épée et je faisais des championnats et tout, mais ça faisait très longtemps que je n'en ai pas refait. Puis après vous savez, de film en film, on fait du cheval, on fait de l'épée, des fois c'est des mousquetaires, des fois ce ne sont pas les mêmes armes: je pense à ce film où je faisais un chevalier...
En fait, on apprend le maniement d'armes, etc... J'ai l'impression que c'est comme si on se construisait une espèce de base de données. Et finalement, à chaque fois qu'on arrive sur un nouveau film, tout ce qu'on a fait avant sert.
Là, on est dans une espèce de chorégraphie avec des scènes qu'on n'arrête pas en cours de route, je parle toujours des scènes de combat...
Une des particularités des scènes de combat de ces deux films, c'est que le metteur en scène tenait absolument à les tourner en plan-séquence. Donc un seul plan qui couvre toute la séquence. Tout d'un coup le plan commence, et il y a une tour qui explose, des morceaux de pierre qui tombent, il y a un mec qui saute, il arrive, il se bat avec quelqu'un, ça fait basculer la carriole, le mec tombe en roulade arrière, il évite un coup de couteau, et ensuite la caméra suit. C'est-à-dire qu'il n'y a aucun moment où il faut que ça s'arrête. Et donc ça met une adrénaline.
Alors, évidemment, il n'y a pas de scène d'action réussie si quelqu'un se fait mal. C'est un peu une sorte de règle, ça. Il faut que ça ait l'air violent, il faut que ça ait l'air dangereux, mais il est hors de question qu'on se fasse mal. Et donc, il y a cette espèce de truc où tout d'un coup, on est tous impliqués sur des fois des scènes qui durent 7 minutes, c'est très long, et où ça doit partir à cheval, etc... Donc c'est très excitant à tourner. Et ça donne cette impression de réalisme, parce qu'on se dit, mais à quel moment ils coupent? Et en fait, ils ne coupent pas.
Vous avez eu peur de vous faire mal à un moment ou de faire mal à quelqu'un d'autre?
Alors évidemment, on a des épées qui ne sont pas en acier mais en aluminium, donc elles sont plus légères. Elles ne sont pas coupantes, elles sont moins pointues, mais ça reste quand même un bout de métal. Et en l'occurrence, moi, je ne me suis pas fait mal sur celui-là, ça m'est arrivé dans d'autres films. Mais je sais qu'un jour, j'ai fait mal à un cascadeur.
On s'excuse dans ces cas-là?
Oui, bien sûr, on s'excuse, parce que ça n'a pas lieu d'arriver, en fait. Mais c'est l'accident. Et encore, c'est un accident moindre, mais des fois il y a des accidents où on peut se faire vraiment mal. Il ne faut jamais l'oublier sur un film. Dès qu'il y a des chevaux, des armes, des explosifs et tout... Il n'y a aucune situation qui est sans risque en fait. Il faut faire gaffe.
Je vais essayer de ne pas spoiler cette fois-ci, on va reparler de Milady, qui est incarnée par Eva Green dans le film, j'ai vu quelque part que vous disiez: «si j'étais une actrice j'aimerais être Eva Green», est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi?
Alors, je la connaissais pas, je l'ai rencontrée au cours d'une série que j'ai tournée avec elle pour Apple, juste avant Les Mousquetaires. De toute façon j'aimais beaucoup ce qu'elle faisait à l'image depuis toujours. Mais au-delà de ça, c'est-à-dire... On ne sait jamais ce qui va se passer avec elle. Elle se lance dans les séquences, ce n'est pas quelqu'un qui va parler, elle n'intellectualise pas les choses.
Et quand on la regarde jouer, on se dit qu'elle a tout compris. Et elle se lance, elle a de l'humour, elle ne se prend pas au sérieux, elle prend des risques. Elle a presque une espèce de folie. Je me reconnais en elle. Peut-être pas avec la même dextérité, ce n'est pas à moi de le dire. Mais dans sa manière d'aborder les choses, je me suis reconnu.
Ce deuxième volet des trois mousquetaires est relativement sombre, un peu mystérieux, un peu dramatique. Ca contraste avec l'ambiance du tournage et aussi celle de l'équipe, avec vos camarades de jeu?
Oui, vous savez, quand on a un tournage aussi long -150 jours de tournage- on ne peut pas tirer la gueule toute la journée, ce n'est pas possible! Et puis on était tous très heureux de travailler ensemble. Je pense à François Civil, à Pio Marmaï, Eva Green, Louis Garel, Romain Duris... On était très contents de se retrouver. Et puis tout d'un coup on est là, on s'habille, on monte sur des chevaux, on a des trucs à faire. C'est très jouissif, tout ça.
Effectivement il y a quelque chose de très crépusculaire par moments dans cette époque et dans ce qui arrive aux personnages, mais on ne le vit pas comme ça, nous. Vous savez, il y a des très grands drames qui se tournent dans la rigolade. On n'a pas besoin de pleurer sur le plateau pour que la scène soit triste. En fait, l'histoire, elle est racontée par la mise en scène, par ce qui se passe entre «action» et «coupez». Entre les prises, il faut se détendre.
Jouer dans un film d'époque comme ça, c'est un peu comme redevenir enfant, se prendre au jeu?
Mais de toute façon, être acteur c'est ne pas perdre sa part d'enfance. D'ailleurs on dit: «jouer à la comédie». Il n'y a qu'à voir, les enfants, des fois, sont extrêmement mous, comme ça, vous voyez, ils passent du drame au rire, ils ne se posent pas de questions. Et en fait il y a quelque chose dans la souplesse de l'acteur, je crois, qui tient à ça. C'est pour ça que tout ce qui pourrait s'apparenter à de la souffrance, à de la réflexion, j'ai l'impression que ça n'a pas vraiment sa place sur un plateau de cinéma. C'est-à-dire qu'on est là à un moment et en fait, ce n'est plus le moment de se poser des questions.
Il faut vivre ces instants, sans se juger, sans filets, et de manière très ludique, même sur des choses qui peuvent être dramatiques. Et en fait, j'ai l'impression que c'est là, finalement, où on se révèle le plus. Des choses de soi, des accidents et des choses qui ne sont pas écrites, en fait, qui ont lieu. Si on se surprend soi-même, on surprend les autres.
Le premier volet du film a très bien marché. C'est parmi les meilleurs entrées de l'année 2023. Est-ce que vous pensez que ça annonce une suite?
En fait Dumas a écrit trois romans sur les mousquetaires: D'Artagnan et Milady, c'est tiré du premier roman. Donc, dans l'absolu, il en resterait encore deux à traiter si c'était possible. Je pense que si le deuxième marche, on en fera sûrement un troisième.
Le cas échéant, vous signez?
Ah oui, pour moi, de retrouver toute cette bande et de faire partie d'un film aussi ambitieux, français, que les gens vont voir et tout, c'est fantastique. Je ne pense pas qu'il faille faire que ça. Je ne ferais pas que des films de mousquetaires jusqu'à la fin de ma vie. Mais si c'est un rendez-vous que je peux retrouver encore une fois, oui avec plaisir.