«On n’est pas là pour...» Mylène Farmer dans un «Bambi» qui défraie la chronique

AFP

11.10.2024

Mylène Farmer prête sa voix à une nouvelle version de «Bambi», en salles mercredi. Son tournage, dans une forêt française, rouvre le débat sur la place des animaux au cinéma.

Mylène Farmer prête sa voix à une nouvelle version de «Bambi».
Mylène Farmer prête sa voix à une nouvelle version de «Bambi».
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Ce «Bambi» n'a pas grand chose à voir avec le dessin animé de Disney, si ce n'est son personnage principal, le jeune faon qui perd sa mère, victime d'horribles chasseurs.

Le film qui sort mercredi s'appuie sur le même récit, écrit dans les années 1920 par Felix Salten, et qui avait inspiré Walt Disney. Mais avec l'idée de revenir aux sources, une mise en scène très dépouillée, à la lisière du documentaire animalier.

Face à «Transformers: le commencement» et «Le Robot Sauvage», les grosses machines américaines qui se disputeront le jeune public pendant les vacances scolaires, ce «Bambi», qui avance au rythme lent des saisons, fait figure d'outsider.

«Je le présente comme un conte, j'ai laissé mon émotion plonger dans cette vie dans les bois», a raconté à l'AFP son réalisateur Michel Fessler, l'un des hommes derrière le carton de «La marche de l'empereur», il y a 20 ans.

«J'ai essayé de retrouver dans +Bambi+ mon émerveillement d'enfant de 12 ans en train de découvrir la forêt», dont les couleurs et les bruits sont mis à l'honneur tout au long du film. Il est bercé par la voix de Mylène Farmer, star de la chanson française aux millions d'aficionados, «très émue par Bambi et qui a dit oui tout de suite», précise M. Fessler.

Contemplatif, ce «Bambi» de 01H17 a nécessité pas moins de 16 semaines de tournage dans un parc forestier animalier spécialisé.

«J'ai choisi d'être proche des animaux, d'être avec eux», explique Michel Fessler, qui a passé près de trois mois sur un storyboard dessiné pour imaginer le film, avant de tout adapter «en fonction de ce que l'on peut faire avec l'animal».

«Nous avons travaillé avec des spécialistes des animaux» et filmé au total trois faons «dans la forêt qui est leur terrain de jeu». «Ce film s'est fait dans la grâce et le bonheur», assure-t-il.

«Une belle histoire»

Des conditions de tournage qui ne suffisent pas à convaincre l'association animaliste Paris Animaux Zoopolis (PAZ).

Sans échanger au préalable avec l'équipe de «Bambi» et sans informations précises sur les conditions de tournage, PAZ est opposée par principe à «l'utilisation d'animaux sauvages captifs et dressés» au cinéma, et a saisi l'opportunité de la sortie du film pour faire entendre sa voix sur ce sujet, qui commence à peine à se poser dans le monde du 7e art.

«On n'est pas là pour négocier la taille des enclos ou des cages», explique à l'AFP Amandine Sansivens, qui juge inacceptable que «de véritables animaux sauvages soient placés en captivité toute leur vie» chez des dresseurs, aient été utilisés pour «Bambi», ode à la nature sauvage.

«Les dresseurs racontent une belle histoire, mais nous on considère que rien ne justifie la captivité d'animaux» qui ont de très importants besoins en terme de relations sociales et de territoire, ajoute la responsable de cette petite association qui s'est déjà battue contre la présence d'animaux dans les cirques ou les spectacles.

De la publicité au cinéma, de nombreux animaux sont utilisés sur des tournages, plusieurs dresseurs spécialisés offrant leurs services aux réalisateurs en France. A ce jour, aucune législation spécifique n'encadre le recours à des animaux sur les tournages, ce que PAZ entend faire changer.

En juin une étude de l'ARA, un syndicat français de réalisateurs, appelait à «travailler autrement» avec les animaux au cinéma, relatant des témoignages sur des animaux enfermés dans des cages inadaptées, l'utilisation de tranquillisants, etc.

Une partie de l'industrie se tourne vers les effets spéciaux et les images numériques pour ne pas utiliser de vrais animaux, à l'image du très attendu nouvel opus du «Roi Lion», «Mufasa», superproduction Disney en salles pour Noël.