Sortie ciné: «Sauvages» Claude Barras: «La modernité nous coupe de nos racines»

Valérie Passello

15.10.2024

Huit ans après «Ma vie de Courgette», le nouveau film d'animation Claude Barras: «Sauvages», sort dans les salles ce mercredi 16 octobre. On y découvre l'histoire d'une petite fille qui recueille un bébé orang-outang dans la forêt de Bornéo, menacée par les exploitants d'huile de palme. Pour blue News, le réalisateur valaisan lève un coin du voile.

Claude Barras présente son nouveau film d'animation: «Sauvages»

Claude Barras présente son nouveau film d'animation: «Sauvages»

Huit ans après «Ma vie de Courgette», le nouveau film d'animation Claude Barras: «Sauvages», sort dans les salles ce mercredi 16 octobre. Pour blue News, le réalisateur valaisan lève un coin du voile.

15.10.2024

Valérie Passello

Pour Claude Barras, créer un film, c'est toute une aventure. Et c'est une aventure qui prend du temps et qui mobilise beaucoup de monde. Pas moins de 8 années se sont écoulées depuis son premier film, «Ma vie de Courgette». Pour «Sauvages», le réalisateur valaisan a remis l'ouvrage sur le métier il y a maintenant 6 ans.  

blue News a vu le film pour vous
FRENETIC FILMS

Kéria vit à Bornéo avec son père, qui travaille dans une plantation. Un jour, la petite fille recueille un bébé orang-outang, Oshi, dont la mère a été abattue par les exploitants d'huile de palme.  Comme Kéria a elle aussi perdu sa maman, le lien se noue instantanément. Mais l'arrivée de son cousin Selaï va venir bouleverser le quotidien de la fillette. Elle va le suivre en forêt et en apprendre davantage sur elle-même et sur ses racines. Un film poétique et sensible, qui s'adresse aux enfants avec un langage complètement adapté, sans les prendre de haut. Claude Barras y aborde sujet de la déforestation et oppose modernité et nature, sans juger, mais en invitant le public à se questionner. Notre note: 9/10

Il faut dire qu'il travaille en «stop-motion», une technique similaire à celle des dessins animés, mais avec des marionnettes. C'est-à-dire que les petits personnages imaginés par Claudes Barras sont filmés image par image, à raison de douze fois par seconde: un travail colossal. Sans compter la réalisation de 17 décors différents, montés spécialement à Martigny en Valais, pour le tournage. «Mis bout à bout, en tenant compte de toutes les étapes, 332 personnes ont travaillé sur le film», relate le réalisateur.   

Mais pourquoi avoir choisi de narrer aux petits et grands spectateurs une histoire qui se déroule au coeur de la forêt tropicale de Bornéo?

Pour trois raisons, énumère Claude Barras: «J'ai cherché un endroit du monde où la nature et la modernité se rencontrent de manière très directe. Je connaissais aussi Bornéo à travers Bruno Manser, un activiste suisse qui est parti vivre là-bas et qui a essayé d'alerter sur la déforestation dans les années 1980, quand j'étais adolescent».

Enfin, les orangs-outangs ont aussi une grande importance à ses yeux: «Parce que depuis ma tendre enfance, je suis fasciné et que je trouve que ce sont de bons ambassadeurs pour faire réfléchir à notre rapport à la nature et pour emmener les enfants dans la forêt.»

La nature en péril, la déforestation au profit de l'industrie de l'huile de palme, la perte de racines: des thèmes qui préoccupent Claude Barras?  «Qu'on habite ici ou à l'autre bout du monde, on est tous devenus modernes durant les cinquante dernières années. La modernité nous coupe de nos racines et des savoirs-faire ancestraux», répond le réalisateur.

Avant d'ajouter: «On se jette dans la technique et dans l'accélération de la consommation parce qu'on nous dit qu'on va moins travailler, qu'il y aura plus de loisirs et qu'on sera plus en sécurité... Je remets ça en doute et je ne suis pas le seul. Non qu'il faille tout jeter, mais je pense que c'est le bon moment pour se poser des questions sur ce qu'on veut faire de notre monde».

Claude Barras souhaite évidemment que «Sauvages» ait une trajectoire aussi belle que son précédent film: «J'essaie de faire mon travail du mieux que je peux avec mes équipes et le résultat, après, il appartient au public. Bien sûr que c'est ainsi que je gagne ma vie, mais j'espère que ce sera le public le plus large possible, parce que si je fais ce travail, c'est surtout pour transmettre des idées et des valeurs».  

Retrouvez cette interview aussi sur blue Zoom!