Des photos osées au soulagement. Le livre sur la reine d’Espagne laisse le pays de marbre

Emilio Rappold, dpa

13.3.2018

L’ex-mari de la reine Letizia vient de publier un roman autobiographique, qui laisse l’Espagne de marbre. La famille royale peut enfin pousser un soupir de soulagement. En effet, l’auteur règle avant tout ses comptes avec la presse à scandale.

En Espagne, elle est souvent considérée comme renfrognée, pourtant, lors d’un rendez-vous à Madrid vendredi, Letizia était absolument rayonnante. Les personnes présentes et les médias l’ont immédiatement remarqué: «La reine n’a jamais eu l’air aussi détendue», peut-on lire dans le journal en ligne «El Nacional». La bonne humeur de cette maman de 45 ans avait-elle quelque chose à voir avec un quelconque soulagement?

En effet, quelques heures à peine avant son rendez-vous au Palais de la Zarzuela, un roman autobiographique signé par le premier mari de Letizia, Alonso Guerrero, arrivait dans les rayons. Mais les révélations tant redoutées de l’homme qui a gardé le silence pendant des années après sa longue relation avec la future «Reina de España» dans les années 90 n’ont pas eu lieu.

Intitulé «El Amor de Penny Robinson» (L’amour de Penny Robinson) le livre est inspiré de faits réels, comme le soulignent l’auteur et la maison d’édition Berenice. Si Guerrero apparaît sous son vrai nom sur 206 pages, tous les autres personnages principaux apparaissent sous des noms fictifs. Pas nécessairement facile à lire, l’histoire est truffée de symboles et de métaphores. La majeure partie du texte est laissée à l’interprétation. «Le lecteur doit lire entre les lignes», déclarait récemment l’auteur au journal «El Mundo» dans une de ses rares interviews.

Y a-t-il des photos de Letizia nue?

A première vue, pas de révélations croustillantes, une histoire un peu compliquée, un auteur plutôt discret. Compte-tenu de ces éléments, il n’est pas étonnant que le livre laisse une majorité d’Espagnols de marbre. Jusqu’à présent, la presse à scandale et les émissions de télévision, qui ont pour habitude de ne pas quitter des yeux les têtes couronnées qui entourent le roi Felipe VI, ont à peine mentionné la parution de l’ouvrage. A la FNAC, au centre de Madrid, le roman n’a pas vraiment attiré l’attention malgré un placement bien en vue ce week-end. «Jusqu’à présent, nous n’avons vendu que quelques exemplaires», a déclaré un salarié de la chaîne de magasins à l’agence de presse allemande (DPA).

Selon les médias, le livre écrit «dans le plus grand respect» contiendrait toutefois quelques passages explosifs. A la page 37, par exemple, l’auteur laisse entendre - comme peut l’interpréter n’importe quel média espagnol fiable – qu’il a photographié Letizia («Laura» dans le livre) nue au lit à deux reprises. «J’ai appuyé sur le retardateur et je me suis mis à côté d’elle pour la photo, nu comme un ver, moi aussi, écrit Guerrero. Dans une interview du journal «El Mundo», le journaliste s’entretient avec l’auteur: «En lisant ces lignes, je ne serai certainement pas le seul à penser que vous avez pris deux photos osées de Laura, donc de la reine.» Guerrero ne confirme pas, mais ne démentit pas non plus. «Je l’ai écrit sans aucune arrière-pensée», se contentera-t-il de répondre.

Elle a eu de la chance: dans le livre de son ex-mari censé contenir des révélations croustillantes, il n’y a presque rien qui puisse embarrasser la reine Letizia.
Elle a eu de la chance: dans le livre de son ex-mari censé contenir des révélations croustillantes, il n’y a presque rien qui puisse embarrasser la reine Letizia.
Keystone

Règlement de compte avec les médias

A travers ce livre, l’auteur ne cherche pas à «régler ses comptes» avec Letizia ni à «trahir la famille royale», comme les médias l’ont jugé à la hâte en amont. L’auteur évoque avant tout ses propres fantômes, ses problèmes et ses états d’âme – et règle ses comptes avec les médias et les paparazzis. Après l’annonce des fiançailles de Felipe avec la journaliste de télévision Letizia Ortiz Rocasolano en 2003, ils ont visiblement fait de sa vie un enfer. Ils l’ont épié pendant des mois et sont même allés jusqu’à fouiller ses poubelles. Il compare les paparazzis à des «employés de fourrière avec leur lasso de capture à la ceinture».

Mais qui est Alonso Guerrero? Comme il l’a confié dans une interview accordée au journal «El Mundo», l’écrivain, qui est également professeur d’espagnol et de littérature, a rencontré Letizia en 1989 au lycée Ramiro de Maeztu à Madrid. A l’époque, la future reine était âgée de 16 ou 17 ans. Son professeur, qui enseigne toujours aujourd’hui mais dans un autre établissement, avait environ dix ans de plus qu’elle. Ils ont vécu en couple pendant une dizaine d’années avant de se marier civilement en 1998. Le mariage n’a duré qu’un an. Guerrero est resté dans «l’anonymat» pendant cinq ans, jusqu’aux fiançailles de Felipe et Letizia. «On m’a proposé 300 000 euros pour une photo de mariage. Mais non, jamais. Mon silence m’appartient», a déclaré l’homme de 55 ans au journal «El Mundo».

Une carrière entravée?

Selon l’éditeur, le roman a pour thème la «transformation d’un homme à la vie paisible en figure médiatique». «Sous prétexte qu’il avait été marié à la femme qui allait devenir reine d’Espagne, l’homme a été persécuté par la presse à scandale, qui voulait lui arracher non seulement des histoires, mais aussi des morceaux de sa propre personne». L’auteur décrit «tout ce qu’il a vécu à l’époque et surtout, comment il l’a vécu». Il voulait offrir «une œuvre littéraire à ceux qui cherchent autre chose que de simples histoires».

Pour Guerrero, la persécution des médias et l’agitation autour de Letizia sont responsables du fait que sa carrière d’écrivain n’a jamais vraiment décollé malgré 15 publications. Même avec ce dernier livre, l’auteur n’a aujourd’hui plus aucun espoir de percer sur le plan littéraire. «Tu es mort», lui dit quelqu’un dans le livre.

Letizia, qui a épousé Felipe en 2004 et qui est devenue reine dix ans plus tard avec l’accession au trône de son mari, peut donc dormir sur ses deux oreilles et retrouver le sourire. Côté publications, elle a déjà dû endurer un certain nombre de choses. Notamment en 2013, lorsque son cousin et ex-avocat David Rocasolano a écrit un livre intitulé «Adiós, Princesa», dans lequel il la décrit comme une femme «autoritaire» et «paranoïaque». Il y évoque également un avortement. Letizia et la famille royale n’ont jamais fait aucun commentaire à ce sujet.

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