Interview Babeth Etienne: Johnny Hallyday «avait une phobie de la solitude»

De Caroline Libbrecht / AllTheContent

2.12.2020

La deuxième épouse du Taulier prend la plume. Dans le livre «Je me souviens de nous» (HarperCollins), Babeth Etienne raconte sa folle histoire d’amour avec Johnny Hallyday. Trois années intenses trop souvent réduites à deux mois de mariage… Rencontre.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Johnny Hallyday?

Je l’ai rencontré, à la fin des années 1970, dans une boîte de nuit qui s’appelait L’Elysée-Matignon, où les gens du spectacle se retrouvaient. Il y avait un restaurant en haut, un piano qui sortait du sol, on pouvait boire un verre. Ce soir-là, on m’a présenté Johnny. Je ne m’y attendais pas. Je l’ai trouvé très gentleman, prévenant, un peu timide… Et incroyablement charismatique!

«Ma mère, très catholique, n’avait absolument pas apprécié.»

A l’époque, vous n’aviez que 22 ans. Connaissiez-vous Johnny Hallyday à travers ses chansons?

Je suivais la vie des chanteurs par le biais des magazines «Salut les Copains» et «Mademoiselle Age Tendre». Une de mes soeurs avait acheté un disque de Johnny Hallyday, ce qui n’avait pas plu à ma mère. Une des chansons s’appelait «Jésus-Christ est un hippie». Ma mère, très catholique, n’avait absolument pas apprécié.

Ensuite, quand et comment avez-vous revu Johnny Hallyday?

On s’est recroisé de façon amicale, jusqu’au jour où il a tenté de reprendre contact avec moi, mais je n’étais plus à Paris. Je voyageais énormément avec mon métier de mannequin. A l’époque, il n’y avait pas de téléphone portable. J’ai eu à peine le temps de rentrer à Paris qu’on m’a annoncé que Johnny m’attendait à l’aéroport du Bourget pour décoller. Je me suis retrouvée à Londres. Pendant cinq jours, il m’a fait découvrir plein de lieux et de restaurants. Dans la foulée, nous sommes partis en Ecosse.

Est-ce en Ecosse que votre idylle a débuté?

Deux mains qui se tiennent, des épaules qui se frôlent, des rires qui éclatent… Tout cela a fini par un baiser. C’est là que notre histoire a commencé. Johnny n’avait aucune envie de rentrer à Paris. Nous voilà partis vers les eaux bleues des Bahamas, où nous sommes restés quelques jours aussi.

«A chaque fois, j’avais droit à des scènes incroyables.»

A quel moment vous êtes-vous installés ensemble?

De retour à Paris, Johnny a décidé de chercher un appartement pour nous deux. Très vite, on a emmenagé ensemble dans un appartement avenue Foch, à Paris. A l’époque, Johnny avait 36 ans et il venait de se séparer de Sylvie Vartan, après 15 ans de mariage. On était heureux de se retrouver dans cet appartement, avec une histoire extraordinaire qui commençait.

Comment était Johnny Hallyday au quotidien?

Il adorait cuisiner. Il avait aussi une passion pour les vieux films et pour les films d’horreur. Entre Johnny et moi, c’était passionnel, voire fusionnel, si bien qu’il ne supportait pas que je m’absente. Il n’aimait pas que je parte pour mon travail. A chaque fois, j’avais droit à des scènes incroyables. C’était difficile à vivre pour lui. Il avait une phobie de la solitude, il en avait sûrement souffert lors de sa jeunesse.

«Il parlait de fonder une famille, il voulait une fille.»

Voyait-il son fils, David?

Oui. Ils se voyaient de temps en temps, Johnny avait gardé de très bons rapports avec son fils et avec Sylvie Vartan. Je me souviens qu’ils avaient fêté un anniversaire ensemble. Personnellement, j’ai rencontré David une fois ou deux. Il était venu déjeuner chez nous. Il avait une dizaine d’années, c’était un jeune adolescent.

«Johnny était tellement endetté qu’il n’avait plus un centime.»

Le 1er décembre 1981, vous êtes devenue la deuxième épouse de Johnny Hallyday, lors d’un mariage célébré à Los Angeles. Quel souvenir en gardez-vous?

Après nos fiançailles, nous avons voyagé aux Seychelles. Puis, il y a eu le mariage aux Etats-Unis. C’était un mariage extraordinaire, en petit comité, entouré de ma famille et de quelques amis de Johnny. Ma mère était sûrement étonnée de cette union, mais elle n’a rien dit. Elle m’a laissée vivre mon histoire. J’étais bien décidée à la vivre complètement. Avec Johnny, j’étais prise dans un tourbillon. A ce moment-là, il parlait de fonder une famille, il voulait une fille. Il l’avait même évoqué dans une lettre écrite à ma mère… «J’ai hâte de te donner une petite-fille», lui avait-il écrit.

«Il était censé revenir quelques jours plus tard, il n’est jamais revenu.»

A cette période, Johnny traversait une période difficile…

Johnny était tellement endetté qu’il n’avait plus un centime. Il devait beaucoup d’argent au fisc. Il est venu vivre à Saint-Tropez, où je louais une maison pendant le tournage du film «Le Gendarme et les Gendarmettes». Je jouais une gendarmette, aux côtés de Louis de Funès et Michel Galabru. Les rôles se sont alors inversés: je travaillais, et il cuisinait, faisait les courses et m’attendait à la maison, où je le rejoignais après mon travail. Un jour, il est remonté à Paris pour une émission de télé. Il était censé revenir quelques jours plus tard, il n’est jamais revenu.

Comment avez-vous réagi?

Je me suis fait du souci, j’ai eu peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. On a eu une discussion, bien plus tard, à Paris. La rupture a été brutale pour moi. Je venais d’apprendre par la presse sa relation naissante avec Nathalie Baye. Cela a été un cataclysme pour moi. J’étais effondrée, je n’y croyais pas. Il avait déjà été infidèle, mais cette fois-là, c’était différent. Il m’a dit qu’il m’avait follement aimée, mais qu’il avait rencontré quelqu’un. Johnny avait sûrement besoin de plaire et de se rassurer, à ce moment-là. J’ai quitté sa vie comme j’y étais entrée, sur la pointe des pieds, sans scandale. Mais j’ai mis du temps à m’en remettre.

Dans le livre «Dans mes yeux» qu’il a co-écrit avec Amanda Sthers, en 2013, Johnny Hallyday dit de vous: «Elle est l’une des femmes les plus dignes de ma vie (…) Une fille trop gentille dans le corps d’une femme fatale». Comment avez-vous réagi en découvrant ces compliments?

Cela m’a terriblement émue, je ne m’y attendais pas du tout. Je n’ai tiré aucune gloire de notre histoire. J’en ai juste gardé des souvenirs extraordinaires. Plus tard, chacun a refait sa vie et on prenait du plaisir à se retrouver de temps en temps, à Paris ou à Saint-Tropez, pour se donner des nouvelles, en toute amitié. Jusqu’en 1994, on a continué à se voir, à se parler, à se soutenir, avec la même complicité. J’ai eu mon fils, je vivais entre la France et l’Allemagne, et lui a eu une fille, Laura. On n’oublie pas quelqu’un qu’on a follement aimé.



En 2017, auriez-vous aimé assister à ses obsèques?

Le jour de son décès, j’ai été très triste, surtout qu’au même moment, j’ai perdu le père de mon fils. Il est décédé le 11 décembre, le jour de l’enterrement de Johnny à Saint-Barthélemy. En l’espace de quelques jours, j’ai perdu les deux personnes qui ont compté énormément dans ma vie. Cela a été épouvantable. J’ai fait passer le message que j’aurais aimé rendre un dernier hommage à Johnny, mais je n’ai jamais eu de réponse de la part de son entourage. C’était une fin de non-recevoir.

Pourquoi avoir écrit ce livre de souvenirs?

J’ai eu envie de donner ma version. Mon histoire avec Johnny a trop souvent été réduite à deux mois de mariage, or c’était l’aboutissement de trois années d’une relation intense. J’ai décidé de partager ce que j’ai vécu avec lui et de lui rendre hommage, à ma façon.

Babeth, «Je me souviens de nous», paru en décembre 2020 (Ed. HarperCollins)
Babeth, «Je me souviens de nous», paru en décembre 2020 (Ed. HarperCollins)
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