A voir absolument « #SalePute », le documentaire qui claque

Elvire Küenzi

2.7.2021

Florence Hainaut et Myriam Leroy, deux journalistes belges, ont interviewé une dizaine de femmes victimes de cyberharcèlement. Un documentaire éclairant qui décrypte les dimensions sociologiques, juridiques et sociétales du phénomène. A voir absolument.

« #SalePute, c’est vraiment l’insulte la plus basique. Pourtant, elle est très violente. On se disait que la mettre en titre, c’était aussi une manière de confronter la société à ce qu’elle laisse proliférer », confient les documentaristes Florence Hainaut et Myriam Leroy sur le site de TV5 Monde.
«
#SalePute, c’est vraiment l’insulte la plus basique. Pourtant, elle est très violente. On se disait que la mettre en titre, c’était aussi une manière de confronter la société à ce qu’elle laisse proliférer », confient les documentaristes Florence Hainaut et Myriam Leroy sur le site de TV5 Monde.

Elvire Küenzi

Alors que je fais un tour sur Facebook il y a quelques jours, je remarque la publication d’une connaissance. Elle partage un lien qui mène sur le site d’Arte et, comme j’apprécie beaucoup le contenu de cette chaîne, je file y jeter un coup d’œil par curiosité.

Et me voilà embarquée dans le documentaire « #SalePute », incapable d’arrêter le visionnage tant les propos de ces femmes harcelées sur le Net sont sidérants.

D’après le constat dressé en 2017 par l’European Women’s Lobb, les femmes sont vingt-sept fois plus susceptibles que les hommes d’être harcelées via Internet et les réseaux sociaux.

Des témoignages glaçants

Deux journalistes belges, Florence Hainaut et Myriam Leroy, elles-mêmes victimes de ce fléau, ont voulu donner la parole à des femmes de cultures, d’âges et de professions différentes pour montrer l’ampleur du phénomène.

De Nadia Daam (journaliste notamment dans l’émission « 28 minutes » sur Arte) à Natascha Kampusch, en passant par l’humoriste Florence Mendez ou encore l’auteure Pauline Harmange, les témoignages sont glaçants et les possibilités d’obtenir justice en cas d’attaques, difficiles. En cause ? Une législation pratiquement inexistante et une jurisprudence encore à ses balbutiements.

« Tu devrais retourner dans la cave d’où tu viens et mourir »

Le tort de ces femmes ? Avoir pris la parole. Les conséquences ? Des mots violents, des menaces de mort ou de viol. Le documentaire commence par la lecture de certains messages et la brutalité de ces phrases donnent la chair de poule. « Tu devrais retourner dans la cave d’où tu viens et mourir » partage Natascha Kampusch. « Tu sais de quoi j’ai envie ? J’ai envie de te découper le ventre avec un couteau, de t’ouvrir l’abdomen et de sortir tes intestins. Tu hurleras de douleur. Ensuite, je te violerai et te tabasserai », poursuit Trisha Shetty, avocate et activiste. La jeune humoriste belge Florence Mendez raconte qu’après son passage à Montreux et le succès de sa vidéo, elle a été choquée par les commentaires qui fleurissaient sous son sketch. « J’ai envie de l’enculer à sec » n’était que l’un d’entre eux.

Autre exemple ? Celui de Nadia Daam qui, suite à une chronique de deux minutes à la radio, a subi, elle aussi, un déferlement de violence. Elle explique ce qu’elle a ressenti et l’impact que cet épisode a eu dans sa vie : « Et après tu vis l’enfer. Ta vie change, la vie de ta gamine change, ta vie professionnelle change, tu ne dormiras plus jamais pareil pour deux minutes ou tu dis un truc de bon sens pur ».

Les harceleurs

Protégés par leur écran, les harceleurs osent proférer des horreurs, avec pour seul but de museler ces femmes qui tiennent des propos qui leur déplaisent. Anna-Lena von Hodenberg, directrice d’une association allemande d’aide aux victimes de cyberharcèlement, témoigne : « Si nous continuons de tolérer que beaucoup de voix se fassent écarter de cet espace public [Internet, NDLR] et disparaissent, alors nous n’aurons plus de débat démocratique, il ne restera plus que les gens qui crient le plus fort ».

Sur Arte

Pour découvrir la totalité du documentaire, rendez-vous sur le site d’Arte :

Lien direct > Regarder le documentaire complet

Rédactrice pour différents journaux suisses, blogueuse et passionnée des mots, Elvire Küenzi adore les séries (elle est tombée dans le chaudron magique en regardant Sex and the City et n'en est jamais ressortie)! Elle écrit aussi des romans girly en mangeant des marshmallows et en sirotant des cocktails (avec modération, bien sûr).
Rédactrice pour différents journaux suisses, blogueuse et passionnée des mots, Elvire Küenzi adore les séries (elle est tombée dans le chaudron magique en regardant Sex and the City et n'en est jamais ressortie)! Elle écrit aussi des romans girly en mangeant des marshmallows et en sirotant des cocktails (avec modération, bien sûr).