«Violence gratuite» Trois ans de prison requis contre Yves Allegro

ATS

5.4.2022

Le Ministère public valaisan a requis mardi trois ans de prison contre Yves Allegro pour viol et contrainte sexuelle. L'ex-joueur de tennis professionnel comparaît devant le tribunal cantonal. L'audience se poursuit l'après-midi avec les plaidoiries de la défense.

Le ministère public a requis mardi trois ans de prison contre Yves Allegro (archive).
Le ministère public a requis mardi trois ans de prison contre Yves Allegro (archive).
Keystone

ATS

L'accusé a «enchaîné les actes sexuels sur la victime. Il a agi de manière brutale», a déclaré la procureure Corinne Caldelari. La «violence gratuite» déployée par le Valaisan a eu de «lourdes conséquences sur la victime», a-t-elle souligné.

Pour la procureure, ce qui s'est passé cette nuit-là dans une chambre d'hôtel à Tallinn (Estonie) n'est pas «un dérapage entre deux adultes consentants. L'accusé a contraint sexuellement la plaignante et l'a violée de manière particulièrement brutale et en toute connaissance de cause».

Le Ministère public a requis une peine privative de liberté de trois ans, soit une année de moins que la peine requise lors du procès de première instance. La procureure a tenu compte de deux nouveaux éléments: les répercussions de la procédure sur l'activité professionnelle de l'accusé qui a quitté Swiss Tennis et l'écoulement du temps depuis les faits reprochés qui datent de 2014.

«Reconstituer le puzzle»

Pour le Ministère public, la peine prononcée par le tribunal d'arrondissement de Sierre en 2019 à l'encontre d'Yves Allegro - 24 mois de prison avec sursis de deux ans pour contrainte sexuelle - est «exagérément clémente». Il a d'ailleurs interjeté appel.

Il est convaincu que l'accusé s'est rendu coupable de contrainte sexuelle mais aussi de viol. «Les preuves au dossier sont sans appel», a asséné Corinne Caldelari. Les conclusions des rapports médicaux d'experts notamment montrent en substance que «la répartition et la localisation des blessures constatées sur la plaignante correspondent sans problème aux déclarations de celle-ci».

La plaignante ne se souvient pas si Yves Allegro l'a forcée à un rapport sexuel. Dans un tel cas, «le Ministère public doit examiner les éléments et reconstituer le puzzle», a rappelé la procureure. Et selon elle, les divers éléments montrent notamment que «le liquide séminal mis en évidence sur le slip de la victime s'est d'abord retrouvé dans son vagin avant de s'écouler et de se fixer sur le slip. L'accusé a donc bien introduit, à tout du moins partiellement son pénis dans le vagin de la victime».

Plaignante et accusé

La plaignante était présente à Sion, mais n'a pas assisté aux débats. En début d'audience, elle a répondu aux questions du président du tribunal Christian Zuber après qu'Yves Allegro a dû quitter la salle. Elle a confirmé ses dépositions antérieures, a indiqué ne pas avoir de souvenirs supplémentaires de la nuit en question et bénéficier d'une prise en charge thérapeutique, mais de manière plus espacée, pour des troubles liés à l'affaire.

Interrogé à son tour par le président du tribunal, Yves Allegro a également confirmé ses dépositions antérieures. «J'ai eu un black-out de sorte que je n'ai aucun souvenir. Mais pour moi c'est impossible, cela ne m'est jamais arrivé d'être violent. De plus, je n'ai pas l'alcool violent, au contraire. Pour moi, cette situation est inconcevable».

Soirée alcoolisée

Les faits reprochés au Valaisan remontent à octobre 2014, lors d'une réunion d'entraîneurs de Tennis Europe à Tallinn (Estonie). Selon l'acte d'accusation, les membres des délégations suisse et autrichienne se sont rendus dans un bar. Yves Allegro et la plaignante, tous deux alcoolisés, ont ensuite regagné une chambre de leur hôtel.

Le lendemain, ni l'un ni l'autre ne disent se souvenir de ce qui s'est passé durant la nuit. Ils échangent des SMS dans lesquels le Valaisan s'excuse notamment «pour cette nuit» et son comportement «pas digne d'un gentleman» et la plaignante s'étonne des bleus et autres marques qu'elle a sur le corps.