Trop sage pour ne pas parler en l'air, Roger Federer a ouvert le champ des spéculations lors de la soirée des Sports Awards à Zurich. Pour la première fois, celui qui a été consacré dimanche comme le plus grand sportif suisse de l'histoire a évoqué la possibilité de mettre un terme abrupt à sa carrière.
«J'espère qu'il y aura encore quelque chose pour moi l'an prochain. Mais si cela ne devait pas le faire, si ma carrière devait s'arrêter là, ce serait magnifique de la terminer avec cette récompense», a déclaré le Bâlois à l'heure de recevoir son trophée.
Avec cette phrase qu'il a très certainement mûrement réfléchie, Roger Federer laisse planer le doute. Sa demi-finale de l'an dernier face à Novak Djokovic à Melbourne n'a-t-elle pas été la dernière rencontre officielle de sa prodigieuse carrière ?
Un sparring-partner surprenant
Opéré à deux reprises au genou droit depuis lors, Roger Federer a avoué «ne pas être au niveau qu'il espérait». Il explique avoir repris une préparation physique poussée mais avoue toutefois n'avoir rejoué des sets à l'entraînement que dernièrement, et toujours en compagnie d'Ivo Heuberger.
Le Bâlois n'a donc pas fait appel comme à son habitude à un joueur du Circuit ou à un espoir comme sparring partner, pour jeter son dévolu sur le Saint-Gallois qui est âgé de 43 ans et dont l'ultime match dans les rangs professionnels remonte à 2008...
On le voit, le chemin est encore très long pour Roger Federer qui s'interdit bien de rêver à un retour aussi majestueux que celui de 2017, lorsqu'il avait conquis le titre à Melbourne après ses deux succès en cinq sets contre Stan Wawrinka et contre Rafael Nadal alors qu'il était resté six mois sur la touche. Même le report de trois semaines de l'Open d'Australie, qui devrait débuter le 8 février, ne change pas vraiment la donne.
«L'objectif est d'être prêt pour Wimbledon et pour les Jeux olympiques, explique-t-il. Que je puisse rejouer dans deux ou dans six mois ne fait pas une grande différence. Je dois regarder une étape après l'autre. Pour être d'attaque cet été.»
Roger Federer sait parfaitement que sa seule chance raisonnable de cueillir un 21e titre du Grand Chelem se situe à Wimbledon. Sur le gazon, il trouve les conditions idéales pour déployer son jeu. Alors qu'il a fait apparemment son deuil d'un septième succès à Melbourne depuis que les organisateurs ont pris la décision en 2019 de jouer avec de nouvelles balles plus lentes.
Cette année-là, il avait, alors qu'il était le tenant du titre, été éliminé par Stefanos Tsitsipas en huitième de finale. En janvier dernier, il n'a pas eu l'ombre d'un espoir face à Djkokovic qui l'a battu 7-6 6-4 6-3. Emoussé par sa folle remontada deux jours plus tôt contre Tennys Sandgren – il avait sauvé 7 balles de match face à l'Américain – et diminué par des douleurs aux adducteurs, le Bâlois savait que gagner cette demi-finale tenait du miracle absolu.
Tokyo: l'ultime occasion
Le Bâlois n'ignore pas, enfin, que le titre individuel aux Jeux est la seule grande victoire qui ne figure pas à son palmarès. Il entend ainsi s'offrir une ultime occasion – la cinquième après Sydney, Athènes, Pékin et Londres – de remporter un titre que Rafael Nadal, l'autre homme aux 20 victoires en Grand Chelem, a enlevé en 2008. Par ailleurs, le contrat mirifique qui le lie à son équipementier japonais lui interdit la moindre impasse sur ces Jeux de Tokyo.
Roger Federer entend se donner tous les moyens pour honorer ses deux rendez-vous majeurs avant sans doute le dernier en octobre à Bâle pour en quelque sorte boucler la boucle vingt-trois ans après son premier tour contre Andre Agassi.
A 40 ans, il sera alors de temps de mettre un terme à la dernière danse. Roger Federer espère seulement que l'état de son genou droit la lui accordera. «Tout sera plus simple si je peux simplement tenir à nouveau ma place sur un court», soufflait-il dimanche. Comme pour signifier que rien n'est encore gagné.
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