La presse écrite suisse, romande en particulier, consacre forcément ses Unes à la retraite de l'icône Roger Federer vendredi matin. «Irremplaçable», résume parfaitement La Liberté.
«Très grand Chelem», écrit le Temps. «Le Maître tire sa révérence», lâche Arcinfo, qui consacre ses six premières pages au Bâlois de 41 ans. «Tschüss», souffle le Journal du Jura. «Merci Maître», écrit pour sa part Le Nouvelliste, moins familier en la circonstance que la Basler Zeitung avec son «Danke, Roger!».
Le Nouvelliste est d'ailleurs particulièrement prolifique, avec pas moins de sept pages consacrées à la fin de carrière du plus grand sportif suisse – voire du monde – de tous les temps. La question de savoir s'il est bien le GOAT ("greatest of all time», plus grand de tous les temps), est d'ailleurs largement évoquée. «Der Grösste geht» (le plus grand s'en va), répond sobrement le Tagesanzeiger.
Le GOAT?
Laurent Kleisl plaide aussi en sa faveur dans le Journal du Jura, où l'on évoque forcément les années passées par Roger Federer au Centre national de Swiss Tennis à Bienne: «Aucun professionnel de la sueur n'a à ce point transformé sa discipline et influencé les autres. Pensée cauchemardesque, si Roger Federer n'avait pas existé, jamais Rafael Nadal et Novak Djokovic n'auraient atteint un tel degré de qualité.»
Le palmarès est une chose, l'aura en est une autre. «Les titres majeurs sont une chose (...) mais l'héritage du maestro suisse ne se mesure ni en trophées ni en dollars», écrit ainsi Pierre Salinas dans La Liberté. «Là où ses contemporains ont hissé le tennis à un sommet athlétique insoupçonné, Roger Federer, par l'élégance de ses gestes et la délicatesse de son toucher, l'a rendu facile – ce qui n'est pas le plus mince de ses exploits», souligne-t-il.
Un héritage
«Au départ à la retraite de Roger Federer, il subsiste l'œuvre du Maître. C'est le privilège de quelques sportifs rares, Jordan, Ali ou Zidane, d'avoir dépassé leurs bas instincts de compétiteur pour donner à leur carrière une dimension artistique, iconique (magique)», explique Christian Despont sur le site Watson.
Pour lui, subsistera «cet héritage inscrit au patrimoine affectif de l'humanité, tout ce que le Maître représente pour les générations futures. Pas un simple joueur. Pas un athlète. Pas même un champion. +Rodgeur+ est the artist.»
Laurent Favre, dans Le Temps, rappelle que «Roger Federer a changé son sport comme, sans doute, seul Björn Borg avant lui. Mais là où le Suédois proposait une vision ascétique de la performance, dure (...) Federer a donné une idée belle, simple et gracieuse de la compétition. Tout chez lui semblait facile, inné, évident.»
«Un proche»
Cette grâce, conjuguée à une humilité très helvétique, a aussi fait de lui l'icône de tout un pays, qui n'avait d'yeux que pour lui. «En investissant durant deux décennies nos dimanches de finale, nos espoirs, nos dîners de famille et tant d'autres recoins de notre vie, RF était devenu un être proche», souligne dans la Tribune de Genève et 24 Heures Mathieu Aeschmann.
«Si bien que parmi la pluie d'hommages globalisés, chacun, dans notre coin de pays, se sentait hier (réd: jeudi) en droit de lui rendre le sien; d'évoquer son +instant Federer+», poursuit le Genevois, qui a la particularité d'avoir côtoyé – et affronté – le Maître chez les juniors.
ats