Pat Cash «Nick Kyrgios a amené le tennis vers les pires bassesses»

ATS

5.7.2022 - 13:56

Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, Nick Kyrgios, qui disputera mercredi à Wimbledon contre Cristian Garin le troisième quart de finale en Grand Chelem de sa carrière, n'en a cure. L'enfant terrible du tennis australien a fini par accepter qui il était.

Kyrgios disputera son troisième quart de finale en Grand Chelem.
Kyrgios disputera son troisième quart de finale en Grand Chelem.
KEYSTONE

En 2014, il est un parfait inconnu de 19 ans lorsqu'il stupéfie le monde du tennis en battant Rafael Nadal, alors no 1 mondial, pour atteindre les quarts de finale de Wimbledon. S'il n'a pas vraiment confirmé depuis avec ses résultats, il s'est façonné l'image d'un joueur colérique et clivant, qui collectionne les amendes.

Au point d'éclipser son énorme talent et de laisser sans réponse la sempiternelle question de savoir s'il pourra enfin atteindre un jour son plein potentiel. «Nick est un joueur qui a un énorme talent et qui pourrait gagner des tournois majeurs ou se battre pour la place de no 1 au classement mondial», résume Nadal. «Ce n'est pas un mauvais gars, mais il manque de respect pour le public, son adversaire et lui-même», assure l'Espagnol.

Le Grec Stefanos Tsitsipas, que Kyrgios a battu au 3e tour à Wimbledon à l'issue d'un match houleux durant lequel l'Australien a notamment réclamé la disqualification de son adversaire, va plus loin: «C'est un tyran», affirme-t-il. Même son compatriote Pat Cash ne le supporte plus: «Avec lui, c'est un véritable cirque. Il a amené le tennis vers les pires bassesses en termes de fair-play, de tricherie, de manipulation, de violences verbales, de comportements agressifs envers les arbitres», a regretté Cash sur la BBC.

Famille royale

Andrew Bulley, lui, se souvient d'un tout autre Kyrgios: il était «petit, joufflu et énergique» lorsqu'il a commencé ses cours de tennis à quatre ans avec son frère et sa soeur aînés.

Il a toujours été meilleur que ses camarades, se souvient son premier entraîneur, mais «il n'avait rien de spécial». Jusqu'à ce qu'une poussée de croissance au début de l'adolescence fasse de Kyrgios un joueur de grande taille doté d'un service explosif, aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs dans ce secteur.

Alors que la plupart des enfants sous la conduite de Bulley s'entraînaient sagement, «Nick était toujours en train d'expérimenter, ce que vous pouvez voir quand il joue, il a toujours quatre ou cinq options prêtes à l'emploi». Mais il perdait aussi patience lors d'un exercice trop facile ou trop difficile.

En 2013, à l'âge de 18 ans, Kyrgios devaient numéro 1 mondial chez les juniors en remportant notamment le titre en simple à l'Open d'Australie, pour la plus grande joie de son père Giorgos, né en Grèce, et de sa mère Norlaila, une Malaisienne, qui insistent beaucoup sur la discipline et le travail.

Mais dans sa famille, il n'est pas le premier à sortir des sentiers battus: sa mère Norlaila est née au sein de la famille royale de l'état malais de Selangor, mais a renoncé à son titre lorsqu'elle s'est installée en Australie.

Pensées suicidaires

Depuis son avènement sur le circuit mondial, Nick Kyrgios, passionné de basket et supporter inconditionnel des Boston Celtics en NBA, n'a pas eu d'entraîneur. Et il ne semble toujours pas favorable à l'idée, préférant s'entourer d'amis et de sa petite amie du moment, un rôle longtemps tenu par la joueuse Ajla Tomljanovic, qualifiée elle-aussi pour les quarts de Wimbledon.

«Je ne pense tout simplement pas qu'un coach soit prêt pour moi et je veux lui épargner cela, car sinon ce serait un cauchemar», affirme le natif de Canberra. «Je n'aime pas écouter les conseils, pour être tout à fait honnête», résume-t-il.

Depuis ses débuts sur le circuit en 2013, Kyrgios, 40e mondial, n'a remporté que six titres, le dernier en 2019 à Washington, mais a déjà payé plus de 530'000 euros d'amendes pour des infractions telles que le manque d'effort lors d'un match, des raquettes fracassées, des crachats en direction des spectateurs et le jet d'une chaise sur le court.

Le signe d'un mal-être qui l'a poussé à avoir des pensées suicidaires, à s'être drogué et automutilé en 2019, avait-il révélé dans un message Instagram. «Je me regarde dans le miroir tous les jours, et je sais que je suis en paix avec moi-même», a-t-il plus récemment déclaré à ABC News.

«Je ne me soucie pas vraiment de ne pas gagner un Grand Chelem un jour (...) Je sais au fond de moi, et les gens qui m'entourent le savent, que je suis une bonne personne».

ATS