A l'issue d'une quinzaine où elle a assommé ses adversaires avec son jeu puissant et déterminé, Elena Rybakina a soulevé à Wimbledon son premier trophée du Grand Chelem. Elle offre, ainsi, au Kazakhstan, qu'elle représente depuis 2018, son premier titre majeur.
Dans un tournoi dont Russes et Bélarusses avaient été exclus en représailles à la guerre en Ukraine, c'est donc une joueuse de 23 ans, née, ayant grandi et résidant à Moscou qui s'est imposée en battant en finale la Tunisienne Ons Jabeur 3-6, 6-2, 6-2.
«J'étais super nerveuse avant le match, pendant le match, et je suis très contente que ce soit fini. Je n'ai jamais rien ressenti de tel», a confié Rybakina sans parvenir à exposer sa joie tout intérieure. Elle succède au palmarès à l'Australienne Ashleigh Barty qui a pris sa retraite en mars.
«Pour dire la vérité, je ne pensais pas atteindre la deuxième semaine d'un Grand Chelem à Wimbledon. Alors remporter le tournoi, c'est vraiment incroyable. Je n'ai pas les mots pour dire à quel point je suis heureuse», a ajouté la joueuse qui n'avait encore jamais dépassé les quarts de finale d'un tournoi du Grand Chelem (Roland-Garros 2021).
Contrairement à Jabeur, qui s'était préparée en en remportant le tournoi sur gazon de Berlin et qui par conséquent était sur une série de onze matches gagnés d'affilée sur cette surface, la préparation de Rybakina n'avait pas été optimum. Sa trajectoire ascendante en 2019 avait été brutalement interrompue par des mois marqués par le covid, les blessures et les pépins de santé. Et elle n'avait gagné qu'un match sur gazon, à Bois-le-Duc, en deux tournois préparatoires à Wimbledon.
«Elle est encore brute de décoffrage»
Mais du haut de son 1,84m, celle qui est désormais la plus jeune lauréate du Majeur sur gazon depuis la Tchèque Petra Kvitova en 2011 a fait pleuvoir les aces, tournoyer les coups gagnants et a renvoyé au vestiaire toutes ses adversaires. Y compris la championne 2019 et ex-no 1 mondiale Simona Halep.
Avant la finale, Rybakina avait marqué 144 coups gagnants et passé 49 aces en six matches. Dans une ultime rencontre où son service lui a joué des tours, elle a néanmoins ajouté 4 aces et 29 coups gagnants. «Elle a un tel potentiel... Elle est encore brute de décoffrage dans bien des domaines et nous avons un long processus devant nous», a commenté son coach Stefano Vukov à la BBC.
Jabeur : «Elena m'a volé mon titre»
Si la joie de Rybakina était très contenue, la joueuse n'ayant eu pour toute manifestation extérieure d'un bonheur extatique que quelques mouvements d'escalade pour monter dans la tribune embrasser ses proches, la déception de Jabeur était, elle, visiblement à la hauteur de ses espoirs.
«Elena m'a volé mon titre, mais ça va!», a tenté de plaisanter la Tunisienne, surnommée «la Ministre du Bonheur» dans son pays. Elle a cependant reconnu être «vraiment triste», d'autant qu'elle «essaye d'être une source d'inspiration pour des générations» en Tunisie.
Première joueuse arabe à atteindre les quarts de finale d'un Majeur, en 2020 en Australie, elle est la première du continent africain à avoir joué une finale de Grand Chelem dans l'ère professionnelle (depuis 1968). Et elle se voyait bien être la première à décrocher le titre suprême. Mais son jeu à l'ancienne, fait de variations, de slice, d'amorties, s'est fracassé sur le jeu moderne de Rybakina.
Seule ombre au tableau, la victoire ne rapportera aucun point de classement à Rybakina puisque la WTA, comme l'ATP pour les hommes, a décidé de ne pas en attribuer cette année, après le tournoi, suite à l'exclusion des joueurs et joueuses russes et bélarusses. Reste la gloire.
ATS