Battu lundi pour la première fois de sa carrière au 1er tour de Roland-Garros, Rafael Nadal était déçu. Mais pas abattu. «Je suis en paix», a-t-il affirmé.
Que retenez-vous de votre match?
«J'ai démontré que j'étais prêt pour plus qu'une défaite au premier tour. Mais c'est comme ça. Quand on n'est pas tête de série, on joue contre un joueur qui est en grande forme et qui est un des meilleurs joueurs au monde. La semaine a été positive, je me suis bien entraîné et physiquement, je me suis senti beaucoup mieux. Je n'ai ressenti aucun frein y compris durant le match d'aujourd'hui. Mais j'avais un adversaire très fort. Il a très bien joué et malgré tout, j'ai eu mes chances: j'ai servi pour le set dans la deuxième manche, j'ai eu un break d'avance dans la troisième... Je n'étais pas si loin. Si c'était la dernière fois que je jouais ici, je suis en paix avec moi-même. Pendant presque vingt ans, j'ai tout essayé pour être prêt pour ce tournoi. Et ces deux dernières années, j'ai traversé vraisemblablement les moments les plus difficiles de ma carrière avec le rêve de revenir jouer à Roland-Garros. Au moins, je l'ai fait.»
Dans quel état d'esprit êtes-vous pour la suite?
«Mon état d'esprit est programmé jusqu'aux Jeux olympiques (cet été). Ensuite, il faudra voir comment je me sens, où en est ma motivation, comment se comporte mon corps, et si continuer de jouer a du sens compte tenu de mon niveau. Aujourd'hui, je suis entré sur le court avec cet étrange sentiment de jouer un premier tour à Roland-Garros sans être le favori. Mais je suis entré sur le court avec l'idée de me battre, d'y mettre l'énergie nécessaire, en espérant que mon adversaire ne joue pas à son meilleur niveau. Moi, j'aurais difficilement pu mieux jouer aujourd'hui. Par rapport aux autres fois où je suis revenu de blessures, je n'étais jamais reparti d'aussi bas. Que ce soit en terme de performance physique, de confiance ou de douleur. Jusque-là, à chaque fois que je suis revenu, j'étais en bonne santé immédiatement, ce qui n'a pas été le cas cette fois. D'abord, j'ai eu cette grosse opération (du psoas en 2023). Ensuite, à Brisbane (en janvier dernier) j'ai eu une nouvelle petite déchirure au même endroit, ensuite j'ai eu un problème aux abdominaux, puis à la hanche... Il y a eu un moment où j'étais détruit psychologiquement, je n'avais plus d'énergie, je n'étais plus heureux. Je me suis alors dit qu'il fallait arrêter tout ça et quelques semaines avant Barcelone (en avril), j'ai senti qu'il y avait de grandes chances que je ne revienne jamais sur un court de tennis.»
Pensez-vous que vous auriez été prêt à rejouer demain s'il le fallait? Et pensez-vous être prêt à enchaîner les matches sans jour de repos aux JO?
«Je ne peux pas vous dire si je serai prêt ou non dans un mois et demi, parce que depuis deux ans, mon corps, c'est la jungle. Je me réveille un matin et c'est comme si un serpent me mordait. Un autre jour, c'est un tigre. Mais la dynamique de ces dernières semaines est positive, alors je me sentais prêt aujourd'hui. Je veux dire que je pense que demain, je serais capable de jouer de nouveau si je devais. Mais ce n'est pas le cas... Maintenant, j'ai besoin d'y voir clair pour décider de mon calendrier, pour essayer d'être prêt pour les JO qui sont maintenant mon objectif principal. Je dois me préparer comme il faut pour essayer d'y arriver en bonne forme physique. Et on verra.»
Qu'est-ce qui vous pousse à continuer encore?
«Le sentiment de rentrer à la maison avec la satisfaction personnelle d'avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir, d'avoir donné mon maximum. C'est pour ça que je ne dis pas que j'arrête ma carrière aujourd'hui: c'est pour ne pas avoir le sentiment, dans un an ou un an et demi, que je ne me suis pas donné une vraie chance, parce que juste au moment où j'aurais commencé à me sentir un peu mieux physiquement, j'aurais arrêté. Comme j'apprécie encore ce que je fais, et si je me sens suffisamment en bonne forme et compétitif, je veux continuer un moment. Je ne sais pas combien de temps. Parce que ma famille s'amuse, je m'amuse, et j'ai besoin de me donner un petit peu plus de temps pour voir si mon niveau grimpe et si mon corps tient. Donnez-moi jusqu'aux Jeux olympiques, et après on verra.»
ats