Rafael Nadal peut regarder Roger Federer droit dans les yeux. Le no 2 mondial a égalé le record du Bâlois en s'adjugeant avec la manière son 20e titre du Grand Chelem dimanche à Roland-Garros, où il a triomphé pour la 13e fois.
Le gaucher majorquin s'est imposé 6-0 6-2 7-5 en 2h41' en finale devant le no 1 mondial Novak Djokovic, qui en reste donc à 17 trophées majeurs. Il a en outre atteint dimanche la barre des 100 matches gagnés sur la terre battue parisienne, où il a triomphé de 2005 à 2008, de 2010 à 2014 puis de 2017 à 2020.
Impérial durant une quinzaine où l'on pensait que son lift ferait moins de dégâts en raison du froid et de l'humidité, Rafael Nadal triomphe pour la quatrième fois sans perdre le moindre set à Roland-Garros. Avec 100 victoires, il y a obtenu plus de 10% de ses... 999 succès décrochés sur le circuit!
Le Majorquin a d'ailleurs refusé d'évoquer le fait qu'il avait égalé Roger Federer au nombre de titres majeurs. «Gagner ici veut tout dire à mes yeux. J'ai vécu les moments les plus importants de ma carrière ici. Aujourd'hui, je ne veux penser qu'à Roland-Garros, et pas à ces 20 titres du Grand Chelem», a-t-il lâché sur le court.
A 10 longueurs début 2010
Battu deux fois Porte d'Auteuil (8e de finale 2009 face à Robin Söderling, quart de finale 2015 face à Novak Djokovic) où il a en outre déclaré forfait avant son 3e tour en 2016, Rafael Nadal a néanmoins bien fini par rattraper Roger Federer. Il a conquis quatre titres majeurs depuis le 20e fêté par le Bâlois en 2018 à Melbourne.
Le gaucher majorquin, qui avait débloqué son compteur à Paris en 2005 soit près de deux ans après son éternel rival (Wimbledon 2003), s'est irrémédiablement rapproché depuis maintenant dix ans. Roger Federer comptait en effet 10 longueurs d'avance (16-6) lorsqu'il s'était imposé à l'Open d'Australie en 2010.
Mais Rafael Nadal n'avait alors que 23 ans. Il n'avait pas encore donné sa pleine mesure à New York – ses quatre titres y ont été conquis entre 2010 et 2019 – et n'avait gagné «que» quatre fois à Paris où Roger Federer était tenant du trophée. Novak Djokovic n'avait lui que 22 ans, et ne tourmentait pas encore le Bâlois...
Rafael Nadal est désormais l'égal du plus grand joueur de tous les temps. Capable de gagner à Roland-Garros tant qu'il y prendra part, il pourrait bien y poursuivre sa moisson au printemps prochain. Roger Federer aura tout intérêt à être au sommet de sa forme en janvier à Mebourne, sa fenêtre de tir étant de plus en plus étroite.
Le Bâlois (38 ans) avait égalé l'ancien record de Pete Sampras (14) en décrochant son unique succès à Roland-Garros. Il en était devenu le seul détenteur moins d'un mois plus tard, le 5 juillet 2009, en battant Andy Roddick 16-14 au cinquième set en finale à Wimbledon. Il doit désormais apprendre à partager. Mais pour combien de temps?
Djokovic comme Federer en 2008
Double tenant du titre à l'Open d'Australie, Novak Djokovic (33 ans) rêve lui aussi plus que jamais de ce record. Revanchard après sa disqualification en 8e de finale d'un US Open qui lui était promis, le Serbe a pris un coup sur la tête dimanche. Comme Roger Federer en 2008, il a encaissé un 6-0 en finale à Paris face à Rafael Nadal.
Mais si le Bâlois avait subi cet affront dans le troisième set d'une finale à sens unique (6-1 6-3 6-0 en 1h48'), le Serbe a pris cette «gifle» d'entrée. En trois quarts d'heure de jeu certes, mais sans avoir grand-chose à se reprocher: Rafael Nadal n'a commis que 2 fautes directes dans le premier set, pour 10 coups gagnants!
Et l'Espagnol a longtemps maintenu ce même rythme insolent, livrant pendant les deux premiers sets un véritable récital sans laisser le moindre répit à son adversaire. Novak Djokovic a refait quelque peu surface dans la troisième manche, signant son seul break de l'après-midi pour recoller à 3-3 en se montrant plus conquérant.
Mais Rafael Nadal ne lui a pas laissé le temps de croire en un improbable retour. Il a su resserrer sa garde, profitant d'une double faute du Serbe pour signer son septième break du match à 5-5. Et l'Ibère a conclu sur un jeu blanc, armant un ace sur sa première balle de match pour rejoindre Roger Federer au Panthéon.