Le Servette FC et le FC Sion se sont quittés bons amis dimanche au terme d’un derby du Rhône, comptant pour la 18e journée de Super League, qui a défié presque toute logique. Après une première mi-temps à sens unique et une visite du musée des horreurs offerte par la défense sédunoise, la maladresse ainsi qu’un manque de concentration sont venus jouer un mauvais tour aux Grenat.
On a aimé
… l’irrationalité de ce match. Dans un derby, on demande souvent de l’émotion, des rebondissements, du spectacle en somme. Là, les 14’592 supporters qui étaient venus garnir les gradins du Stade de Genève ont été servis. On a d’abord eu le droit à une démonstration genevoise en première mi-temps - ou à un naufrage collectif valaisan, tout dépend de quel côté on se tient. Et ensuite, un miracle s’est produit.
Contre toutes attentes, Sion est reparti du bout du Lac Léman avec un point sans forcer son talent. «C’est un peu la beauté du foot», a reconnu l’entraîneur de l’équipe sédunoise, Fabio Celestini, à l’issue de la partie. «Le foot nous a rendu le point qu’il nous a enlevé contre Lugano (ndlr : défaite 3-2 concédée à la 94e).» Et les Valaisans auraient même pu imiter les Tessinois en infligeant la même sentence aux Genevois si Giovanni Sio n’avait pas gaspillé une occasion en or dans les derniers instants (93e).
Autant le premier derby de la saison avait été terne (0-0 à Tourbillon lors de la 3e journée), autant celui-ci a basculé dans une certaine folie. Et ce n’est pas pour nous déplaire.
On a moins aimé
… l’esprit de Noël. Les fêtes de fin d’années sont déjà terminées depuis un bon mois, mais visiblement les acteurs de la rencontre étaient bien décidés à se faire encore quelques cadeaux.
En première période, l’arrière-garde sédunoise - déjà peu à son affaire le week-end dernier contre le FC Lugano (2-3) - nous a offert une petite visite guidée du musée des horreurs. Costa Baltazar, préféré à Reto Ziegler au poste de latéral gauche, a d’abord totalement manqué son affaire sur l’ouverture du score grenat (17e), laissant champ libre à Miroslav Stevanovic pour servir sur un plateau Chris Bédia. C’est ensuite Dimitri Cavaré qui a enfilé son costume de Père Noël. Après quelques premières relances hasardeuses, le défenseur de 27 ans a littéralement donné le ballon aux Genevois à la 33e, laissant Bédia «l’enrhumer» et marquer son doublé. Et pour emballer tout cela, Wylan Cyprien a réussi à se faire expulser de manière bien évitable juste avant l’heure du thé (41e).
Dès lors, Servette avait tout pour bien faire. Mais c’était sans compter sur le fait que celui-ci était également venu avec sa hotte remplie de présents. En plus de galvauder une montagne d’occasions pour «tuer» le match, le club local a remis tout seul son adversaire sur les bons rails au retour des vestiaires. Et c’est Gaël Clichy qui s’en est chargé en délivrant, de la tête, la balle de la réduction du score à Giovianni Sio (50e). Aussi d’humeur généreuse, David Douline est, lui, venu mettre un point final à ce feuilleton riche en rebondissements en inscrivant l’autogoal le plus improbable de la saison en fin de rencontre (85e). On a été gâté !
Le facteur X
Le black-out mental de Servette. «Je n’ai pas d’explication. Il n’y avait pas de raison que ça se passe mal, mais on a tout fait faux. L’envie était là, mais dans les têtes, c’était déjà fini.» Et c’est Jérémy Frick lui-même qui l’avoue. Car oui sans un certain relâchement de la part des Genevois en deuxième période, ce Sion-là ne serait jamais revenu au score.
«Sur la deuxième mi-temps, on était trop dans la gestion», a reconnu pour sa part le coach Alain Geiger. «On n’a pas été assez dans la volonté de faire mal, de mettre autant de buts qu’en première mi-temps. On n’a pas réussi à le faire au niveau de la mentalité.» Tout est dit. Au final, Servette manque une belle occasion de retrouver sa place de dauphin des Young Boys au classement de Super League. Sion, lui, évite de justesse de (re)plonger déjà dans le doute après seulement deux sorties sous l’ère Celestini.