«Ce n’est pas normal !» Un Lauberhorn qui suscite joie, colère et interrogations

Nicolas Larchevêque, à Wengen

13.1.2024

Marco Odermatt a une nouvelle fois livré un récital pour s'adjuger la mythique descente du Lauberhorn samedi. Mais comme lors des deux jours précédents, la course a été marquée par de nombreuses chutes, dont celle d’Aleksander Aamodt Kilde, suscitant le débat chez les skieurs.

Wengen : Marco Odermatt s’adjuge aussi la «vraie» descente du Lauberhorn

Wengen : Marco Odermatt s’adjuge aussi la «vraie» descente du Lauberhorn

Marco Odermatt n'a pas tardé à doubler la mise en descente. Vainqueur pour la première fois dans la discipline en Coupe du monde jeudi sur un Lauberhorn raccourci, le Nidwaldien a remporté la «vraie» descente de Wengen samedi.

13.01.2024

Nicolas Larchevêque, à Wengen

Marco Odermatt aura eu le dernier mot. Vainqueur de la descente «sprint» jeudi devant Cyprien Sarrazin, mais battu par ce dernier vendredi en Super-G, le Nidwaldien a remporté la «belle» samedi. Sur le parcours complet, il a devancé de 59 centièmes le Français.

«C’est spécial d’inscrire son nom au palmarès. Jeudi, c'était déjà génial avec ma première victoire en descente, mais je savais que ce n'était pas la «vraie» descente du Lauberhorn. Du coup, pouvoir donner cette réponse aujourd’hui et pouvoir rayer cela de ma «bucket list», c'est super», a jubilé le champion du monde de la discipline.

«Du point de vue de la performance, c’est la plus belle victoire de ma carrière, mais au niveau des émotions non. C'est clair que c'est une victoire incroyable mais avec de telles chutes, ça atténue un peu les émotions. Et pour l'équité de la course, ce n'est pas idéal d'avoir de si longues interruptions. Cela prend beaucoup d'énergie», a toutefois tempéré «Odi».

Comme lors des deux premières courses, la performance XXL du leader de la Coupe du monde a été assombrie par des chutes. Et cette fois-ci, c'est Aleksander Aamodt Kilde, troisième tant jeudi que vendredi, qui est lourdement tombé sur le saut final. Selon sa fédération, le Norvégien a subi une coupure au mollet et s'est déboîté l'épaule lors du violent choc. Aucune fracture n'a été constatée, mais de graves contusions.

Après Alexis Pinturault la vielle, c'est donc un autre cador du Cirque blanc qui a été victime du Lauberhorn. Les nombreuses chutes de ces derniers jours ont provoqué la colère de certains concurrents, prenant pour cible le programme chargé à Wengen.

«Trois jours de course, c'est trop ! Et de finir avec la longue course, c’est beaucoup trop», s'est emporté Sarrazin. Avant d’ajouter : «Kilde est le plus costaud de nous tous et il s'écrase comme ça, ce n’est pas normal. On est des machines ok, mais on reste des humains. Ce n’est pas cool de faire des courses comme celle-là, je n’ai même pas envie de la regarder.»

Cyprien Sarrazin : «Mon genou est explosé»

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Le chassé-croisé se poursuit entre Marco Odermatt et Cyprien Sarrazin. Le Français a terminé deuxième derrière le Suisse lors de la descente du Lauberhorn samedi.

13.01.2024

Même son de cloche chez son compatriote Adrien Théaux, pour qui il serait préférable de prolonger la saison au printemps plutôt que de charger les week-ends. «Il y a un truc à revoir. On fait une semaine avec deux entraînements et trois longues courses, c’est trop», a expliqué le skieur de 39 ans. «Les semaines sont longues. (...) Pour Alexis ou Kilde, ils ont enchaîné les courses et les remises de prix, ce sont des jours à rallonge. Ils rentrent à l’hôtel à 16h30 et ont peu de temps pour la récupération et le lendemain, c’est rebelotte», a détaillé Théaux.

Odermatt a néanmoins rappelé que son ami Kilde n’était pas au meilleur de sa forme en début de semaine. «On sait que ça allait être une semaine très brutale. Kilde était malade, ça prend aussi de l'énergie. Déjà en bonne santé, c'est fatiguant. Peut-être que c'est la dernière fois que l'on fait trois courses de vitesse de suite ici», a reconnu la star de 26 ans.

«Est-ce raisonnable pour Kilde de prendre le départ ?»

Justin Murisier

Sur la chute du Norvégien

Pour Justin Murisier, qui a chuté sans gravité samedi, enchaîner trois jours d'épreuves n'est pas à remettre en cause. «C’est à nous de voir si on veut faire tout le programme. Pinturault, c'est quelque chose qui peut arriver, ce n’est pas une histoire de fatigue. Pour moi, pareil. C'est une erreur sur le haut du parcours. Pour Kilde, ça reste discutable. Il était malade toute la semaine. Est-ce que c'était raisonnable de prendre le départ ?», s’est interrogé le Bagnard.

Ce dernier a toutefois tenu à avertir sur la dangerosité des sauts et a invité la Fédération internationale de ski à réagir avant Kitzbühel, où deux descentes sont agendées. «J’espère juste que la FIS est consciente que les sauts et les «kicks» ici et à Val Gardena n’étaient cette année pas forcément...», a relevé Murisier.

Avant de détailler : «Pinturault tombe sur un saut, Kohler (ndlr : jeudi) et moi aussi. Cela fait beaucoup, je trouve... Je pense qu'ils ne vont pas prendre trop de risque à Kitzbühel avec la casse qu'il y a déjà eu jusqu'à maintenant. J’espère qu'ils en sont conscients et qu'ils n’attendront pas le premier entraînement pour réagir.»

Les spécialistes de vitesse doivent désormais rapidement se remettre de leurs émotions, le premier entraînement sur la mythique Streif étant prévu mardi...