Lara Gut-Behrami «Raconter simplement des banalités, je n’y arrive pas»

Nicolas Larchevêque, à Méribel.

19.2.2023

Deux jours après sa frustrante 4e place lors du géant des Championnats du monde, Lara Gut-Behrami a finalement accepté de tirer le bilan de ses huitièmes joutes planétaires. «Je suis à un moment de ma carrière où j’ai besoin de plus de temps pour digérer les choses», a expliqué la Tessinoise, qui a quitté Méribel sans la moindre médaille.

Lara Gut-Behrami n’avait pas pu cacher son émotion jeudi soir après le géant.
Lara Gut-Behrami n’avait pas pu cacher son émotion jeudi soir après le géant.
Keystone

Nicolas Larchevêque, à Méribel.

Frustrée par son résultat obtenu jeudi, Lara Gut-Behrami avait snobé la presse en zone mixte, justifiant que «ce n'était pas le bon moment» de discuter de sa course. Samedi en fin d’après-midi, la Tessinoise de 31 ans a invité les médias à un entretien en ligne pour évoquer sa quinzaine dans la station française. «Ces Mondiaux ont été très intenses au niveau sportif, mais surtout au niveau humain», a reconnu la skieuse de Comano.

«Je me rends compte que je suis à un moment de ma carrière où j’ai besoin de plus de temps pour digérer les choses, pour avoir simplement le recul qui me permet de bien en parler. Je n’aime pas vraiment les banalités. Je me rends compte que ça me coûte parfois tellement cher à l’arrivée, quand c’est bien ou mal, d’inventer quelque chose qui est bien loin de mon état d’esprit», a-t-elle expliqué.

Avant de poursuivre : «Avec le recul, on arrive à faire des discours plus profonds, avec plus de logique que 5 minutes après la course. Dans celle-ci, je mets l’instinct et les émotions, c’est quelque chose d’irrationnel. Pour en sortir, aussi. Devenir un personnage qui raconte simplement des banalités, je n’y arrive pas.»

Le décès d’Elena Fanchini «a tout bousculé»

La compagne de Valon Behrami a également expliqué qu’elle avait été très touchée par le décès de la skieuse italienne Elena Fanchini, emportée par un cancer à 37 ans le jour de l’épreuve du Super-G. «Le fait d’avoir perdu Elena le soir du Super-G a tout bousculé. C’est quelque chose qui m’a suivi durant tous les Mondiaux», a concédé la championne olympique de la discipline.

«De manière égoïste, quand on est loin de ça, il faut mettre tout de côté et penser aux courses. Mais je crois que ce n’est pas possible. Cela n’a rien à voir avec mes résultats, ça à voir avec comment j’ai vécu ces dix jours. Ça a été un mix d’émotions et de pensées dures à digérer», a-t-elle ajouté.

«C’est clair que j’aurais aimé que les choses soient différentes»

Lara Gut-Behrami of Switzerland reacts in the finish area during the second run of the women's giant slalom race at the 2023 FIS Alpine Skiing World Championships in Courchevel/Meribel, France, Thursday, February 16, 2023. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Lara Gut-Behrami

Sur ces Mondiaux

Dans ces joutes savoyardes, Gut-Behrami a pris la 9e place en descente, la 6e en Super-G et enfin la 4e en géant, manquant le podium dans ces deux dernières disciplines pour respectivement quatre et neuf centièmes. «Je pense que j’ai produit du bon ski, mais chaque course avait quelque chose qui manquait. On aimerait bien rentrer des Championnats du monde avec une médaille et ça n’a pas été le cas. C’est clair que j’aurais aimé que les choses soient différentes», a analysé «LGB».

Elle a ainsi dû digérer ces déceptions. «C’est la première fois, après le super-G, que je me suis rendue compte de l’importance que je donne à chaque course. Ce n’est pas la pensée de ce que j’ai fait hier ou que je ferai demain qui m’aide à relativiser ou métaboliser ce qui s’est passé le jour-même», a-t-elle affirmé. «Quand je fais un bon résultat, j’essaie de savourer le moment et d’être satisfaite de moi, sans penser à la course du lendemain ou de la veille. Quand ça ne va pas, je pense à la même chose. C’est peut-être la manière irrationnelle que j’ai de fonctionner maintenant.»

Les Mondiaux 2025 ou une fin de carrière cet été ?

Désormais, Lara Gut-Behrami entend poursuivre sa carrière. Si cela est possible, jusqu’aux prochains Mondiaux en Autriche. «J’aimerais aller jusqu’à Saalbach en 2025, si le corps me le permet. Je ne sais pas vraiment. Certains jours, je n’ai plus d’énergie, alors que le lendemain, j’aimerais encore disputer mille courses dans ma carrière. Mais ça pourrait aussi changer cet été si je me rends compte que je n’ai plus envie de poursuivre.»