Kasper "Mes amis m'ont signifié que mon temps était passé" 

ATS

25.11.2019

A 75 ans, il a décidé de dire stop ! Dans une interview accordée à Keystone ATS, le président de la Fédération Internationale de Ski (FIS) ne cache pas son soulagement après l'annonce de sa prochaine démission.  

Gian Franco Kasper était le président de la FIS depuis 1975. 
Gian Franco Kasper était le président de la FIS depuis 1975. 
Keystone

Gian Franco Kasper, vous semblez être libéré d'un poids depuis l'officialisation samedi de votre démission lors du prochain Congrès de la FIS en mai prochain...

«Oui même si tout était clair dans ma tête depuis deux ans. Au Congrès de Costa Navarino en Grèce en mai 2018, j'avais déjà manifesté mon intention de ne pas aller au bout de mon dernier mandat. L'idée était de partir en 2020. Je m'y suis tenu.»

Vous oeuvrez à la FIS depuis 1975...

«45 ans, cela suffit je crois. Mais il ne faut pas oublier que mon prédécesseur Marc Hodler est resté... 47 ans à la FIS.»

Avez-vous été heurté par le fait que votre départ n'a pas cessé d'être évoqué ces derniers mois ?

«Il est tout à fait normal d'entendre de telles rumeurs en assumant la présidence depuis si longtemps. Elles sont venues à moi de manière indirecte le plus souvent. Mais des amis n'ont pas hésité à me signifier que mon temps était passé. Rassurez-vous, je ne l'ai pas mal pris. J'ai aussi constaté au contact des athlètes que la différence d'âge devenait de plus en plus marquée. Même si côtoyer les meilleurs skieurs du monde est en sorte une cure de jouvence, l'âge est bien là !»

Le fait d'avoir annoncé votre décision ne rendra-t-il pas la fin de votre mandat plus difficile dans la mesure où votre autorité ne peut plus être la même ?

«Non. Mais je suis conscient que le risque existe. L'hiver qui s'annonce sera toutefois un hiver sans un grand championnat. Et comme je l'ai dit, les rumeurs de mon départ n'ont pas cessé de circuler. Je tiens vraiment à garder le bon cap jusqu'au prochain Congrès de Pattaya.»

Justement, quelles sont les tâches qui vous attendent d'ici ce Congrès qui se tiendra du 17 au 23 mai prochain ?

«Gérer le quotidien. Assurer le bon déroulement des compétitions qui figurent au programme. Avec la neige qui vient de tomber, je pense que notre tâche sera plus facile cet hiver. Par ailleurs, il faut préparer la tenue du Congrès qui abordera de nombreux thèmes.»

A l'heure du bilan, avez-vous atteint les objectifs fixés, vous qui vouliez en octobre 1998, six mois après votre élection, sortir la FIS de sa léthargie ?

«J'ai entrepris des réformes qui ne sont pas peut-être pas toutes perceptibles à l'externe. Nous nous sommes toujours adoptés aux évolutions et aux modes. Ce fut surtout le cas pour le freestyle et le snowboard. Je n'ai pas voulu entreprendre de révolutions. La FIS compte aujourd'hui 133 membres. Je me vois en gardien du temple, celui qui tente de concilier les intérêts divergents des pays et celui qui doit aussi assurer la pérennité de la FIS.»

A propos de pérennité: la FIS existera-t-elle toujours dans 50 ans. Pratiquerons-nous toujours des sports d'hiver en 2070 ?

«Je l'espère. Nous avons organisé récemment un forum auquel ont été conviés des experts du changement climatique. Même s'il semble que les prévisions les plus pessimistes sont exagérées, le risque qu'il ne neige plus dans 50 ans est réel. Sans neige, notre sport est mort. Vous me direz que l'on peut skier en indoor. Mais pour moi, ce n'est pas du sport.»

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