Depuis quelques années, le monde du sport enchaîne polémiques et complications liées à l'écologie. Principal sport touché par le réchauffement climatique, le ski alpin doit se réinventer. Interrogés sur le sujet, Marco Odermatt ou encore Lara Gut-Behrami ont donné leur point de vue.
Le réchauffement climatique affecte la planète et plus particulièrement les montagnes, terrain de jeu pour les sports d’hiver, comme en attestent notamment la fonte des glaciers et la diminution de l'enneigement naturel. Les questions sur le sujet reviennent sur la table à l’approche de l’ouverture de la saison de Coupe du monde de ski alpin.
Depuis plusieurs années, la Fédération internationale de ski (FIS) est régulièrement pointée du doigt pour son inaction face au changement climatique. Deux principales critiques reviennent fréquemment : l’agencement du calendrier et les déplacements d’athlètes. Dernièrement, ce sont les courses de Zermatt-Cervinia prévues mi-novembre qui ont soulevé le débat : les travaux effectués avec des pelleteuses sur le glacier du Théodule pour aménager la piste de descente de la «Gran Becca» en ont en effet indigné plus d’un.
Questionnées sur le sujet, plusieurs stars suisses ont livré leur avis lors de la traditionnelle journée média d’avant-saison début octobre. Entre modifier le calendrier, limiter les déplacements ou encore disputer des épreuves au mois d’août en Amérique du Sud (alors en pleine période hivernale), elles ont tenté de proposer des solutions pour que leur discipline s’adapte au mieux à son temps et puisse continuer d’exister à l’avenir.
Justin Murisier
«Débuter la saison plus tard pour la terminer plus tard, je trouve que ça ne serait pas bête. Actuellement, on arrête fin mars alors qu’il y a encore de superbes conditions jusqu’à mi-avril. Finalement, pourquoi ne pas essayer de rendre le programme un petit peu moins dense pendant l'hiver et nous donner un peu d'air avec un week-end de pause ou de réserve, car on sait que c'est toujours très compliqué de récupérer une course ?»
«Personnellement, je commencerais la saison directement par la tournée américaine, mais ça, c'est mon avis personnel. Je ne pense pas être le gars le mieux placé pour vous expliquer comment ça se passe au niveau du marketing. Je ne serais pas non plus contre l’idée de faire des courses en août en Argentine ou au Chili. Mais la question est de savoir si c'est attrayant pour les gens.»
Daniel Yule
«C’est certain, il reste pas mal de choses à faire. (…) C'est un peu un refrain que j'utilise : je ne suis pas devenu skieur de Coupe du monde d'un jour à l'autre, ça a pris quand même beaucoup d'années de travail. Donc pour que le ski soit en accord avec la nature, ça ne va pas non plus arriver du jour au lendemain, il n'y a pas une solution miracle. Mais il faut y réfléchir et commencer par de petits changements, pour que, qui sait, dans 10 ou 20 ans, les athlètes qui feront des conférences de presse n’aient plus besoin de répondre à ces questions.»
«Pour ma part, j’essaie de me concentrer sur ce qui est à ma portée. Après, c'est peut-être plus du côté des fédérations ou de la FIS que les choses peuvent changer. Le calendrier va à moitié dans le bon sens, il y a beaucoup de voyages. Cette année, nous (ndlr : les slalomeurs) avons de nouveau un voyage aux Etats-Unis, mais c’est au moins pour y disputer deux courses, voire quatre pour les techniciens, et non pas une comme ça avait été le cas l’année dernière. Donc je pense qu’il y a quand même gentiment une prise de conscience à ce niveau-là».
Lara Gut-Behrami
«C’est une certaine logique (de retarder le début de la saison). Si on regarde les dernières années, on avait des conditions parfaites pour skier en avril. Beaucoup d'équipes ont continué à s'entraîner et à skier. Au contraire, on a toujours plus de problèmes au mois de novembre. Anciennement, l’idée de commencer à Sölden était de rappeler à tout le monde que l'hiver était en train d'arriver, de donner envie aux personnes d'aller acheter des skis. Mais maintenant, on est en tee-shirt à l'arrivée à Sölden et les gens à la maison sont aussi quasiment encore en maillot de bain, ce n'est pas logique. On ne donne pas envie aux personnes d'aller skier quand il fait encore si chaud. C’est donc un raisonnement à faire, et tout à fait pertinent.»
Marco Odermatt
«Est-ce qu’il faudrait retarder le début de la saison ? C’est une bonne question. On est en octobre et la plupart des athlètes sont en tee-shirt. Ce qui est déjà bien, c’est que le début de la saison ait été retardé de deux semaines par rapport aux années précédentes. (…) On verra si ça peut continuer ainsi. Mais ce dont je suis certain c’est quand la neige arrive, les gens veulent aller skier et veulent nous voir skier.»