Inspiré par Lindsey Vonn et avec la ferme intention de réécrire la dernière page de son histoire aux Jeux olympiques de 2026, Iouri Podladtchikov est de retour. Il y a quelque chose que le champion olympique 2014 veut mettre au clair.
C'est bon de voler à nouveau, déclare Iouri Podladtchikov ce mercredi après l'entraînement dans le fameux half-pipe de Laax, qui attire régulièrement l'élite mondiale. La joie d'être à nouveau lui-même un athlète se lit sur son visage. Mais aussi un déchirement intérieur.
Podladtchikov est parti pendant cinq ans. Après une série de revers et de blessures, dont de graves commotions cérébrales et une rupture du tendon d'Achille, il avait annoncé sa retraite en août 2020. L'austère période du Covid-19 a également eu raison de lui: «Je n'avais plus l'esprit libre», dit-il. Il s'est plongé dans le monde de l'art, a étudié à New York et s'est consacré à la photographie.
Les retours d'autres sportifs d'hiver l'ont inspiré, en particulier celui de Lindsey Vonn, tout comme la légende du skateboard Tony Hawk qui, à 50 ans, a réalisé une nouvelle fois le trick, le 900, avec lequel il avait établi de nouvelles références en 1999. Des amis artistes – «ceux qui peuvent si bien voir à travers moi» – ont finalement encouragé Podladtchikov à suivre sa voix intérieure: «C'est quand je faisais peu de sport que j'étais le plus mal en tant qu'être humain»
Comme du karting
Oui, il a été absent pendant cinq ans, «mais je n'ai jamais rien fait du tout. J'allais régulièrement au fitness et au skatepark, et de toute façon, tu n'arrêtes jamais le snowboard. Le sportif en moi n'est jamais mort».
Le come-back est donc un pas moins important que de revenir d'une blessure. «Je ne suis pas parti de zéro, je suis en forme et j'en ai envie. Après une blessure, tu repars de plus bas. Tu es cassé physiquement et mentalement, tu dois passer par une phase difficile pour retrouver la forme. Ce n'est pas une partie de plaisir.»
Le retour de Podladtchikov à 36 ans est en tout cas téméraire. Mené par l'armada japonaise, qui occupe actuellement cinq des sept premières places de la Coupe du monde, le «niveau du half-pipe a explosé ces cinq dernières années», comme le dit l'entraîneur national suisse de la discipline Patrick Cinca. Les triple corks, par exemple, que Podladtchikov n'avait pas à son répertoire, sont aujourd'hui omniprésents.
De plus, ce retour ne s'est concrétisé que début décembre – un laps de temps très court pour être à nouveau au niveau sur les plans physique et technique afin de pouvoir rivaliser après une si longue période. Même si, en tant que coach à temps partiel, il s'y adonnait aussi régulièrement depuis plusieurs années.
Ce qu'il a fait en snowboard pendant ses années de retraite sportive, c'est comme faire du karting par rapport à la Formule 1, décrit Podladtchikov lui-même. Quant à savoir si son retour est raisonnable, il réfléchit – et dit: «Il y a beaucoup de choses dangereuses...»
L'objectif n'est pas la victoire
Il y a une chose que le champion olympique de 2014 à Sotchi veut clarifier après la couverture médiatique de ces derniers jours: «Mon objectif n'est pas de revenir au sommet de la hiérarchie mondiale. Mon objectif n'est pas de gagner, ni de rester dans le top 3 ou le top 5. Ce serait de la négligence! Cette mentalité d'athlète ne me motive plus. Ce que je fais maintenant, c'est un tour d'honneur.»
Le Zurichois, qui parle souvent en images, ne se présente pas pour autant sans ambitions. Il souhaite une fin plus belle. Son grand objectif, ce sont les Jeux olympiques de 2026 dans le nord de l'Italie. Là, il veut «réécrire la dernière page de mon histoire», éliminer de son film ce «budget cut» ressenti – cette fin hachée, non circulaire. Podladtchikov estime qu'il a en lui un meilleur dernier run que celui de janvier 2020 à Laax, où il avait terminé 5e et avait chuté lors de son deuxième passage.
«Je veux montrer un run suffisant pour la qualification et la finale olympique. Rien que ça, c'est un projet énorme, mais les tricks que j'ai dans mon répertoire devraient suffire pour cela, si je parviens à les refaire proprement», estime Podladtchikov.
Son retour à Laax, où il disputera les demi-finales vendredi à midi, est surtout un test mental: «Le physique est une chose, la tête en est une autre». L'entraîneur Patrick Cinca estime que son protégé est «vraiment capable d'aller en finale, même dans une Coupe du monde de haut niveau à domicile. Il a les tricks, il a la hauteur, il a la technique. Il s'agit maintenant qu'il soit à nouveau prêt dans sa tête».