Mélanie Meillard
"Je n'avais simplement plus envie"

Chris Geiger, à Crans-Montana.

24.2.2020

Deux semaines après avoir annoncé qu'elle mettait fin à son hiver, Mélanie Meillard (21 ans) a fait le point samedi en marge des épreuves de Coupe du monde de Crans-Montana. La skieuse d'Hérémence veut "entamer la saison prochaine à 100%". Interview.

Mélanie Meillard avait expliqué que son niveau actuel ne suffisait pas pour obtenir de bons résultats.
Mélanie Meillard avait expliqué que son niveau actuel ne suffisait pas pour obtenir de bons résultats.
Keystone

Mélanie Meillard, vous avez annoncé le 12 février dernier que vous mettiez un terme prématuré à votre saison. Pourquoi avez-vous pris cette décision?

"Ce choix n'a pas été trop difficile à prendre. Je l'ai acté avec mes entraîneurs. On en avait parlé après le géant de Sestrières (ndlr: le 18 janvier dernier) puis on s'est informés sur les points FIS en fonction du nombre de courses auxquelles je participais. Une fois qu'on a eu tous les renseignements nécessaires, la décision a été prise en deux secondes. Je voulais effectivement conserver de bons numéros de dossard pour l'année prochaine."

Comment vous sentez-vous physiquement et mentalement?

"Je me sens vraiment très bien. Je ne m'étais plus autant entraînée physiquement depuis bien longtemps. Je peux enfin refaire beaucoup d'exercices que je n'avais plus pu pratiquer durant de longs mois. Je trouve également que mon ski va de mieux en mieux. Je vois la progression à force d'enchaîner les kilomètres et les jours d'entraînement. Ça fait franchement du bien."

Vous mettez la flèche en cours d'hiver. Du coup, quel est le programme de vos prochaines semaines?

"Je vais évidemment continuer à m'entraîner sur les skis. Je vais profiter de la neige valaisanne pour accumuler les kilomètres. En parallèle, je vais poursuivre mes sessions physiques. Puis, dans quelques semaines, on va créer des blocs d'entraînement afin d'entamer la saison prochaine à 100%."

Vous avez participé à trois slaloms et à un géant cette saison pour une élimination et trois non-qualifications. Y avait-il de l'appréhension au moment de prendre le départ de ces courses?

"Non, pas forcément. Ces quatre départs m'ont surtout fait du bien mentalement. C'était même important en vue de la saison prochaine. Je pourrai ainsi m'élancer avec moins de stress."

Justement, était-ce important pour vous de retrouver l'adrénaline de la compétition?

"Au moment de reprendre les courses, mes entraîneurs m'ont demandé si j'étais sûre de moi. Je ne voulais toutefois pas entendre parler des points FIS et des numéros de dossard. Je souhaitais simplement prendre des départs. J'en avais besoin mentalement. Je ne pouvais pas encore attendre de manière indéfinie. Ça m'aurait démotivé pour les entraînements. Ça faisait, en effet, plusieurs années que je ne faisais que de m'entraîner et le temps commençait à être long. Je m'entraîne pour faire des courses. Ces quatre départs m'ont motivé pour retourner à l'entraînement et pour voir la progression."

Pour rappel, vous vous étiez blessée au genou en février 2018 avant les Jeux olympiques de Pyeongchang. Avez-vous perdu la motivation au cours de ces longs mois sans compétition?

"Au cours de cette période, j'ai connu un moment de démotivation lorsque je me suis blessée à une cheville. J'avais alors tout stoppé durant quelques semaines. Je n'avais simplement plus envie. J'ai toutefois rapidement retrouvé la motivation, notamment en voyant les progrès effectués. Je sais très bien que je veux faire du ski et que je veux continuer. Je n'ai donc jamais douté ni pensé à arrêter. Je me suis toujours motivée par rapport à cet objectif de revenir."

Comment avez-vous occupé votre temps au cours de ces deux dernières années? 

"J'ai plus profité de la vie depuis ma blessure. Avant cette dernière, j'étais toujours 'focus' sur le ski et il n'y avait que ça qui comptait. C'est toujours le cas, mais je profite de faire d'autres choses. Je vois par exemple plus souvent mes amis. Ça fait du bien de penser parfois à autre chose. Après une mauvaise journée sur les skis, je suis contente de me changer les idées. C'est positif pour ensuite pouvoir repartir de plus belle."

Vous dites que vous profitez désormais davantage de la vie. Pensez-vous que cette nouvelle philosophie peut vous empêcher de revenir rapidement au top niveau?

"Non car je profite de la vie avant tout pour reposer mon genou. Je ne peux pas m'entraîner trois mois de suite sans jour de pause. C'est impossible. Je fais actuellement souvent des blocs d'entraînement que je dois gérer en fonction de mon genou et de mon état physique. C'est pourquoi je profite à côté pour penser à autre chose et pour me vider la tête."

Le mot blessure rime souvent avec patience. Etait-ce une qualité que vous possédiez naturellement ou avez-vous dû apprendre cette vertu?

"Je la possède assez naturellement, mais c'est sûr que certains jours sont un peu plus durs. Avec une telle blessure, j'étais de toute manière obligée d'avoir cette qualité."

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