Vendredi, Beat Feuz commencera sa saison à Lake Louise. Avant les deux descentes et le Super-G, l'Emmentalois nous dit ce qu'il pense de ses coéquipiers non vaccinés et de leur absence au Canada.
Il revient aussi sur sa relation spéciale avec les Jeux olympiques, de son genou opéré onze fois et de ce sentiment de satiété qui se rapproche, mais pas pour tout de suite.
Beat Feuz, au printemps dernier, après la saison, votre genou vous a contraint à une pause d'un mois. Avez-vous réussi à vous remettre sur les bons rails à temps pour aborder au mieux une saison olympique ?
«Jusqu'ici tout va bien, le genou s'est à nouveau stabilisé. J'ai commencé la préparation de la saison un peu plus tard, mais je me suis vite rattrapé. En fait, tout va bien. L'expérience aide à gérer la situation avec sérénité. Les succès me donnent une certaine décontraction.»
Vous avez déjà passé la trentaine depuis un moment et avez gagné presque tout ce que l'on peut gagner en tant que descendeur. Qu'est-ce qui vous motive encore?
«La course. Ce feeling lors des courses. S'il n'y avait que l'entraînement, je ne serais probablement plus là. Et puis le succès de ces dernières années me motive aussi, bien sûr.»
«Les JO ? Un choc culturel»
En février auront lieu les JO de Pékin. Pourquoi votre relation avec les Jeux olympiques n'est-elle pas idéale?
«Jusqu'à présent, j'ai participé à deux Jeux d'hiver à Sotchi et à Pyeongchang. Ce furent de belles compétitions, mais quand tu y vas après Wengen et Kitzbühel, c'est un peu un choc culturel. Tu arrives avec le sentiment que ces ambiances incroyables et ces émotions doivent perdurer. Et lors de mes deux participations, ce n'était pas le cas. Du coup je trouve dommage que nous soyons à nouveau dans un endroit où le ski n'a pas une grande tradition. Je m'attends à ce que les courses en Chine se déroulent à nouveau devant des gradins assez vides. C'est regrettable.»
Cela veut dire que votre motivation est moins forte de décrocher votre première médaille d'or à Pékin, après l'argent et le bronze en 2018 à Pyeongchang?
«Je dois avouer que les Jeux olympiques ne me préoccupent guère à l'heure actuelle. Quand on y arrivera, je verrai ce que ça fait. J'ai entendu dire par les skicrosseurs, qui disputent actuellement leur «test event» en Chine, que le processus à l'arrivée était assez compliqué avec les nombreuses contraintes liées au Covid. Lorsque j'ai demandé à Alex Fiva quelles étaient les conditions avec le vent, il m'a juste dit qu'il n'avait pas encore pu quitter sa chambre. Ce sont des temps difficiles.»
«J'apporte ma contribution»
Une partie de la société est divisée. Des théories du complot circulent et le ton se durcit. Comment gérez-vous tout ça?
«Si je le voulais, j'en entendrais bien sûr davantage. Mais je considère que j'apporte simplement ma contribution à la solution en étant vacciné et en respectant les consignes de sécurité. J'ai confiance en la science et j'ai moi-même été épargné par le virus jusqu'à présent. Pour moi, il est clair que la situation ne s'améliorera pas sans vaccination. La vaccination est au moins une tentative d'amélioration.»
Urs Kryenbühl et Ralph Weber ne sont pas vaccinés et ils ne pourront pas participer aux courses de Lake Louise. A Pékin, les personnes non vaccinées devront surmonter de sacrées difficultés en raison d'une quarantaine de trois semaines. Qu'en pensez-vous?
«Tout ce que je peux dire, c'est que ce n'est tout simplement pas mon problème».
Comprenez-vous pourquoi des sportifs ne veulent pas se faire vacciner?
«Je comprends, oui. Chacun a le droit d'avoir sa propre opinion, c'est important et nécessaire. Mais il faut également en accepter les conséquences. Pour moi, il n'a jamais été question de ne pas me faire vacciner, ne serait-ce que parce que je veux participer aux courses. Je suis un coureur, pas un mec qui ne fait que des entraînements. Voilà pourquoi je ne me suis pas trop posé de questions et que je fais confiance aux experts.»