Jolanda Neff est la nouvelle championne olympique de VTT ! La Suissesse a remporté l'épreuve de cross-country devant ses compatriotes Sina Frei et Linda Indergand. Grâce à ce triplé exceptionnel, la délégation helvétique présente à Tokyo compte désormais cinq médailles.
Jolanda Neff a écrasé l'épreuve olympique de cross-country à Izu, emmenant un historique triplé helvétique. La St-Galloise s'est imposée devant Sina Frei et Linda Indergand pour un triple exploit inattendu.
C'est seulement la troisième fois dans l'histoire olympique, Jeux d'été et d'hiver confondus, qu'un triplé suisse est accompli. Les deux précédents l'avaient été en gymnastique, en 1924 et en 1936...
Il avait beaucoup plu à Izu les heures avant le départ, rendant le parcours glissant et bouleversant tous les repères. Formidables techniciennes, audacieuses mais pas casse-cou, les Suissesses ont archidominé les Françaises annoncées grandes favorites.
La surprise est de taille. Jolanda Neff s'était cassé la main gauche à mi-juin en Autriche en Coupe du monde. Sa riche carrière avait en outre été compromise par une rupture de la rate survenue fin 2019 lors d'une grave chute à l'entraînement aux Etats-Unis.
Cet or est comme une résurrection pour elle. «Après ma fracture de la main et juste avant Tokyo, je suis restée six semaines sans pouvoir faire d'entraînement spécifique à VTT», a-t-elle assuré.
Revenue de nulle part ou presque
Libre de toute pression, Neff (28 ans), championne du monde en 2017 mais 6e seulement aux JO de Rio 2016, a ressurgi au moment où on l'attendait le moins pour devancer Sina Frei de 1'11'' et Linda Indergand de 1'19''. Et dire que les Suissesses ne sont pas montées une seule fois sur un podium de Coupe du monde cette saison! Mardi, elles ont laissé la 4e, la Hongroise Kata Blanka Vas, à plus de deux minutes.
Depuis l'introduction de la discipline aux Jeux en 1996 à Atlanta, les vététistes helvétiques ont déjà raflé dix médailles olympiques. Mais les Suissesses étaient régulièrement dans l'ombre de leurs compatriotes masculins.
Après sa grave blessure de fin 2019, Jolanda Neff n'aurait certainement pas pu revenir pour Tokyo si ces JO n'avaient pas été reportés d'un an à cause du Covid.
La fille de l'ex-vice champion du monde de la spécialité Markus Neff a profité, sur ce parcours très exigeant et piégeux, de sa polyvalence, elle qui s'illustre aussi sur route et en cyclocross, ainsi qu'en marathon VTT.
Depuis qu'elle s'est installée aux Etats-Unis avec son compagnon américain, également vététiste, la quadruple championne d'Europe et triple lauréate du général de la Coupe du monde a encore élargi sa palette. Elle affiche désormais une belle aisance en descente et sait dompter sa fébrilité.
Nouvelle donne
«La pluie qui s'est abattue les heures avant le départ nous a laissé tout juste une heure pour nous préparer aux nouvelles conditions et reprendre nos repères. Je savais qu'il fallait être rapidement devant pour maîtriser les descentes, et c'est ce que j'aime faire», rayonnait la St-Galloise, dont le dernier succès en Coupe du monde remonte à 2018.
«Nos adversaires ont commis des fautes, nous avons su rester tranquilles», a souligné la médaillée de bronze Linda Indergand. De fait, la Française Loana Lecomte, gagnante des quatre courses de Coupe du monde cette saison, a été dépassée par les événements après notamment des problèmes techniques. Et sa compatriote Pauline Ferrand-Prévot a chuté dès le premier tour.
Bonds en avant
La voie était libre pour les Suissesses, rien ni personne ne pouvait gâcher leur festival. Derrière Neff, qui n'a fait que creuser progressivement l'écart, la bataille a longtemps fait rage entre la Zurichoise Sina Frei et l'Uranaise Linda Indergand pour l'argent.
La plus jeune des deux (24 ans contre 28 ans) a fait la différence, décrochant son premier grand podium en élite après de nombreux lauriers chez les juniors et en espoirs.
Linda Inderdand aussi a fait un énorme bond en avant. L'Uranaise avait été double championne du monde dans la discipline non olympique de l'Eliminator, en 2015 et 2016, mais elle faisait partie des «viennent-ensuite» seulement depuis lors en cross-country, à l'image de sa 8e place en 2016 à Rio.
Au final, les Suissesses ont fait prévaloir leur intelligence dans la préparation et ont bénéficié d'un encadrement technique et d'un esprit de groupe qui les ont portées à des hauteurs insoupçonnées en ce jour mémorable pour le VTT et le sport suisse.