«C’est les Jeux olympiques de la pétole !» Comme la kite-foileuse Lauriane Nolot, les marins engagés dans les régates olympiques à Marseille sont confrontés à des conditions de vent extrêmement légères, qu'ils gèrent entre fatalisme et frustration.
Le scénario s'est répété souvent depuis dix jours et le début des courses à Marseille: les drapeaux qui flottent sur la marina regardent vers le bas, les bateaux font des ronds dans l'eau en attendant que le vent s'installe, mais celui-ci ne fait que passer et seules une poignée de manches peuvent se disputer.
Entre lundi, jour où les places ont été remboursées aux spectateurs, et mardi, les kite-foils n'ont ainsi pu courir que cinq des 16 manches programmées. En Ilca 7 (dériveur simple) et en 470 (dériveur en double), seules huit des dix manches préliminaires ont pu se tenir avant les «Medal Races» programmées ce mercredi, si le vent l'autorise.
En IQFoil (planche à voile), la spectaculaire course marathon disputée tout autour de la rade de Marseille a dû être arrêtée mercredi dernier, les concurrentes, privées de vent, étant à l'arrêt entre le château d'If et le Frioul.
Chez les Ilca 6 (dériveur simple femmes), la Medal Race a déjà été repoussée d'une journée et certaines des dernières manches se sont jouées à toute petite vitesse, les concurrentes peinant à mener leur bateau jusqu'à la ligne.
Pas d'injustice
«C'est un peu frustrant. Avec un peu plus de vent, on pourrait aller vite et fort. Mais bon, c'est les Jeux olympiques de la pétole (le manque de vent, ndlr) et on fait avec», a résumé mardi la kite-foileuse française Lauriane Nolot. «Pour ceux qui préfèrent un peu plus d'air, c'est compliqué. Mais pour d'autres, c'est les bonnes conditions et ils sortent des perfs de l'espace», a-t-elle ajouté.
JO 2024 - En direct sur blue News !
Du 26 juillet au 11 août, Paris se transforme en l'épicentre mondial du sport. Découvrez nos reportages, suivez les épreuves en direct sur notre live-blog, consultez le tableau des médailles en temps réel et retrouvez toutes les infos sur blue News.
De fait, les marins interrogés rappellent que leur sport est soumis à la météo, qu'ils y sont habitués et qu'il n'y a ni injustice ni ratage dans l'organisation des régates de Marseille, ce qu'a également jugé Tony Estanguet, le patron des JO, en visite mardi à la marina.
«Il n'y a évidemment aucun regret d'avoir choisi Marseille, au contraire quand on voit les images et la qualité de l'organisation», a-t-il dit. «Les athlètes ont l'habitude. J'ai été athlète et j'aimais certaines conditions plus que d'autres. Les épreuves se tiennent et certains arrivent à faire la différence et à être champions olympiques», a-t-il ajouté.
Le point de vue d'Estanguet est partagé par David Lanier, le spécialiste météo de l'équipe de France, chargé de donner aux Bleus les meilleurs indications sur ce plan d'eau plus que capricieux.
L’obstacle chaleur
«Il n'y a pas beaucoup de vent et ça rend le plan d'eau difficile mais les meilleurs sont devant. On a parfois eu des plans d'eau beaucoup plus compliqués que ça dans le petit temps. Les comités de course se débrouillent très bien», a-t-il assuré mardi, alors que certains athlètes ont pu regretter des départs trop tardifs ou une utilisation mal optimisée des différents ronds de navigation.
«La grosse difficulté, c'est la chaleur générée par l'agglomération de Marseille. Ca monte jusqu'à 40 degrés dans les terres et le vent n'aime pas ça. La chaleur vient progresser sur la mer et elle bloque le vent. Ca crée une chape, comme un obstacle pour le vent», a-t-il par ailleurs expliqué.
Mais alors, n'aurait-il pas fallu organiser les régates olympiques ailleurs que dans la caniculaire Marseille ? «L'été vers La Rochelle ou Bordeaux vous pouvez même avoir beaucoup moins que ça, répond David Lanier. A Marseille, il y a toujours un peu de vent, c'est juste que le programme est chargé.»
Alors qu'il reste deux jours de compétition, plus vendredi, jour de réserve, toutes les médailles devraient bien être distribuées, d'autant que le vent devrait revenir jeudi. «La voile c'est comme ça, il faut prendre son mal en patience, c'est surtout dommage pour les supporters, conclut Louise Cervera, la spécialiste française de l'Ilca 6. Nous, il nous reste deux jours pour faire 20 minutes de medal race, ça devrait le faire...»