Pékin 2022 «Ce n'est pas juste» - Le cas de Valieva indigne

ATS

16.2.2022 - 07:32

Kamila Valieva pourrait entrer jeudi à Pékin dans le cercle fermé des championnes olympiques, mais la prodige russe reste accaparée par la retentissante affaire de dopage qui continue de planer sur ces JO.

Dans la tourmente, Kamila Valieva va-t-elle décrocher l’or jeudi ?
Dans la tourmente, Kamila Valieva va-t-elle décrocher l’or jeudi ?
Keystone

Après avoir terminé première du programme court mardi, Valieva, 15 ans, se présentera, comme le veut l'organisation habituelle des compétitions de patinage, la dernière sur la glace pour la seconde partie de son épreuve individuelle. Son programme libre doit débuter jeudi à 21h49 locales (14h49 suisses) pour ce qui devrait être l'un des moments forts des Jeux de Pékin.

Quad à la chaîne

Valieva a quatre minutes pour décrocher le titre le plus prestigieux de son sport dès sa première saison sur le circuit seniors. Pour y parvenir, l'élève de l'insondable et décriée Eteri Tutberidze va enchaîner les quadruples sauts, sa marque de fabrique.

Mais comme elle a pu s'en rendre compte après son programme court, Valieva suscite toujours beaucoup d'intérêt, même si le Tribunal arbitral du sport (TAS) a validé lundi, sans se prononcer sur le fond de son contrôle antidopage à une substance interdite, la levée de sa suspension provisoire par l'agence antidopage russe.



«Fatiguée émotionnellement»

A sa sortie de la glace, des dizaines de journalistes l'attendaient dans la zone presse qu'elle a traversée sans s'arrêter. Comme elle ne s'est ensuite pas présentée en conférence de presse, il faut, pour connaître son état d'esprit, réécouter son entretien, émaillé de quelques larmes, à une chaîne de télévision russe la veille du programme court. «Ces jours ont été très difficiles pour moi (...). Je suis heureuse, mais en même temps je suis déjà fatiguée émotionnellement», avait-elle confié.

Ses rivales sur la glace oscillent entre soutien, compréhension et indignation. «Quand on prend un peu de distance, on parle d'une sportive dopée qui est en concurrence avec des sportives propres et ce n'est pas juste», a ainsi balancé l'Américaine Alysa Liu, 8e.

Aux Etats-Unis, les commentateurs de la chaîne NBC, dont les anciens patineurs Johnny Weir et Tara Lipinski, très remontés contre Valieva, sont restés silencieux pendant le programme court de la patineuse russe.



L'affaire Valieva a connu un nouveau développement avec les révélations du New York Times qui a eu accès aux documents présentés au TAS lors de l'audience à l'issue de laquelle l'instance arbitrale a autorisé la patineuse à poursuivre ses Jeux.

Dans l'échantillon prélevé le 25 décembre lors des Championnats de Russie outre la trimétazidine, une substance utilisée pour soigner les angines de poitrine et interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA) depuis 2014, car elle favoriserait la circulation sanguine, ont été identifiées deux autres substances, l'hypoxène et la L-Carnitine, qui ne sont pas, elles, interdites et que l'on retrouve notamment dans des compléments alimentaires.

Le verre du grand-père

Mardi, Denis Oswald, membre neuchâtelois du CIO, avait expliqué que «l'argumentation (de sa défense) avançait la contamination avec un produit que son grand-père prenait».

Les médias russes ont depuis rapporté que Valieva aurait bu dans le même verre que son grand-père, qui prend de la trimétazidine pour un problème cardiaque. Selon le NYT, ce dernier a dans un message vidéo pré-enregistré affirmé lors de l'audience du TAS prendre de la trimétazidine pour traiter des «attaques», montrant un paquet du médicament en sa possession.

La mère de Valieva a précisé à cette occasion que le grand-père de Valieva l'accompagnait quotidiennement à l'entraînement et que sa fille prenait de l'hypoxène en raison «d'arythmies cardiaques».

Avant son programme libre, la patineuse n'a pas beaucoup de certitude. Elle sait toutefois que, comme l'a annoncé le CIO, qu'il n'y aura pas cérémonie des fleurs, ni de remise de médailles si elle devait terminer à l'une des trois premières places. Et mercredi, le porte-parole du CIO, Mark Adams, a précisé qu'il y aurait un astérisque à côté des résultats de l'épreuve féminine de patinage artistique: «Ils seront considérés comme préliminaires tant que la procédure se poursuit.»