«Zai jian» Pékin, «buongiorno» Milan et Cortina d'Ampezzo! En 2026, les Jeux d'hiver reviendront en Italie, vingt ans après Turin, pour une édition étalée sur un territoire immense, par souci économique et environnemental de ne pas construire trop d'équipements.
«Partire non basta mai/è all'arrivo che scopri chi sei» ("Partir ne suffit jamais/c'est à l'arrivée que tu découvres qui tu es"): comme le clame l'une des chansons en lice pour devenir l'hymne officiel, il y a encore pas mal d'inconnues sur la route des prochains JO, les premiers officiellement co-organisés par deux villes (6-22 février 2026).
Milan et Cortina, à qui Pékin passera le relais dimanche lors de la cérémonie de clôture, ont été préférées en 2019 au duo suédois Stockholm/Are.
Après des destinations inédites en Russie (Sotchi en 2014) puis en Asie (Pyeongchang et Pékin), les Jeux olympiques d'hiver vont revenir sur le Vieux Continent, comme ceux d'été qu'organisera Paris en 2024, et vont surtout retrouver des sites historiques du ski: l'Italie a déjà accueilli l'événement en 1956, déjà à Cortina, avant 2006 à Turin.
Cortina, site des épreuves féminines de ski alpin, comme Bormio, pour celles masculines, sont aussi des étapes de la Coupe du monde.
Mais le défi logistique n'en est pas moins grand, sachant que les deux villes hôtes – situées dans deux régions différentes, la Lombardie et la Vénétie – sont éloignées de plus de 400 kilomètres (et quelque cinq heures) par la route.
San Siro en ouverture
La volonté des organisateurs est clairement de profiter au maximum des infrastructures sportives existantes pour limiter les impacts économiques et environnementaux, des points sur lesquels les JO d'hiver sont particulièrement scrutés.
L'édition 2022 a de nouveau alimenté le débat avec notamment le recours massif à la neige artificielle et des installations spécialement développées pour le ski alpin dans une région aride/semi-aride.
Comme un symbole du choix italien de miser sur l'existant, la cérémonie d'ouverture est prévue dans un stade qui fêtera alors ses 100 ans, le vénérable San Siro de Milan. Lequel pourrait vivre son chant du cygne, avant d'être éventuellement détruit pour laisser place à la nouvelle «Cathédrale» voulue par les deux clubs de football locaux, l'AC Milan et l'Inter.
Déjà planifiés
Les seuls sites neufs attendus en 2026 étaient «déjà planifiés, indépendamment des Jeux eux-mêmes», assurent les organisateurs: l'Arena PalaItalia, site du hockey sur glace, et le village olympique de Milan, reconverti ensuite en cité universitaire.
Les autres villages olympiques de Cortina et Livigno doivent être provisoires.
Sont aussi promis des Jeux «neutres» sur le plan climatique, avec recours exclusif aux énergies renouvelables «pendant l'événement», des mesures de compensation carbone et une attention particulière à la gestion de l'eau.
Une importante délégation italienne avait ainsi fait le voyage en Chine pour étudier «les thématiques centrales des transports, des stades et des équipements pour les athlètes», explique le président du Comité olympique italien (Coni) Giovanni Malago.
Plus vaste que la Slovénie
Certains sujets suscitent toutefois déjà des crispations, comme la piste de bob de Cortina. La région de Vénétie s'est engagée à réhabiliter la piste sur le site historique d'Eugenio Monti, utilisé lors des Jeux de 1956 mais abandonné depuis 2008.
Le coût des travaux – quelque 60 millions d'euros – et le manque d'avenir de cet équipement sont toutefois dénoncés par la Cipra, un collectif international d'ONG de défense des Alpes, qui plaide pour «des alternatives moins coûteuses et plus respectueuses de l'environnement», comme délocaliser les épreuves à Innsbruck-Igls, en Autriche (à 2h30 de Cortina).
La skieuse italienne Federica Brignone craint elle que l'ambiance festive des Jeux ne survive pas à l'éparpillement des compétitions sur 22'000 km2, une superficie supérieure à celle de la Slovénie voisine.
«D'un point de vue écologique ce sera mieux, mais pour l'esprit olympique, ce ne sera pas super», a déclaré la vice-championne olympique de géant à la presse italienne. Avant d'assurer, face à une polémique naissante, qu'elle ne «manquerait évidemment pas» ces Jeux, qu'elle y participe ou non (elle aura 35 ans).
Le choix italien «est un modèle auquel on doit s'habituer, car c'est le modèle qui rend possible la durabilité» des Jeux d'hiver, a assuré vendredi à Pékin Vincenzo Novari, directeur général de Milan/Cortina 2026.