Conflit ukrainien Le CIO retire l'Ordre olympique au président Poutine

ATS

28.2.2022 - 15:49

Un bannissement pur et simple des Russes et des Bélarusses du sport mondial pour prix de l'invasion de l'Ukraine: la spectaculaire recommandation du Comité international olympique lundi revêt un caractère historique pour une organisation d'ordinaire encline à rester à l'écart de la politique.

Vladimir Poutine se voit retirer l'Ordre olympique.
Vladimir Poutine se voit retirer l'Ordre olympique.
Keystone

Les annonces risquent désormais de se succéder: une source en connaissance du dossier a ainsi expliqué à l'AFP que la FIFA menaient des «discussions avancées» pour exclure la Russie du Mondial 2022, un événement planétaire dont elle était l'hôte en 2018.

Ses adversaires potentiels pour les barrages en mars, la Pologne, la République tchèque et la Suède, ont expliqué qu'ils n'affronteraient les Russes sous aucun prétexte.

Pour justifier sa recommandation, qui intervient à quelques jours du début des Jeux paralympiques (4-13 mars), le CIO met en avant un «dilemme»: «Alors que les athlètes de Russie et du Bélarus pourraient continuer à participer à des événements sportifs, de nombreux athlètes ukrainiens sont empêchés de le faire en raison de l'attaque contre leur pays.»

Pour le résoudre, elle «recommande aux Fédérations internationales de sport et aux organisateurs de manifestations sportives de ne pas inviter ou de permettre la participation d'athlètes et de représentants officiels russes et bélarusses aux compétitions internationales».

Si le CIO devait être massivement suivi par les fédérations internationales, la Russie rejoindrait la Yougoslavie de Slobodan Milosevic et l'Afrique du Sud de l'apartheid dans l'histoire des grands parias du sport international.

Décoration olympique retirée à Poutine

Autre mesure, symbolique mais forte, le CIO a aussi retiré «l'ordre olympique» à tous les hauts responsables russes, à commencer par le président Vladimir Poutine.

Toutefois, si «pour des raisons organisationnelles ou juridiques», il n'est pas possible d'empêcher la venue de sportifs russes, le CIO demande à ce qu'ils ne puissent pas être «autorisés à participer sous le nom de Russie ou de Bélarus». La question est particulièrement urgente pour les Jeux paralympiques, qui débutent vendredi.

«Lorsque, dans des circonstances très extrêmes», mettre en place ces mesures «n'est pas possible à court terme pour des raisons organisationnelles ou juridiques», le «CIO laisse à l'organisation concernée le soin de trouver sa propre voie».

Le Comité international «s'est notamment penché sur les prochains Jeux Paralympiques d'hiver» et «a réitéré son plein soutien au Comité international paralympique (IPC)» qui a prévu de s'exprimer mercredi.

Soutien aux sportifs antiguerre

Autre aspect spectaculaire de la communication du CIO lundi, sa rupture avec sa tradition d'exigence de neutralité des sportifs. Le CIO a ainsi salué «les nombreux appels à la paix lancés par les athlètes, les responsables sportifs et les membres de la communauté olympique mondiale». Il «admire et soutient en particulier les appels à la paix des athlètes russes», a-t-il poursuivi.

Le tennisman Andrey Rublev, le hockeyeur Alex Ovechkin ou le cycliste Pavel Sivakov, ont clairement dit leur opposition à la guerre engagée par leur pays. Ils sont désormais menacés de devoir en payer un prix professionnel élevé si leurs fédérations suivent les recommandations du CIO. Pour le footballeur international Fedor Smolov, c'est déjà le cas.

Sans attendre le CIO, plusieurs pays avaient déjà dit leur refus d'accepter la présence de Russes sur leur territoire pour y disputer des compétitions.

La finale de la Ligue des Champions a été retirée à Saint-Pétersbourg par l'UEFA qui s'apprête à rompre son contrat de sponsoring avec Gazprom, et le Grand Prix de Russie de Sotchi a été annulé, sept mois avant sa tenue prévue. Deux mesures très fortes touchant des événements symboliques du «soft power» sportif, politique d'influence assumée de la Russie de Vladimir Poutine.

Interrogé par l'AFP avant même la nouvelle déclaration du CIO, Pim Vershuuren, chercheur en géopolitique du sport, estimait déjà que les «décisions prises cette semaine étaient historiques, à la mesure du choc».