La fédération américaine de natation, USA Swimming va durcir son règlement pour les athlètes transgenres, en imposant un niveau limite de testostérone, une réponse à la polémique autour d'une nageuse universitaire, Lia Thomas, accusée d'être injustement avantagée parce que née homme.
La NCAA, qui régit le sport universitaire, avait déclaré en janvier qu'elle appliquerait désormais les règles édictées par USA Swimming, ce qui pourrait barrer la route à la nageuse de l'université de Pennsylvanie des prochaines compétitions. Une rencontre de l'Ivy League, qui regroupe les universités les plus prestigieuses, est prévue courant février, et les championnats nationaux NCAA, en mars.
La polémique autour des très bons résultats en natation de cette étudiante de 22 ans avait à nouveau posé la délicate question de la place des sportifs transgenres, entre souci d'inclusion et protection de l'équité sportive.
Elle a aussi pris un tour politique aux Etats-Unis, où plusieurs Etats conservateurs ont récemment adopté des lois pour barrer la route des jeunes filles transgenres au sport féminin à l'école. «Nous interdirons aux hommes de participer à des compétitions féminines», a aussi lancé Donald Trump, le 15 janvier, lors d'un meeting dans l'Arizona.
Records annuels
Dans ce contexte, USA Swimming annonce que des règles différentes s'appliqueront selon le niveau, élite ou non élite. Un règlement «applicable immédiatement», précise-t-elle.
Au niveau élite, la fédération évoque deux critères. D'une part, la «preuve que le développement physique antérieur de l'athlète, en tant qu'homme, et bien qu'atténué par toute intervention médicale, ne donne pas à l'athlète un avantage compétitif par rapport à ses concurrentes féminines cisgenres (personnes s'identifiant à leur sexe biologique de naissance, NDLR)».
D'autre part, «la preuve que la concentration de testostérone dans le sérum de l'athlète a été inférieure à 5 nmol/L de façon continue pendant une période d'au moins trente-six mois avant la date de la demande», ajoute USA Swimming.
La polémique autour de Lia Thomas, 22 ans, était née de ses très bons résultats cette saison, la première chez les femmes. Début décembre, à Akron (Ohio), elle a réalisé les meilleures performances de l'année au niveau universitaire sur 200 yards (183 mètres) libre (1 min 41 sec 93") et sur 500 yards (457 mètres) libre (4 min 34 sec 06").
La nageuse a respecté les règles de la NCAA, en se soumettant à un traitement de suppression de la testostérone d'un an. Mais certaines organisations, comme le Women's sports policy working group, ont jugé ces règles insuffisantes, notamment dans le cas où une athlète a entamé sa transition après la puberté.
Lia Thomas avait entamé sa transition en mai 2019, avec un traitement hormonal, a-t-elle raconté dans le podcast «TheSwimSwam».
Certains médias américains se sont faits l'écho d'un sentiment d'injustice ressenti par les coéquipières ou adversaires de Lia Thomas. Mardi, une partie de ses camarades lui a en revanche apporté son soutien dans une déclaration, en assurant que «les sentiments mis en avant par un membre anonyme de l'équipe» de Penn ne reflétait pas l'ensemble du groupe.
La fédération internationale d'athlétisme (World Athletics) impose aussi des limites de testostérone (depuis 2019, moins de 5 nmol/l pendant douze mois). C'est sur cette base que l'athlète transgenre CeCe Telfer avait été exclue des sélections olympiques américaines, en juin 2021.
Cinq mois après la première participation aux JO d'été d'une sportive transgenre, en haltérophilie, la question reste un casse-tête pour les institutions sportives.
En novembre, le Comité International Olympique (CIO) a renvoyé la balle à chaque sport, en soulignant l'absence de «consensus scientifique sur le rôle de la testostérone dans la performance dans l'ensemble des sports».