Jeannine Gmelin «S’il s'agit de cocher une case, je ne suis pas la bonne personne»

ATS, par Sascha Fey

18.11.2024 - 15:52

Jeannine Gmelin, championne du monde de skiff en 2017, tourne définitivement la page. Dans une interview accordée à l'agence de presse Keystone-ATS, la Zurichoise de 34 ans évoque les raisons derrière son retrait définitif de l'aviron, ce qui la rend fière de sa carrière et ses prochains projets.

Jeannine Gmelin a décidé de prendre sa retraite (archive).
Jeannine Gmelin a décidé de prendre sa retraite (archive).
KEYSTONE

Jeannine Gmelin, vous avez décidé de prendre définitivement votre retraite de l'aviron. Pourquoi?

«J'ai le sentiment d'avoir tout épuisé en moi. Je ne vois pas comment je pourrais encore évoluer intensivement dans l'aviron. C'est le point essentiel pour moi. Ce qui me motive, c'est évoluer, apprendre et me lancer des défis. Mais ce n'est plus possible pour moi dans ce sport désormais. Le plaisir et la passion en pâtiraient et je veux éviter cela à tout prix. J'aime toujours aller ramer, mais je ne veux plus passer 20 heures par semaine sur l'eau.»

La décision a donc été facile à prendre pour vous?

«On peut dire ça. Ce n'est certainement pas comme si j'avais pris la décision du jour au lendemain, mais c'était une chose évidente. Ce sentiment a facilité la chose.»

Quelle était l'importance pour vous d'essayer de participer aux Jeux olympiques de Paris après votre première retraite en janvier 2023 suite au décès de votre entraîneur et partenaire Robin Dowell?

«C'était extrêmement important pour moi. C'est l'élément central qui me permet aujourd'hui de faire ce pas avec courage. Grâce à ce tour d'honneur, j'ai pu faire mes adieux dans les conditions que je souhaitais.»

Qu'est-ce qui vous rend le plus fier lorsque vous regardez dans le rétroviseur?

«La constance, très clairement. J'ai toujours fait partie du top 5 mondial pendant environ six ans. Peu de gens y sont parvenus»

Peu de gens vous croyaient capable d'atteindre l'élite mondiale, notamment en raison de votre taille de 1,70 m, qui est petite pour l'aviron. Est-ce que cela vous a motivé davantage?

«Je n'ai jamais voulu prouver quelque chose à qui que ce soit. Je peux dire en toute conscience que je ne suis pas une personne extrêmement compétitive en soi, mais je le suis avec moi-même. J'avais la conviction en moi que c'était ma voie. J'aurais fini par regretter de ne pas avoir osé.»

«Il faut une ouverture et une prise de conscience, ce que je ne vois pas pour l'instant»

Jeannine Gmelin

à propos de Swiss Rowing

Vous imaginez-vous rester dans l'aviron et transmettre votre immense expérience à la génération suivante de Swiss Rowing?

«En principe oui, mais cela doit être accepté par la fédération. Il faut pour cela une ouverture et une prise de conscience, ce que je ne vois pas pour l'instant en toute honnêteté. Si quelqu'un souhaite travailler avec moi parce qu'il apprécie mes valeurs et ma personne, je le ferai volontiers. Mais s'il s'agit seulement de cocher une case, alors je ne suis pas la bonne personne. Je ne suis pas prêt à investir mon énergie dans quelque chose dont je n'ai pas l'impression qu'il portera ses fruits.»

Alors, où voyez-vous votre avenir immédiat?

«J'aimerais travailler avec des personnes dans le domaine du développement personnel, la forme exacte de ce travail reste ouverte. Je consacrerai également du temps à la commission des athlètes de Swiss Olympic, qui me tient à cœur.»

ATS, par Sascha Fey