Lea Sprunger vivra ses derniers championnats d'Europe en salle ce week-end à Torun. "J'ai compris en passant à 2021 que tout ce que j'allais faire, je le ferais pour la dernière fois. Je n'ai donc aucune envie de me mettre des barrières", lâche-t-elle.
"J'ai commencé l'année avec cette philosophie", souligne la Vaudoise, qui fêtera ses 31 ans vendredi. "J'ai appliqué cette maxime en osant soulever des poids plus lourds que d'habitude à l'entraînement, ce qui m'a permis d'accroître ma force", précise la protégée du coach Laurent Meuwly.
"J'ai envie de savourer chaque moment. Je veux vivre ces émotions et les partager", avec comme unique véritable objectif celui de pouvoir donner jusqu'à son ultime souffle en finale du 400 m haies des JO de Tokyo le 4 août prochain. Pour quitter la scène sans le moindre regret au terme d'une magnifique carrière déjà bien remplie.
Lea Sprunger veut profiter du moment présent. Comme elle entend profiter au maximum de la densité de son groupe d'entraînement et de la présence du phénomène Femke Bol (21 ans), dont le nouveau record personnel sur 400 m indoor (50''64) est déjà nettement inférieur au record de Suisse de la Ginginnoise (51''28), ou de Lieke Klaver.
"C'est un avantage énorme pour moi de m'entraîner au sein d'un groupe de cette qualité. Je dois toujours sortir de ma zone de confort, je n'en avais pas l'habitude. Mais j'adore ce défi. C'est hyper positif pour moi aussi de voir les progrès de Femke et de Lieke", assure la championne d'Europe 2018 du 400 m haies.
Mais la pression est tout de même bien là avant ces Européens en salle, même si ce n'est pas la perspective de devoir défendre un titre qui l'engendre. "Je suis 11e dans la liste des engagées" avec un meilleur temps 2021 de 52''22. "Mon objectif premier est donc d'atteindre la finale des six meilleures", glisse-t-elle.
"Ca reste un grand championnat, l'envie de bien faire est présente, la pression forcément aussi", rappelle Lea Sprunger, qui précise s'être demandée si une participation à ces joutes lui serait profitable dans l'optique de Tokyo. "Mais je suis une compétitrice, et cela fait longtemps qu'on n'a pas eu de compétition."
Sans vouloir dénigrer le niveau moyen des meetings de l'été 2020 ou celui de championnats de Suisse, Lea Sprunger n'a pas été confrontée à une telle opposition depuis le 4 octobre 2019 et sa 4e place en finale des Mondiaux de Doha. Elle a besoin de se mesurer à ses rivales, même si elle ne les retrouvera pas toutes sur 400 m haies.
Et la Vaudoise ne part certainement pas battue d'avance à Torun, où les séries et demi-finales du 400 m sont prévues vendredi alors que la finale est programmée samedi soir. "Je suis lucide, ce serait un sacré exploit si je conservais mon titre. Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'expérience à faire valoir", lâche-t-elle.
La douleur à un muscle fléchisseur de la hanche, qui l'avait contrainte à renoncer au 200 m des championnats de Suisse il y a dix jours, ne la gêne par ailleurs plus. Lea Sprunger est prête à tout donner à Torun, dans une salle qu'elle adore. "Tout sera possible si j'atteins la finale. Tout peut arriver en salle", rappelle-t-elle.
"J'espère monter sur l'une des trois marches du podium", explique encore Lea Sprunger, qui s'est confiée lors d'une conférence de presse virtuelle organisée par Swiss Athletics. "C'est ma dernière chance de briller dans des Européens, je veux le voir comme un avantage pour moi", conclut-elle.