Tour de France Deux ans de prison pour la femme à la pancarte ?

ATS

1.7.2021 - 20:13

La garde à vue de la spectatrice soupçonnée d'être à l'origine samedi en Bretagne d'une chute massive dans le peloton du Tour de France, qui a fait plusieurs blessés parmi les coureurs, a été prolongée. Le parquet de Brest l'a confirmé, assurant que la jeune femme avait exprimé un «sentiment de honte».

La spectatrice à l'origine d'une chute massive dans le peloton du Tour de France risque jusqu'à deux ans d'emprisonnement.
La spectatrice à l'origine d'une chute massive dans le peloton du Tour de France risque jusqu'à deux ans d'emprisonnement.
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«La garde à vue est prolongée ce jour afin de permettre la finalisation des actes en cours», a indiqué le procureur de la République de Brest Camille Miansoni lors d'une conférence de presse, précisant qu'il s'agissait notamment de poursuivre les investigations sur «les aspects médico-légaux», certains coureurs blessés ayant poursuivi la course.

«La mise en cause a exprimé un sentiment de honte, de peur face aux conséquences de son acte. Elle se dit angoissée par le retentissement médiatique de ce qu'elle appelle «sa bêtise"», a-t-il souligné, précisant qu'elle avait été placée en garde à vue pour «mise en danger d'autrui par manquement délibéré à une obligation de prudence et de sécurité», ainsi que pour «blessures involontaires avec incapacité n'excédant pas trois mois». Elle encourt au maximum une peine de deux ans d'emprisonnement, a-t-il précisé.

Fragilités personnelles

La jeune femme, âgée de trente ans et résidant dans le Nord-Finistère, s'est rendue mercredi à la mi-journée à la gendarmerie de Landerneau, chargée de l'enquête. Cependant, les gendarmes l'avaient «formellement identifiée» le matin même et s'apprêtaient à aller l'interpeller au moment où elle s'est présentée.

Le commandant du groupement de gendarmerie du Finistère, le colonel Nicolas Duvinage a lancé de son côté lors de la conférence de presse un appel au calme sur les réseaux sociaux, évoquant des messages «frisant l'appel à la violence». «Il est important de garder la tête froide sur cette affaire», a-t-il estimé, évoquant «des fragilités personnelles» de la personne mise en cause.



Allez opi-omi

Samedi, lors de la première étape du Tour, une spectatrice qui agitait une pancarte en tournant le dos au sens de la course avait été percutée par le peloton, provoquant la chute de nombreux coureurs à 45 km de l'arrivée. Plusieurs cyclistes ont été blessés et ont dû abandonner l'épreuve à la suite de l'accident. Un appel à témoins avait été lancé dans la soirée pour la retrouver.

Sur la pancarte de la femme, vêtue d'un ciré jaune et portant une casquette verte, on pouvait lire «Allez opi-omi!», ce qui signifie en allemand «Allez papy-mamie!». Il s'agissait «d'un message affectueux à l'attention de ses grands-parents», a expliqué M. Miansoni, précisant que sa grand-mère était d'origine allemande.

Le Tour retire sa plainte

Le Tour de France, qui avait porté plainte à son encontre, a finalement décidé jeudi de retirer sa plainte. «Cela a pris des proportions folles, a déclaré le directeur du Tour Christian Prudhomme. Nous voulons apaiser les choses et surtout que le message passe auprès du public. Il s'agit de rappeler les mesures de précaution sur la route du Tour.»

Une autre plainte a été déposée par l'association suisse Cyclistes professionnels associés, a précisé M. Miansoni.

«Il y a toujours eu des imprudences de spectateurs pendant le Tour», a souligné Joël Pelier, ancien coureur professionnel. «Dans tous les sports il y a des dangers et puis la particularité du cyclisme c'est que c'est un sport qui se pratique sur la voie publique», a ajouté celui qui a participé à quatre Tours de France entre 1985 et 1989.

Depuis le début, le Tour a été marqué par plusieurs chutes spectaculaires.