Enfin une vraie étape de transition au Giro! L'Allemand Nico Denz a levé les bras à l'issue d'une longue échappée à Rivoli lors de la 12e étape du Tour d'Italie, qui a connu sa première journée de répit depuis le départ.
Il y a certes eu encore quatre abandons - Mikaël Cherel, Harm Vanhoucke, Kaden Groves et Alessandro Covi -, portant à 40 le nombre de coureurs qui ont plié bagage après seulement 12 étapes dans cette 106e édition accablée par le Covid, les chutes et une météo épouvantable. Mais les chutes sont restées limitées et la pluie légère sur les 185 km menant le peloton sur un rythme de sénateur jusqu'au pied des Alpes.
Le Britannique Geraint Thomas (Ineos), arrivé en compagnie des autres favoris avec plus de huit minutes de retard sur le vainqueur, a pu, pour la première fois, promener tranquillement son maillot rose de leader. «C'était beaucoup plus calme. L'équipe a bien contrôlé la course. Il n'y avait personne de dangereux pour le général dans l'échappée. C'était une bonne journée», a commenté le Gallois.
Comme Rocky
Les autres coureurs du top 10 pouvaient également souffler. A l'image de Primoz Roglic, deuxième à deux secondes de Thomas et principal favori depuis l'abandon de Remco Evenepoel, qui racontait au départ comment il s'inspirait de Rocky, le boxeur, pour «survivre» dans ce Giro apocalyptique.
«Comme disait Rocky: la question n'est pas de savoir à quel point tu peux frapper fort, mais à quel point tu es capable d'encaisser et d'aller quand même de l'avant», déclarait le Slovène de 33 ans, hilare, malgré la profonde entaille à la hanche subie dans une chute la veille.
La proximité de la première grande étape de montagne qui mènera les coureurs vendredi à Crans Montana, en Suisse, a sans doute contribué au scénario paisible et prévisible de la journée: celui d'une échappée au long cours.
Première pour Denz
Une trentaine de coureurs sont donc partis presque dès le départ, avant de se fractionner en petits groupes. A l'arrivée, il en restait trois, le Letton Toms Skujins, l'Australien Sebastian Berwick et l'Allemand Nico Denz (Bora) qui a battu ses deux compagnons de «fuga» au sprint pour empocher, à 29 ans, la plus belle victoire de sa carrière, alors qu'il ne devait même pas être là.
«Je n'étais pas désigné dans l'équipe pour aller dans l'échappée, ce devait être Konnie (Patrick Konrad) et Bob (Jungels). Mais Bob ne se sentait pas trop bien et j'ai eu le feu vert», a-t-il raconté, extatique.
«Quand je suis arrivé dans l'échappée, j'ai regardé autour de moi et je n'ai vu que des monstres, que des cadors», a-t-il ajouté. Mais il s'est accroché comme un diable, notamment dans la dernière ascension, pour surprendre tout le monde à l'arrivée. «Je suis très fier de moi», a-t-il dit.
Le répit accordé au peloton risque d'être bref. Car la route va s'élever fortement vendredi avec, au programme, trois cols de 1re catégorie, la catégorie la plus élevée sur le Giro.
Enneigement
L'étape sera un peu moins difficile que prévu puisque les coureurs, contrairement à Napoléon Bonaparte en 1800, n'iront pas jusqu'au sommet du col du Grand-Saint-Bernard à cause d'un enneigement trop important. Le peloton passera 600 mètres plus bas par le tunnel, avant d'attaquer la redoutable Croix-de-Coeur (15,4 km à 8,8%) et d'entamer la montée finale vers Crans Montana, elle aussi bien corsée (13,1 km à 7,2%).
L'occasion d'une première grande explication entre favoris, avant la troisième semaine qui s'annonce particulièrement sportive dans les Dolomites.