Genève-Servette champion Cigares, bières et liesse sur la glace des Vernets

ats

28.4.2023 - 10:09

Champion de Suisse pour la première fois de son histoire, Genève-Servette a eu le droit de brandir le trophée de National League. Certains n'ont toujours pas réalisé ce qu'ils ont accompli.

Keystone-SDA, ats

Quand le directeur de la National League Denis Vaucher a tendu la coupe de champion au capitaine Noah Rod, ce fut un petit moment d'histoire du hockey romand. Un événement que ce coin de pays n'avait jamais connu depuis l'introduction des play-off.

«C'est moi le capitaine, mais j'ai juste une immense fierté d'avoir pu me battre avec des gars pareils, raconte-t-il quelques minutes après, sur une glace envahie par les compagnes et les enfants des joueurs. C'est rare d'avoir une équipe aussi forte. Chaque gars dans cette équipe a sacrifié énormément. Chacun a dû mettre son égo de côté.»

Les yeux un peu mouillés, Jan Cadieux répond aux nombreuses sollicitations, alors que Robert Mayer tire sur un cigare et que les autres joueurs du GSHC descendent les bières à vitesse V. Toujours très humble, le coach grenat semble toujours dans son match au moment où les micros fleurissent devant lui. Quand on lui demande ce qu'il ressent quelques minutes après avoir remporté le titre de champion, le fils de Paul-André surprend son auditoire «Rien du tout. Je crois que j'ai encore énormément de peine à réaliser ce qu'on a fait.»

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Un unique but

Avec 67 victoires en 101 matches, Jan Cadieux affiche un bilan de coach extrêmement positif. Son seul bémol, c'est d'avoir été battu en pré-play-off par Lugano la saison passée. Mais cette défaite en deux rencontres fut certainement l'un des actes fondateurs de ce titre douze mois plus tard. «Le fondement, c'est vraiment la défaite en pré-play-off la saison passée, juge-t-il. Je l'ai prise personnellement et j'ai passé l'été à ruminer dans le noir. Après notre élimination, j'ai dit à Franzen de prendre trois jours de pause et qu'ensuite on se mettrait au boulot.»

Et l'entraîneur genevois de rappeler un autre épisode de cette même période: «J'ai toujours dit depuis avril l'an dernier et le début de l'entraînement d'été qu'on avait qu'un seul but. Je suis arrivé dans le vestiaire avec une photo et je leur ai dit: «C'est ça ou rien!» Ils m'ont tous regardé en se disant que j'étais bizarre. Certains sont partis en petit groupe et ils ont dit que je n'avais jamais rien gagné. «Mais qu'est-ce qui lui passe par la tête!» Et ben ce soir ils l'ont fait. C'est une année de travail qui se concrétise.»

Le temps des sacrifices

Si son coach parle de travail, Noah Rod aime utiliser le terme de sacrifices. Au pluriel, car de nombreux joueurs ont visiblement serré les dents. «Elle est belle, mais vous ne connaissez que 10% de l'histoire, explique le capitaine grenat. Il y a des choses qui se sont passées pendant ces play-off que l'on ne peut même pas dire aux médias. Mais pour vous dire, Cadieux m'a conduit au Tessin le dimanche de Pâques pour faire des infiltrations, un nouveau traitement pour ma cheville. Il a planté toute sa famille, moi la mienne pour quelque chose d'inédit. Et on ne savait pas si ça allait fonctionner. Il y a plein de joueurs qui ont sacrifié énormément, les gens ne se rendent pas compte. Mais pu... c'est beau!»

Lors de cette finalissima remportée 4-1 face à Bienne, les quatre réussites genevoises ont été inscrites par les étrangers. Détonateur, Sami Vatanen a réalisé un solo de grande classe pour ouvrir le score et lancer son équipe sur les rails de la victoire. Ou quand le talent aide le travail.

Jan «venge» Paul-André

«Le facteur déterminant, c'est qu'on a joué en équipe, analyse Jan Cadieux. Je leur ai dit dès le premier jour que le talent allait faire la différence. On a vu ce soir que le talent a fait la différence. Mais il fallait se mettre en position pour que le talent puisse agir. D'abord la structure et le travail, et ensuite le talent pour faire la différence.»

Champion en tant que joueur avec Lugano en 2003, Jan Cadieux avait pourtant perdu quatre finales en tant que joueur et une en tant qu'assistant. Sans que l'étiquette de loser lui colle à la peau, l'Helvète aux racines canadiennes a remis les pendules à l'heure et «vengé» son père, titré en tant que joueur, mais jamais en tant qu'entraîneur.

«Le coach Cadieux a beaucoup appris, conclut-il. La seule chose qui me désole, c'est que mon père n'ait pas pu être là ce soir. Mais il a tellement fait pour le hockey suisse que j'ai encore beaucoup de temps pour le rattraper. L'objectif c'est d'y arriver un jour, mais il y a encore beaucoup de travail.»

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