Comme Vladimir Petkovic lors du tour préliminaire de l'Euro 2021, Murat Yakin devra répondre à une question brûlante à l'heure d'entamer sa première campagne «pleine et entière» à la tête de l'équipe de Suisse : la vie est-elle possible sans Xherdan Shaqiri?
L'absence de l'homme aux 112 sélections va peser samedi à Novi Sad face à la Biélorussie et trois jours plus tard à Genève contre Israël lors des deux premières rencontres de l'équipe de Suisse dans un tour préliminaire de l'Euro 2024 qu'elle doit – degré d'exigence oblige – maitriser à la perfection. Touché aux ischio-jambiers il y a dix jours avec Chicago, le Bâlois a officialisé son forfait dimanche.
Les suiveurs de l'équipe de Suisse ne pourront donc pas lui demander de revenir sur la frustration qu'il avait pu exprimer dans la nuit du 6 décembre à Doha devant le coup de poker tenté par Murat Yakin avec sa défense à trois contre le Portugal dont, dit-il, il avait été trop longtemps laissé dans l'ignorance. Ce changement tactique abrupt l'avait desservi alors qu'il avait livré deux performances de choix lors des matches qu'il avait disputés en phase de poules: un délicieux assist du droit pour l'ouverture du score de Breel Embolo contre le Cameroun et un but et deux impulsions décisives sur les deux autres réussites de l'équipe contre la Serbie.
Celui qui allume la lumière
Ces mêmes suiveurs n'ont pas besoin de ce petit rappel pour mesurer le rôle essentiel tenu par Xherdan Shaqiri en sélection. Malgré son exil en MLS et le poids des ans – il en a eu 31 en octobre dernier –, il a démontré au Qatar qu'il demeurait bien l'atout maître de l'équipe. Sans mésestimer une seule seconde l'importance des trois «tauliers» de la sélection que sont Yann Sommer, Manuel Akanjki et le capitaine Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri est depuis des années celui qui peut, sur un geste ou une inspiration, allumer la lumière.
A défaut d'avoir toujours des inspirations géniales comme le rappellera à jamais le douloureux souvenir du huitième de finale de la dernière Coupe du monde, Murat Yakin a souvent un coup d'avance. Tout indique que le sélectionneur réservera un rôle en vue à Fabian Rieder lors de ses deux prochains matches. Etincelant lors des deux dernières rencontres des Young Boys contre Sion et Bâle, le demi de 21 ans est, semble-t-il, prêt à relever le défi. A prendre le relais de son ainé.
L'heure de Fabian Rieder
Au Qatar, le gaucher n'avait pas tremblé une seule seconde à l'instant de vivre ses premières minutes en sélection dans une fin de rencontre crispante contre le Cameroun. Il avait ensuite su tenir sa place face au Brésil pour sa première titularisation.
Mais à Novid Sad et à Genève, on lui demandera de lâcher davantage les chevaux, de jouer dans le registre qui est le sien aujourd'hui avec les Young Boys. Placé à la tête du milieu en losange de Raphaël Wicky, le Bernois ne cesse de briller pour emmener les siens vers le titre qu'il veut impérativement gagner avant de partir vers d'autres cieux.
Cet été, tout indique que Fabian Rieder va battre le record du transfert le plus onéreux des Young Boys, c'est-à-dire les 13 millions de francs déboursés par le Borussia Mönchengladbach en 2017 pour Denis Zakaria. Les deux matches qui arrivent peuvent lui permettre de convaincre définitivement les – nombreux – clubs qui se pressent à la porte du bureau de Christoph Spycher et de Steve von Bergen, les deux hommes qui ont magistralement guidé la carrière de leur joyau.