Neuchâtel Xamax a choisi de survivre. Son refus de la prise de risque contre la FC Sion lui rapporte un petit point (0-0) qui n'hypothèque pas ses espoirs de maintien en Super League. De son côté, le FC St-Gall a repris la tête du classement.
Il est permis de se demander si ce derby aurait connu une dynamique identique s'il s'était disputé mercredi, comme cela était prévu initialement. Mais puisque les conditions de préparation, avec la Swiss Football League en ligne de mire, ont été fustigées dans les deux camps, il n'y a pas de raison de penser que les approches auraient été différentes.
Et surtout que Neuchâtel Xamax aurait en fait décidé d'aborder cette rencontre la fleur au fusil. Car si le résultat nul et vierge doit avoir un coupable, il est à placer dans le camp neuchâtelois. Car jeudi, les Rouge et Noir se sont principalement préoccupés de fermer les espaces et se montrer présents dans les duels. C'était assumé, au point que Raphaël Nuzzolo s'en est félicité: «D'un point de vue défensif, j'ai trouvé que nous étions vraiment bien. Nous avons fait beaucoup mieux que contre Thoune. Nous voulions en effet corriger les erreurs que nous avons faites dimanche (réd: défaite 3-0).»
Les Neuchâtelois ont fait le pari de la survie. Xavier Kouassi évoque «de la prudence». L'attitude est-elle légitime dans la situation de Xamax, qui a certes gelé son retard de quatre points sur Sion (qui a un match à rattraper) et cinq sur Thoune? «C'est vrai qu'il faudra prendre plus de risques pour espérer se maintenir, conçoit Nuzzolo. Mais le fait de ne pas encaisser de but, c'est la preuve que l'équipe vit encore.» A refuser le jeu, cela ressemble plutôt à une mort à petit feu.
La technique éteinte
Car sur ce match contre Sion, il n'y a pas vraiment eu d'arguments offensifs rassurants. La meilleure opportunité neuchâteloise est venue d'un coup franc excentré, à la suite duquel Diafra Sakho a vu Kevin Fickentscher s'interposer devant sa tête plongeante (28e).
Dans le jeu, en revanche, cela a frôlé le néant. D'aucuns en ont directement souffert, à l'instar des quelques joueurs qui ont tendance à plutôt miser sur la technique que le combat physique. Musa Araz, sorti à l'heure de jeu pour le moins fin mais plus remuant Thibault Corbaz, a par exemple été éteint par l'approche de Stéphane Henchoz. Celui-ci s'est surtout attelé à haranguer son équipe pour tout ce qui avait trait à la phase sans ballon.
Peut-être a-t-il bien fait, car n'importe quelle petite situation valaisanne semblait pouvoir se finir en grosse opportunité. Il faut dire que la défense xamaxienne n'affichait pas la vitesse qui aurait pu lui permettre de couvrir la profondeur. A l'instar d'un Johan Djourou qui n'aura tenu qu'une mi-temps à courir derrière Ermir Lenjani. L'ex-international suisse, qui revenait d'une blessure au genou, est sorti touché et n'a donc une fois de plus pas fini le match.
Sion doit être «plus tueur»
Cela n'a pas permis à Sion de prendre trois points qui semblaient à sa portée. Les Valaisans ont pourtant eu des possibilités. Que ce soit par Lenjani, Robert Uldrikis ou Pajtim Kasami. Sans réussite, mais surtout sans conviction. «Je regrette ces occasions, a lancé Fickentscher. Nous devons être plus tueurs, avec la volonté de faire mal. Il faut être convaincu de la mettre au fond.» Outre son arrêt devant Sakho, le portier sédunois n'a tremblé qu'à la dernière seconde, lorsqu'une reprise de Taulant Seferi a légèrement touché la barre de son but.
Sion évoluait alors à dix, après l'expulsion de Christian Zock pour un second carton jaune à l'orée de l'ultime quart-d'heure. Une indiscipline qui n'est pas totalement sans conséquence, car les joueurs de Paolo Tramezzani n'ont pas pu insister jusqu'au bout. Reste que malgré leur fraîcheur relative (ils n'avaient plus joué depuis huit jours, puisque le match contre Zurich de samedi a été repoussé), on ne peut pas non plus considérer que la victoire leur a échappé.
Pas habitués par Paolo Tramezzani à être dans la création, ils ont peiné à concrétiser leur maîtrise globale. Cela se relativise: le résultat final les sert sans doute plus que leurs adversaires du jour. L'avance sur Xamax, le très mince retard d'une unité sur Thoune et surtout le match à rattraper contre Zurich sont de nature à vivre l'avenir avec un petit peu de sérénité. Tout le monde ne peut pas s'en targuer.
St-Gall écrase Lucerne
A noter qu'en haut du classement, Saint-Gall a conservé sa place de leader grâce à sa très nette victoire 4-1 sur Lucerne. Il a suffi de moins d'une demi-heure aux Brodeurs pour régler la question, avec un but de Ribeiro et un doublé d'Itten. Quintilla a lui inscrit le quatrième sur penalty. De quoi garder un point d'avance sur Young Boys et de s'assurer une place en Coupe d'Europe la saison prochaine.