Dix ans après sa dernière participation, la Suisse va participer à nouveau à un Euro. Dès jeudi, la sélection de Mauro Lustrinelli aura pour but de marcher sur les pas de ses illustres prédécesseurs.
Il y a une trace. Les Frei, Magnin, Grichting ou Cabanas l'ont ouverte en 2002, en Suisse, où ils n'avaient échoué qu'en demi-finale devant la France. Neuf ans plus tard, au Danemark, Xhaka et Shaqiri, accompagnés de Sommer, Mehmedi et Gavranovic, avaient atteint la finale (défaite 2-0 contre l'Espagne). Quid des Zeqiri, Lotomba, Stergiou ou Racioppi, dans leur escapade slovène, où ils ont débarqué ce mardi?
Le temps le dira. Mais un Euro des moins de 21 ans n'a rien d'anodin. Passer par là, c'est exister dans le monde professionnel. Surtout, ainsi que l'ont témoigné les générations précédentes, c'est dessiner l'avenir de l'équipe de Suisse. Celle qui doit continuer à être présente dans les grandes compétitions internationales et – peut-être – briser le plafond de verre qui la contraint à ne pas voir plus haut que les 8es de finale jusqu'ici.
Format nouveau
Alors performer dans un Championnat d'Europe permet de se faire plus que des illusions. Même si l'édition qui doit débuter mercredi en Hongrie et en Slovénie propose un format nouveau, plus éclaté. Lorsque huit sélections se qualifiaient jusqu'en 2015, puis douze en 2017 et 2019, il y en a désormais seize cette année. Et en deux phases, mais cela est dû à la pandémie mondiale qui a bouleversé les plans et a incité l'UEFA à trouver une solution pour ne pas superposer l'Euro des grands et des moins grands.
Si la Suisse M21 de Mauro Lustrinelli entend marcher sur les pas de celles de Bernard Challandes, puis de Pierluigi Tami, il faudra donc passer la phase de poules de ces dix prochains jours.
Les deux premiers des quatre groupes se qualifieront ensuite pour la phase finale fin mai-début juin. Qu'on se le dise, l'entreprise est ardue: car la Suisse s'apprête à affronter l'Angleterre (jeudi), la Croatie (dimanche) et le Portugal (mercredi prochain). Des gros morceaux.
Oui, mais. Mais les Rougets ont réalisé un parcours de qualification exemplaire, avec neuf victoires et une seule défaite lors du dernier match en France (3-1 en novembre), dans une rencontre à l'enjeu relatif. Mais aussi ce groupe parle de football par le prisme de l'état d'esprit avant tout, comme s'il y avait plus qu'une agrégation d'invidualités et même plus qu'une équipe sur le terrain. Et c'est ce qui pourrait valider l'hypothèse de l'exploit.
Une «expérience» internationale pour les joueurs
«Nous avons une équipe soudée qui en veut, qui peut miser sur un incroyable état d'esprit et nous avons envie de tout donner, en nous focalisant sur nous plus que sur les adversaires», brandit Jordan Lotomba, leader désigné et assumé. «Nous avons grandi ensemble, développe Lustrinelli. Chaque victoire te donne encore plus de confiance et aide au renforcement des idées de mission et d'identification au groupe. La plupart des matchs que nous avons gagné l'ont été grâce au groupe. Pour aller chercher des succès en fin de match grâce à des remplaçants, il faut avoir des valeurs très fortes.»
Il faut également une sélection compétitive. Celle retenue par le Tessinois de 45 ans a quelque chose d'hétérogène: des joueurs entre 19 et 23 ans, huit évoluant à l'étranger, douze en Super League et trois en Challenge League et surtout des temps de jeu très variables.
Quand Andi Zeqiri hérite de bouts de matchs à Brighton et que Bastien Toma et Simon Sohm ne sortent plus beaucoup du banc de Genk et Parme, Cedric Zesiger (YB), Leonidas Stergiou (Saint-Gall) ou Toni Domgjoni (Zurich) sont souvent indiscutables en club. Et Petar Pusic est l'un des leaders techiques de GC.
«Cet Euro va donner une expérience à ces joueurs, considère le sélectionneur. Cela fait dix ans que la Suisse n'y a plus participé. Et les clubs de Super League n'ont pas eu souvent la possibilité d'offrir de telles expériences. Avec les M21, on va avoir une plateforme importante pour nous mesurer aux autres.» Manière aussi de rappeler qu'un Euro Espoirs n'est pas une finalité, mais un petit sommet qui doit mener vers les plus grands. Reste que la voie ouverte en 2002 et prolongée en 2011 incarne celle à suivre.
vasc, ats