Dans les couloirs de la National Arena de Bucarest, Granit Xhaka a accompli mardi soir un virage à 180 degrés qui laisse pantois. A la question de savoir si Murat Yakin sera toujours à la barre l’été prochain à l’Euro, le capitaine a répondu qu’il... l’espérait.
«Que peut faire l’entraîneur si nous sommes incapables de concrétiser nos occasions ? Nous les joueurs, nous devons assumer notre responsabilité dans cette défaite», explique-t-il.
Ce revers 1-0 face à une Roumanie sans grand génie fait effectivement tache. Il donne en quelque sorte le bonnet d’âne à l’équipe de Suisse. Elle est, en effet, l’équipe qui présente le bilan le plus médiocre avec ses quatre victoires, cinq nuls et une défaite parmi les vingt qualifiées directement pour la phase finale de l’Euro 2024.
Un mal-être
Même s’il précise qu’«il est normal de ne pas partager parfois le même avis», le discours de Granit Xhaka détonne au soir de ce dernier match d’un tour préliminaire qui a tourné au pensum. Celui qui «croit toujours au potentiel de l’équipe de Suisse» n’a pas vraiment démontré sur la pelouse qu’il adhérait pleinement au projet de son sélectionneur.
Repositionné en no 6 dans le système en 3-4-3 instauré mardi soir, le capitaine fut loin d’exercer le même rayonnement que dans son club de Leverkusen avec lequel il survole actuellement la Bundesliga. Une perte de ballon à la 20e minute à l’orée de la surface presque incompréhensible pour un joueur de son talent et une nervosité excessive en fin de rencontre témoignaient de son mal-être.
La nouvelle posture du capitaine pourrait inciter l’Association Suisse de Football (ASF) à ne pas actionner le couperet comme le réclament pourtant la presse et des supporters au bord du désamour. La présence confirmée de Murat Yakin le 2 décembre à Hambourg au tirage au sort de la phase finale est un indice qui conforte ce sentiment. Comme son sélectionneur, l’ASF n’a pas vraiment de plan B.
Un seul candidat
On voit mal comment Pierluigi Tami, coupable de n’avoir pas serré la bride à Murat Yakin, pourrait trouver les mots pour convaincre Lucien Favre de monter à bord. Aujourd'hui, le Vaudois est le seul en mesure de prendre le relais. Il coche toutes les cases. N'a-t-il pas, à la fois, la confiance des trois leaders de l'équipe – Granit Xhaka, Manuel Akanji et Yann Sommer –, l'adoubement d'un ancien capitaine en la personne de Valon Behrami et la réputation justifiée de prôner un beau jeu ?
L’heure de l’analyse de ce tour préliminaire ne se fera pas avant le tirage au sort de Hambourg. Même s’il y a eu des précédents – le dernier en date fut pour le malheureux Vahid Halilhodzic avec le Maroc en avril 2022 à Doha –, on imagine mal l’ASF emmener avec elle au tirage au sort d'une phase finale un sélectionneur qu’elle entend démettre dans les quinze jours.
Mardi soir à Bucarest, Murat Yakin était convaincu que l’avenir de l’équipe de Suisse s’écrira encore avec lui. «Je me réjouis de disputer l'Euro», lâchait-il avec son air bravache devant tous ces journalistes qui veulent sa peau.
Comme si les propos de Granit Xhaka l'avaient remis en selle. Mais une grande question demeure au lendemain de cette nuit un brin déroutante de Bucarest : à quel jeu joue le capitaine ?