La Suisse a été confrontée à ses limites samedi. Défaite 1-0 en Espagne, elle a pu mesurer ce qui la séparait encore des meilleures équipes du monde.
A vouloir faire comme l'Espagne, l'équipe de Suisse s'est surtout retrouvée à faire beaucoup moins bien. Exemple criant, tellement révélateur de l'écart entre la théorie et la pratique, entre les intentions et la réalisation: ce but de Mikel Oyarzabal à la 14e minute, le seul du match. Même s'il faut dire que l'attaquant de la Real Sociedad a hérité d'un cadeau qu'il ne pouvait pas refuser. Car la faute incombe bien sûr à Yann Sommer, qui a totalement manqué sa transmission dans ses propres seize mètres.
Le gardien du Borussia Mönchengladbach ne peut pas se cacher: sa passe du pied gauche a raté Granit Xhaka et l'Espagne a récupéré la balle à moins de vingt mètres des buts, la voie grande ouverte. Un risque inconsidéré de la part du portier suisse? La question méritera d'être posée, même si ces risques-là, cette possession très basse, font partie de l'approche de Vladimir Petkovic: il n'y renoncera probablement pas. Et il n'existe pas meilleur gardien suisse au pied que Sommer. Il s'agit de l'accepter, ou presque tout changer.
Peu d'occasions suisses
C'est un symbole de cette Suisse qui a été confrontée à ses limites. Et dont la prestation s'est révélée moins aboutie qu'en Ukraine et contre l'Allemagne en septembre dernier. L'Espagne est bien meilleure que ces deux-là, mais il est également juste de considérer que Petkovic et ses hommes ne sont pas allés au bout de leurs idées à l'Estadio Alfredo di Stefano de Madrid samedi.
Dans la composition d'équipe déjà, où le choix d'aligner trois milieux axiaux (Freuler, Xhaka, Sow) et d'enlever un attaquant a surtout délesté Haris Seferovic d'un partenaire. Difficile pour la Suisse alors d'empêcher l'Espagne de s'installer. Encore plus d'amener le danger sur le but de David De Gea.
Même si la première grosse occasion du match fut suisse. Sur une transition offensive très bien jouée, l'extérieur droit Silvan Widmer a centré au deuxième poteau pour l'extérieur gauche Loris Benito (11e). Mais le joueur de Bordeaux, dont l'inexpérience du niveau international s'est fait ressentir, a buté sur le portier espagnol. La première, mais surtout la plus concrète opportunité suisse, malgré une deuxième mi-temps plus intéressante.
C'est également après la pause que la Suisse est revenue à un pressing plus haut, sur la lancée de ce qu'elle avait pu montrer lors de ses dernières sorties. Sans pouvoir en profiter, mais cela a eu au moins le mérite d'ouvrir un peu plus le jeu. Dans les deux sens, car l'Espagne ne s'est pas montrée moins dangereuse, elle dont la science de la conservation et du déséquilibre se fait toujours ressentir, même avec moins de certitudes que par le passé.
Attention au classement
Une maîtrise que la Suisse n'a pas, pour le moment du moins. Aussi, elle n'aura probablement jamais le même réservoir d'individualités. Reste que Xherdan Shaqiri a retrouvé l'équipe nationale, plus de seize mois après sa dernière apparition. Le feuilleton de la semaine, dont le meneur de jeu de Liverpool fut le protagoniste, s'est clos par son entrée à l'heure de jeu. Sans vraiment pouvoir peser sur la partie.
Cela sera peut-être plus le cas à Cologne mardi, où les Suisses iront affronter l'Allemagne avec un impératif de points. Cette défaite met en effet un terme aux maigres espoirs de Final Four. La première place sera inatteignable avec huit points de retard sur l'Espagne. En revanche, il s'agit d'éviter la relégation, histoire de rester en Ligue A et continuer à affronter des adversaires de choix.
L'Ukraine est la cible, après que celle-ci a été battue 2-1 par l'Allemagne samedi. Avec deux unités d'avance, les Ukrainiens ont un avantage sensible. Mais rien n'est rédhibitoire, même pour cette Suisse-là. Tout le monde n'est pas l'Espagne.