Manque de «patriotisme» La Mannschaft provoque un tollé jusqu’au gouvernement allemand

AFP

22.3.2024

L'éviction de l'équipementier Adidas comme partenaire de l'équipe d'Allemagne au profit de l'américain Nike suscite l'émoi. Même le gouvernement déplore un manque de «patriotisme».

L’équipe d'Allemagne a mis fin jeudi à son partenariat historique avec Adidas pour rejoindre Nike.
L’équipe d'Allemagne a mis fin jeudi à son partenariat historique avec Adidas pour rejoindre Nike.
IMAGO/Revierfoto

AFP

22.3.2024

La Fédération nationale (DFB) a provoqué un véritable séisme en révélant jeudi un partenariat avec le géant américain Nike pour la période 2027-2034, mettant fin à plus de 70 ans de fidélité à l'entreprise bavaroise Adidas. L'annonce est tombée moins de trois mois avant le coup d'envoi de l'Euro 2024 sur le sol allemand (14 juin - 14 juillet).

«Une part de l'identité allemande»

«Je ne peux à peine m'imaginer le maillot allemand sans les trois bandes» de la marque allemande Adidas, a réagi le ministre de l'Economie et vice-chancelier Robert Habeck. «Adidas et le noir-rouge-or», couleurs du drapeau allemand, sont «indissociables», comme «une part de l'identité allemande», a ajouté l'élu écologiste. «J'aurais apprécié un peu plus de patriotisme local», a-t-il critiqué.

«Erreur», a tranché le ministre de la Santé Karl Lauterbach, à propos du choix d'une entreprise américaine pour équiper la Mannschaft. Il a déploré que «le commerce détruise une partie de la patrie et une tradition».

Interrogé à l'issue d'un sommet de l'UE à Bruxelles, le chancelier Olaf Scholz a préféré botter en touche: «la DFB a décidé, elle ne m'a pas demandé mon avis. L'important est que des buts soient marqués», a-t-il dit.

«Une affaire d'argent»

Au-delà des milieux politiques, la réprobation est généralisée dans le pays. «C'est de nouveau une affaire d'argent», critique l'influent magazine Der Spiegel, alors que des informations du quotidien économique Handelsblatt, non confirmées, font état d'un contrat de 100 millions d'euros par an.

Selon le journal populaire Bild, le patron d'Adidas Bjorn Gulden avait proposé mercredi une offre de dernière minute améliorée, entre 60 et 65 millions par an. Il s'agit d'un «affront» pour le groupe d'Herzogenaurach un peu plus d'une semaine après la présentation de sa collection de maillots pour l'Euro, dont l'un assorti d'un dégradé de rose et de violet qui avait fait jaser dans le pays, souligne aussi le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Les commentaires de fans inconsolables ou en colère sont innombrables sur les réseaux sociaux. La DFB avait déjà anticipé les réactions négatives. «Nous comprenons toute émotion», a-t-elle déclaré sur X quelques heures après l'annonce du contrat. La rupture avec Adidas «ne nous laisse pas froid».

Mais Nike a présenté «de loin la meilleure offre économique», a justifié la fédération, qui lui permettra de remplir tous ses engagements, y compris en faveur du développement durable du football féminin et de la promotion des sports amateurs.