Joachim Löw, sélectionneur de l'Allemagne depuis 2006, va quitter son poste à l'issue de l'Euro qui aura lieu cet été, a annoncé mardi la Fédération allemande de football (DFB).
Löw, 61 ans, s'est dit dans un communiqué "plein de fierté et d'une énorme gratitude" après quinze années à la tête de la Nationalmannschaft.
Sélectionneur de l'Allemagne pendant près de 15 ans, Löw, est une figure majeure du football du XXIe siècle, mais l'homme qui a conduit la Mannschaft au titre mondial en 2014, est ensuite apparu enfermé dans ses certitudes.
A 61 ans, cet homme aux propos toujours mesurés, surnommé "Jogi", s'est attiré l'hostilité de ses compatriotes, pour n'avoir pas été capable de redonner confiance à l'Allemagne, après l'humiliante élimination au premier tour du Mondial 2018 en Russie. Refusant pendant des mois de s'en aller, il aura une ultime occasion de faire taire ses détracteurs à l'Euro.
Il avait été particulièrement déstabilisé par le 6-0 historique contre l'Espagne le 17 novembre, la plus lourde défaite de la Mannschaft depuis 1931.
Fidèle à ses principes
"Jogi se voit comme un entraîneur champion du monde et vit dans son propre monde", disait de lui l'un de ses proches collaborateurs, sous couvert de l'anonymat, pendant le désastreux Mondial-2018.
Löw lui-même, avec un détachement qui a fini par ressembler à de l'arrogance, avait encore rejeté en octobre toutes les critiques: "Je suis au-dessus de tout cela." Une phrase malheureuse qui a un peu plus ruiné son image auprès du grand public.
D'abord incité à tirer sa révérence par la Fédération allemande (DFB), qui n'avait manifestement pas envie de l'humilier en le limogeant, Löw avait finalement été confirmé dans ses fonctions en décembre. Mais il avait perdu son aura depuis longtemps.
Après un automne difficile (quatre nuls, trois victoires, avant la défaite historique 6-0 en Espagne en Ligue des Nations), un sondage réalisé fin novembre révélait que 84% des supporters de la Mannschaft souhaitaient son départ.
Dans la presse, les appels à sa démission s'étaient multipliés. Il avait d'ailleurs récemment semblé vouloir s'assouplir: il entrouvre désormais la porte à un retour de Thomas Müller, Jérôme Boateng et Mats Hummels, écartés sans ménagement en mars 2019 au grand dam de nombreux observateurs et supporters, qui relèvent la forme éblouissante de ces jeunes trentenaires avec le Bayern Munich et Dortmund.
On lui reprochait un trait qui s'était accentué ces deux dernières années: sa fidélité à ses principes, qui tournait à l'entêtement lorsque les résultats ne venaient pas justifier ses choix.
Löw, ancien joueur de deuxième division, arrivé en équipe nationale comme adjoint du sélectionneur Jürgen Klinsmann en 2004, a pourtant longtemps été prophète en son pays. Auparavant, il avait terminé sa carrière de joueur en Suisse au FC Schaffhouse et à Winterthour entre 1989 et 1992. Il sera ensuite entraîneur-joueur de Frauenfeld en 1re ligue.
Après sa prise de pouvoir en 2006, il conduit l'équipe en demi-finale du Mondial 2010, puis au titre suprême en 2014 au Brésil (victoire 1-0 en finale contre l'Argentine), en lui faisant pratiquer un football rapide, inspiré et spectaculaire. Avec à la clé une leçon de football historique administrée à l'hôte brésilien en demi-finale (7-1).