Le grand chambardement: après l'entraîneur Quique Setién lundi, le FC Barcelone a décidé de limoger son directeur sportif français Eric Abidal, devenu la grande figure de l'effondrement du projet sportif catalan, quatre jours après la déroute 8-2 contre le Bayern Munich en quart de finale de Ligue des Champions.
Des «changements profonds» avaient été annoncés, les voilà : après Setién, c'est le «secrétaire technique» français du Barça Eric Abidal (40 ans) qui a payé la catastrophique saison blaugrana, la première depuis 2007 sans aucun titre.
Au cours du délitement de la saison catalane, Eric Abidal, nommé en juin 2018 à la place de Roberto Fernandez, est devenu l'icône de l'écroulement du projet sportif du Barça, à mesure que les scandales suivaient les échecs sur les terrains.
«Assumer ses décisions»
Sous le feu de la critique depuis le début de l'année 2020, Abidal a notamment été pointé du doigt pour sa gestion du licenciement de l'ancien entraîneur Ernesto Valverde, remplacé par Quique Setién le 13 janvier dernier. Avec d'autres dirigeants, Abidal est allé rendre visite à Xavi Hernandez, coach d'Al-Sadd au Qatar, pour lui proposer la place de Valverde, encore en poste à cette date, mais l'ex-légende du Barça refuse.
Une affaire qui poursuivra le Français jusqu'à son limogeage : le 6 février, la superstar Lionel Messi va sortir de son silence habituel, et publier un message sur Instagram pour exhorter son directeur sportif à «assumer ses décisions» et à «donner des noms», après que ce dernier a fait porter la responsabilité du licenciement de Valverde aux joueurs dans une interview.
Une fin de mandat au goût amer pour l'ex-latéral gauche ou défenseur central international (67 sélections) qui s'était épanoui dès ses débuts dans ce nouveau rôle de directeur sportif, après avoir pris sa retraite de joueur en 2014.
«Je me sens très à l'aise», avait commenté Abidal à propos de son nouveau poste, quelques mois après sa prise de fonction, son master de l'UEFA en poche. «En tant que technicien, je dois bien analyser la situation en interne, avoir une vision globale du marché, mesurer en interne ce qui est faisable et prendre des décisions.»
«Eric Abidal est très intelligent et il s'adapte aux situations», avait alors expliqué à l'AFP Clément Lenglet, saluant un directeur sportif qui a conservé une «mentalité de joueur» et qui sait se montrer convaincant. «Il maîtrise très bien son rôle et je pense qu'il a fait un très bon recrutement.»
Un symbole blaugrana qui s'en va
La volonté d'Abidal et de son adjoint Ramon Planes (51 ans), ancien dirigeant de Getafe, était bien de rajeunir l'effectif blaugrana, avec les arrivées des Brésiliens Arthur et Malcom, des Français Clément Lenglet et Jean-Clair Todibo, et du grand espoir néerlandais Frenkie de Jong, convoité par toute l'Europe.
Mais les derniers gros transferts qui portent son sceau, notamment ceux d'Ousmane Dembélé (pour 138 millions d'euros en 2018) et d'Antoine Griezmann (pour 120 millions d'euros en 2019), n'ont pas eu le rendement espéré. Et le vestiaire trentenaire du Barça, qui a côtoyé Abidal pendant l'ère triomphale de l'entraîneur Pep Guardiola, au tournant des années 2010, a perdu foi.
Avec le départ d'Abidal, c'est une icône du FC Barcelone qui s'en va, un latéral dévoué qui a notamment contribué à offrir quatre Ligas et deux Ligues des Champions (2009 et 2011) au club.
Le second de ces deux sacres européens a fait de lui un symbole: alors qu'il venait d'être opéré une première fois de sa tumeur au foie, il était revenu in extremis, en fin de saison, pour disputer la finale à Wembley contre Manchester United (3-1). Emu par son combat, le capitaine Carles Puyol l'avait même laissé soulever le trophée en premier.
Toujours englué dans le procès qui entoure sa tumultueuse greffe de foie, Abidal est aussi connu en France pour avoir été l'un des leaders de la grève de l'équipe de France à Knysna lors de la Coupe du monde 2010.
Mais après un mandat de deux ans qui commençait bien, la bonne étoile Abidal quitte le club par la petite porte.