Xherdan Shaqiri «Sûr que certains nous aimerons moins et nous sifflerons»

ATS

7.9.2023 - 18:35

Avec la rencontre entre le Kosovo et la Suisse, un rêve se réalise pour Xherdan Shaqiri. Pour la première fois, il va jouer dans le pays, où il est né.

Un match spécial attend Xherdan Shaqiri samedi au Kosovo.
Un match spécial attend Xherdan Shaqiri samedi au Kosovo.
Keystone

Il y a eu déjà beaucoup de matches spéciaux dans la vie de Shaqiri. Avec l'équipe de Suisse, outre les parties contre les «grandes» nations, les rencontres face à la Serbie ou les duels contre l'Albanie ou le Kosovo ont donné des étincelles. Le Bâlois avait joué contre la patrie de ses parents pour la première fois en mars 2022. Les deux nations s'étaient retrouvées pour un match amical à Zurich et s'étaient séparées sur un match nul (1-1).

Samedi, un tout autre match attend l'attaquant helvétique. «Le match a beaucoup d'importance pour les deux équipes. Nous voulons réagir après la perte inutile de points contre la Roumanie (réd: 2-2) et le Kosovo veut corriger son mauvais départ en qualification.»

Après n'avoir récolté que trois points lors des quatre premiers matches, la Fédération kosovare s'était séparée de l'entraîneur français Alain Giresse et a rappelé Primoz Gliha. Le Slovène avait déjà dirigé l'équipe voilà deux ans. «Cela peut donner un nouvel élan à l'équipe», relève Shaqiri, qui est persuadé que les Kosovars ont joué en dessous de leur valeur jusque-là.

Aussi un exemple au Kosovo

Shaqiri est né le 10 octobre 1991 au sud-est du Kosovo, une année plus tard, il débarquait en Suisse avec sa famille. Il a réfléchi à ce qu'aurait pu être sa vie s'il avait grandi au Kosovo à l'occasion d'une rencontre avec les médias, un jour avant le voyage pour Pristina. «Cela aurait été sûrement plus difficile, de construire une même carrière. Bien que je suis persuadé qu'avec la bonne attitude et la volonté nécessaire, presque tout est possible.»

Grâce à ses succès dans le football, Shaqiri est fêté aussi bien en Suisse qu'au Kosovo. Dans un pays qui a dû longtemps lutter pour son indépendance après la guerre – et qui n'est pas encore reconnu par 80 états des Nations Unies – on est fier des conquêtes de «leur» Xherdan. Même s'il joue pour la «fausse» sélection nationale.

L'attaquant de bientôt 32 ans ne sait pas exactement qu'elle ambiance l'attend dans la capitale du Kosovo. «Je pense que nous allons être accueillis positivement.» Avec «nous», Shaqiri pense à ses coéquipiers Granit Xhaka et Uran Bislimi, qui ont aussi des racines kosovares. «Mais il est pratiquement sûr que certains nous aimerons moins et nous sifflerons. On doit pouvoir vivre avec ça dans le football.»

Pas de retraite en vue

C'est évident : Shaqiri se réjouit du duel de samedi. Pour lui, cela n'allait pas de soi qu'il puisse jouer contre le Kosovo. Longtemps, il a dû se contenter de matches amicaux contre le pays de ses parents, qui ne pouvait pas faire entendre son hymne. L'UEFA et la FIFA n'ont officialisé la présence de la sélection kosovare en qualification pour l'Euro et la Coupe du monde seulement en 2016. Shaqiri a bien sûr été contacté afin de jouer pour les couleurs du Kosovo, mais il a préféré opter pour la Suisse.

Sa fidélité à la Suisse est évidente puisqu'il compte 114 sélections en équipe nationale, soit le troisième total derrière Heinz Hermann (118) et Granit Xhaka (115). Et la fin n'est pas en vue. Certes, Shaqiri ne veut pas s'exprimer sur une éventuelle participation au Mondial 2026, qui aura lieu entre autres aux Etats-Unis où le Bâlois évolue à Chicago depuis l'année dernière. «Je n'aime pas regarder si loin dans l'avenir. Mais j'ai encore beaucoup de forces dans les jambes et je me réjouis chaque fois de répondre à une convocation de l'équipe nationale – malgré la longueur des voyages.»

ATS