L'arrivée du septuple champion du monde Lewis Hamilton chez Ferrari en 2025 constitue l'un des transferts les plus retentissants de l'histoire de la formule 1. Qu'est-ce qui explique ce choix?
Pourquoi le Britannique âgé de 39 ans a décidé de quitter Mercedes, où il évolue depuis 2013? Comment ce transfert s'est-il concrétisé et quelles seront ses conséquences?
De l'aveu même d'Hamilton, cette «décision a été l'une des plus difficiles» à prendre. Et pour cause: avec Mercedes, le pilote aux 103 victoires en Grand Prix (un record) a repoussé les limites de sa discipline en remportant six de ses sept sacres mondiaux, de 2014 à 2020.
Mais après la désillusion du titre perdu en 2021 contre le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), le Britannique a connu deux dernières saisons sans victoire, ce qui ne lui était encore jamais arrivé. En cause, une Mercedes qui a eu du mal à s'adapter au bouleversement technique entré en vigueur au début de la saison 2022.
Et si l'écurie allemande et Ferrari ont quasiment fait jeu égal l'an dernier au championnat loin derrière les surpuissantes Red Bull, l'italienne a semblé davantage dans le coup que sa rivale, surtout en deuxième partie de saison. «Lewis a besoin de regagner, peut-être qu'il se dit qu'avec Mercedes (...) il n'a pas eu de réponses à ses attentes», avance l'ancien pilote de F1 Franck Montagny, devenu consultant pour Canal+.
«Potentiellement un très bon choix»
Le Britannique est attendu dans les rangs de la Scuderia un an avant l'arrivée de nouvelles réglementations techniques. «Quand on change d'écurie, il faut une petite année pour s'adapter, c'est donc potentiellement un très bon choix», défend Montagny.
Dans le milieu très fermé de la F1, les détails liés aux discussions entre les pilotes et les écuries filtrent rarement. Si le cas Hamilton n'échappe pas à la règle, l'annonce surprise jeudi de son arrivée chez Ferrari a pris tout le monde de court, même son patron chez Mercedes.
Conscient qu'Hamilton était courtisé par d'autres, Toto Wolff a expliqué vendredi avoir davantage été surpris par le «timing» que par la décision elle-même. Il l'a apprise mercredi matin de la bouche de son pilote.
Spéculations
Durant une partie de la saison 2023, les rumeurs conduisant Hamilton chez Ferrari ont alimenté les conversations du paddock. Mais la prolongation chez Mercedes signée à la fin de l'été est venue clore des mois de spéculations entourant l'avenir du pilote. Dans l'ombre, le travail semble s'être poursuivi.
A Maranello, siège historique de la Scuderia, Hamilton retrouvera le Français Frédéric Vasseur, «team principal» de Ferrari, côtoyé en 2005 et 2006 dans les catégories inférieures du sport automobile et qui a contribué à son arrivée en F1 en 2007.
La relation qu'entretiennent encore aujourd'hui les deux hommes aurait également joué un rôle clé dans ce changement de cap pour Hamilton: «Ils se connaissent très bien, Fred reste très proche de ses pilotes», rappelle Franck Montagny.
«A 100%»
Son départ chez Ferrari acté, Hamilton assure «être engagé à 100% pour réaliser la meilleure performance possible cette saison» avec Mercedes. A un mois du début de la nouvelle saison, le 2 mars à Bahreïn, Franck Montagny prévient: «il va falloir que ça se passe bien pour eux».
«Si 2024 est un échec sur le plan de la voiture et des nouveautés, ce départ va être difficile à encaisser, par contre si la voiture est bien née, George Russell (le coéquipier actuel d'Hamilton, ndlr) prendra une place de leader assez naturelle».
Reste à savoir qui remplacera son pilote vedette à la fin de la saison. Si d'aucuns évoquent déjà l'arrivée du jeune italien Andrea Kimi Antonelli, promu cette année en formule 2, le Thaïlandais Alexander Albon, actuellement chez Williams, pourrait prétendre au baquet vacant.
Quel intérêt pour Ferrari?
Hamilton remplacera l'an prochain l'Espagnol Carlos Sainz dans les rangs de la légendaire écurie au cheval cabré. Il sera associé au Monégasque Charles Leclerc, de 13 ans son cadet, qui a prolongé plus tôt cette année son contrat avec Ferrari «pour plusieurs années».
Si, pour l'heure, difficile de savoir qui des deux sera considéré comme le «numéro un» de l'équipe, il est déjà certain que Ferrari bénéficiera de l'incroyable parcours de sa nouvelle recrue.
«Peut-être que Ferrari a besoin d'un peu d'idées fraîches, de nouveautés qui viennent consolider les changements que Fred Vasseur est en train d'opérer» depuis son arrivée début 2023, estime Montagny.
Car, pour le technicien français, l'objectif est clair: redonner à l'écurie la plus titrée de l'histoire de la F1 ses lettres de noblesse, elle qui attend un titre depuis 2007 chez les pilotes et 2008 chez les constructeurs.
Quant à Hamilton, c'est un huitième titre mondial qu'il a dans le viseur, une performance qui lui permettrait de dépasser dans l'histoire de la Formule 1 l'Allemand Michael Schumacher... passé par Ferrari de 1996 à 2006.