Avec ses tripes, le Servette FC a arraché un succès (2-1) amplement mérité et importantissime lors de la 4e journée de la phase de groupe de l’Europa League. Face à un Sheriff venu à Genève dans la peau du voleur afin de réussir le hold-up parfait, le club genevois et son perceur de coffre-fort Steve Rouiller ont finalement trouvé la bonne combinaison pour faire sauter le verrou moldave. Voici les trois points à retenir de cette partie au scénario digne d’un film de braquage.
On a aimé
… l’abnégation grenat. Longtemps, on a bien cru que le Servette FC n’y arriverait pas. La réussite a, pendant d’interminables minutes, fuit les Genevois, voyant leurs nombreuses tentatives (25 tirs et 100 attaques (!) selon la statistique de l’UEFA) être vaines. Mais à force de tenter et d’y croire, l’équipe du bout du lac a fini par être récompensée en l’emportant à la 92e minute sur un penalty transformé par Chris Bédia. «Le Servette d’il y a trois mois aurait peut-être douté, mais pas celui d’aujourd’hui», a reconnu Timothé Cognat en zone mixte. Une phrase qui en dit long sur l’état d’esprit qui règne au sein d’une formation qui reste sur cinq victoires consécutives en championnat.
Ce succès - le premier de l’histoire du club en phase de groupes de l’Europa League - est amplement mérité et les choix de René Weiler se sont avérés payants. L’entraîneur grenat n’a notamment pas hésité à sortir son latéral droit, Théo Magnin, dès la 54e minute pour permettre l’entrée d’un attaquant supplémentaire, à savoir Enzo Crivelli, et mettre davantage de poids sur une défense moldave inamovible. En prenant des risques et avec la rage au ventre, Servette, porté par un public en transe dès l’égalisation de Steve Rouiller (84e), s’est ainsi offert le droit de rêver à un printemps européen.
On a moins aimé
… le jeu moldave soporifique. Le Sheriff Tiraspol est venu à Genève avec un plan bien précis en tête : se muer en «braqueur» et réussir le hold-up parfait, tout en jouant avec les nerfs de son adversaire. Et il faut reconnaître que l’exécution a été réalisée sans fausse note durant plus de 80 minutes. En coupant sans cesse le rythme de la rencontre, les hommes du coach Roman Pylypchuk ont failli jouer un bien mauvais tour à Servette.
A ce jeu-là, un homme a joué sa partition à la perfection : le gardien Maxym Koval. Dès les premières minutes de la partie, le portier ukrainien n’a cessé de jouer la montre sur l’ensemble de ses dégagements. Prié verbalement par l’arbitre Manfredas Lukjančukas d’accélérer le tempo dès la... 27e minute, il n’a été averti qu’après le coup de sifflet final pour... réclamation. Il faut dire que l’officiel avait visiblement oublié ses cartons au vestiaire, lui qui a brandi sa première «biscotte» pour retardement du jeu en direction d’un joueur moldave «seulement» à la 79e minute.
Mais à force de provoquer l’agacement des Grenat et de ses 15’822 fans, sans rien proposer d’attrayant dans son jeu (6 tirs), le Sheriff a fini par se faire avoir à son propre jeu, récoltant entre autres deux expulsions en fin de match pour protestation. Et Servette a pris un malin plaisir à punir une formation de Transnistrie que l’on imagine mal signer un double exploit contre le Slavia Prague et l’AS Rome...
Facteur X
Le buteur Steve Rouiller. En véritable renard des surfaces - ou plutôt en perceur de coffre-fort -, le défenseur de 33 ans a fait sauter le verrou moldave à la 84e minute pour offrir au public de la Praille une fin de rencontre renversante. Monté aux avant-postes, il s’est retrouvé au bon endroit au bon moment pour pousser au fond des filets une frappe repoussée de Derek Kutesa et délivrer tout un peuple.
Déjà décisif contre Genk en juillet dernier en qualification de la Ligue des champions et contre Zurich le week-end passé en Super League, l’arrière central se (re)découvre des instincts de finisseur. «J’étais attaquant jusqu'à mes 20 ans, donc j'ai encore quelques restes», a tenu à rappeler face aux médias un Steve Rouiller au large sourire.