Perdre la finale de l'Euro à Wembley contre l'Italie aux tirs au but est une épreuve douloureuse pour l'Angleterre de Harry Kane qui n'a pas fait mieux, malgré les promesses affichées, que ses devancières, abonnées aux désillusions depuis le titre mondial de 1966.
«Les gars sont dévastés», a lâché Harry Maguire après la première finale perdue par les Anglais (1-1 ap, 3-2 tab) dans leur histoire. Après 55 ans d'attente et la victoire en finale de la Coupe du monde 1966 contre l'Allemagne dans ce même stade où s'est jouée la tragédie dimanche soir, l'Angleterre découvre la sensation de voir s'échapper un rêve qu'elle avait touché du doigt.
«Pour moi et quelques-uns des plus âgés et expérimentés, ce sera notre dernière chance de jouer un match de phase finale à Wembley», avait souligné le capitaine Harry Kane avant la demi-finale contre le Danemark. Et c'est effectivement un sentiment de gâchis qui domine, malgré un parcours semé de morceaux de bravoure, comme le fait de terrasser l'Allemagne en huitième de finale (2-0).
Contre l'Italie, son autre bête noire en phase finale de tournoi, qui l'avait battue à l'Euro en 1980 et 2012, ainsi qu'aux Mondiaux 1990 et 2014, tout avait pourtant bien commencé.
Une occasion, un but
Les «Three Lions» avaient trouvé la faille sur leur première occasion, dès la 2e minute, qui devait aussi être leur dernière frappe cadrée en 120 minutes !
«Au début du match, des choses peuvent arriver qui vont affecter l'équipe pendant un certain temps», avait déclaré Gareth Southgate samedi, lors de la conférence de presse d'avant-match, sans se douter de l'aspect prophétique de sa réponse. A peine le match débuté, son équipe a presque arrêté de jouer, ou en tout cas a semblé accepter beaucoup trop facilement la domination italienne.
Sa très grande confiance dans son arrière-garde, qui n'avait cédé qu'une fois en six matches, sur un coup franc direct contre le Danemark, puis quelques parades du gardien Jordan Pickford ont renforcé ce faux sentiment de sécurité et ils se sont fait punir sur une action anodine.
«Ils n'ont pas réussi à suffisamment garder le ballon en seconde période et cela a permis à la pression de ne faire qu'augmenter. C'est quelque chose sur lequel on doit progresser», a résumé après le match Southgate.
«Apprendre et bâtir»
«Cela va probablement être douloureux jusqu'à la fin de notre carrière», a résumé le capitaine Harry Kane, «tout ce que qu'on pourra faire, c'est apprendre et bâtir» par-dessus.
«C'est une nuit difficile pour l'Angleterre, mais parfois il faut perdre avant de gagner. Il faut trouver le remède. Il y a eu d'énormes progrès faits ces dernières années», a assuré l'ancien joueur de Manchester United Roy Keane étonnamment conciliant, en tant qu'Irlandais évoquant l'Angleterre.
On pourra tout de même regretter la portion congrue, en termes de minutes de jeu, accordé à Marcus Rashford, Jadon Sancho ou Jack Grealish. La blessure de Phil Foden juste avant la finale aura été un autre coup dur.
L'attitude globalement assez prudente pour ne pas dire frileuse de Southgate, qui a démarré la finale avec sept joueurs de champ à vocation défensive et a tardé à lancer Jack Grealish, sera certainement un axe de travail. «Ce n'est pas encore le moment de faire une analyse en profondeur», a balayé Southgate.